Tension entre le Maroc et l’Algérie autour d’un groupe de réfugiés syriens

Depuis dimanche, les deux pays se rejettent la responsabilité de l’expulsion d’une cinquantaine de réfugiés syriens. Après les protestations de Rabat, ce lundi Alger a convoqué l’ambassadeur marocain.

Au Maroc, les critères de régularisation des sans-papiers ont été assouplis. © Antonio Calanni/AP/SIPA

Au Maroc, les critères de régularisation des sans-papiers ont été assouplis. © Antonio Calanni/AP/SIPA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 24 avril 2017 Lecture : 2 minutes.

L’affaire des réfugiés syriens coincés dans un no man’s land entre le Maroc et l’Algérie continue de dominer l’actualité des deux pays. Dimanche 23 avril, Alger a convoqué l’ambassadeur marocain, Hassan Abdelkhalek,  pour protester contre « les graves accusations » formulées par le Maroc. Celui-ci, d’après l’agence APS fait porter à Alger « la responsabilité d’une prétendue tentative des ressortissants syriens qui auraient essayé d’entrer illégalement en territoire marocain à partie de l’Algérie ».

La veille, Rabat avait de son côté convoqué l’ambassadeur algérien pour lui signifier qu’il était « immoral » de manipuler la détresse morale et physique de ces personnes pour « semer le trouble » sur la frontière.

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54 personnes dans le désert

La tension entre les deux pays est montée d’un cran lorsque les autorités marocaines ont affirmé que 54 réfugiés syriens avaient atterri sur son territoire en provenance de l’Algérie. Selon elles, ces réfugiés ont été expulsés par l’Algérie dans une zone déserte près de la ville frontalière de Figuig.

« Ils sont toujours sur place, scindés en deux groupes, un, de 14 personnes, qui se trouve dans une zone appelée Zelfana et un autre, de 41 personnes, dans une autre appelée El Meliaf « , indique à Jeune Afrique un acteur associatif sur place ayant requis l’anonymat.

D’après la même source, dans les deux groupes, il y aurait 22 enfants et 17 femmes dont deux seraient enceintes. En plein désert, ils manquent d’eau et de nourriture.

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Qui est responsable ? 

Depuis le week-end dernier, le Maroc et l’Algérie se rejettent la responsabilité de l’expulsion de ces réfugiés syriens. Rabat affirme détenir « des témoignages et des photos attestant irréfutablement que ces personnes ont traversé le territoire algérien avant de tenter d’accéder au Maroc ». Pour elle, ces personnes ne pouvaient se déplacer à travers le territoire algérien « sans être notifiées ou interceptées par les autorités de ce pays ».

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Pour sa part, Alger dit avoir constaté à Béni Ounif (Béchar), le 19 avril, à 3h55, « une tentative d’expulsion vers le territoire algérien, en provenance du Maroc, de 13 personnes ». Parmi eux, des femmes et des enfants. Ce même jour, ajoute un communiqué cité par l’APS, « un convoi officiel d’autorités marocaines » aurait acheminé « 39 autres personnes » dont des femmes et des enfants, en vue de « les introduire illégalement » en territoire algérien.

2 vagues de régularisations

« On voit bien qui des deux États a lancé une politique de régularisation des migrants ! », commente Hicham Rachidi, un autre acteur associatif marocain, spécialiste de la question migratoire.

Sur les 28 000 migrants qui ont été régularisés par les autorités marocaines en 2014, 5 000 sont Syriens. Cet effort d’admission des migrants s’est poursuivi en 2016, avec le lancement d’une deuxième vague de régularisations. Pour le militant associatif, la bonne foi de Rabat est manifeste.

Depuis quelques années, le Maroc mène une politique d’ouverture sur le continent africain qui agace Alger, avec qui le dialogue est quasiment gelé. Parallèlement, le royaume est devenu plus agressif sur la question de son intégrité territoriale. Le 27 avril, le Conseil de sécurité de l’ONU devra voter une nouvelle résolution sur le Sahara occidental. Comme chaque année, il est aussi appelé à se prononcer sur le renouvellement du mandat de la Minurso.

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