Législatives en Algérie : haro sur les candidates sans visage
On les appelle « les femmes fantômes », car leur visage a été effacé de certaines affiches électorales. Les autorités viennent d’adresser une mise en demeure aux partis politiques concernés.
Depuis le démarrage de la campagne électorale, dimanche 9 avril, des candidates voilées apparaissent sans visage sur les affiches de plusieurs listes partisanes, leurs traits ayant été grossièrement effacés à l’aide du logiciel Photoshop. Dans la case réservée à leur photo, il n’y a que leur nom et leur fonction. Ainsi effacées, par conservatisme, ou bien reléguées à des places où elles n’étaient pas sûres de gagner, certaines candidates ont été rendues invisibles.
Lundi 17 avril, les autorités algériennes ont réagi, afin de mettre fin à cette pratique ubuesque. « Des mises en demeure ont été adressées aux partis politiques dont les listes n’affichaient pas les photos des candidates aux législatives dans la wilaya de Bordj Bou Arreridj (200 km à l’est à d’Alger) », a ainsi affirmé le coordinateur de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (Hiise), Hassan Noui, cité par l’agence APS.
C’est dans cette wilaya où les exemples de femmes fantômes les plus éloquents ont été enregistrés. Les partis politiques concernés par cette mise en demeure sont le Front des forces socialistes (FFS, opposition), l’union Ennahdha-Adala-Bina (islamiste), le Front national algérien (FNA), le Front algérien pour le développement, la liberté et la justice (FADLJ) et le front du militantisme national (FMN).
48h pour changer d’affiches
Les partis cités ci-dessus ont un délai de 48 heures pour changer leurs affiches, sous peine de retrait. Sur les réseaux sociaux, le slogan officiel des élections « Fais entendre ta voix » a été détourné en « Montre ton visage ».
Ça me rappelle les iconos du Prophète et des Compagnons qu'on ne montre qu'à travers un halo de lumière ("montre ton visage")#législativesDZ pic.twitter.com/PLFwN2BRM7
— عدلان مدي Adlène Meddi (@AdleneMeddi) April 13, 2017
Les autorités algériennes considèrent « ces dépassements dangereux et contraire aux lois ». « C’est une atteinte à l’image de ces femmes qui se portent candidates pour représenter le peuple […] et le citoyen a le droit de connaître la personne à qui il donne sa voix », a affirmé le représentant de la Hiise.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Burkina Faso : de Blaise Compaoré à Ibrahim Traoré, chronique d’une descente aux e...
- Menaces, délations… Au Burkina Faso, les pro-Ibrahim Traoré sèment la terreur en l...
- Les tirailleurs de Poutine : enquête sur ces Africains qui combattent pour la Russ...
- Marocains d’Algérie : une communauté de plus en plus stigmatisée
- Les tirailleurs africains de Poutine : enquête vidéo sur la machine à recruter de ...