Lesotho : Thomas Thabane investi Premier ministre deux jours après l’assassinat de son épouse

Deux jours après l’assassinat de son épouse, le Premier ministre élu du Lesotho, Thomas Thabane, chassé du pouvoir et du pays par l‘armée en 2014, a officiellement été investi ce vendredi à Musare. La cérémonie s’est tenue dans le stade Setsoto devant une foule compacte et sous très haute surveillance. Des soldats des Forces de défense sud-africaines (SANDF) étaient notamment présents.

Thomas Thabane, Premier ministre du Lesotho, lors du scrutin du samedi 3 juin 2017, à Maseru. © AP/SIPA

Thomas Thabane, Premier ministre du Lesotho, lors du scrutin du samedi 3 juin 2017, à Maseru. © AP/SIPA

Publié le 16 juin 2017 Lecture : 3 minutes.

Mercredi, Lipolelo Thabane, âgée de 58 ans, a été tuée par balles à Ha’Masana, un village situé à 35 km de Maseru, la capitale du pays. Un homme qui n’a pour l’instant pas été identifié a fait feu alors que la voiture venait « juste de quitter la route principale pour entrer dans le village », selon le témoignage d’un membre des forces de police cité par l’AFP.

Lipolelo Thabane, a été tuée sur le coup. Une autre femme, qui se trouvait à bord du véhicule, a pour sa part été grièvement blessée. Thomas Thabane et son épouse étaient en instance de divorce depuis plusieurs années.

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« Dévasté » par ce meurtre, le nouveau Premier ministre, Thomas Thabane, a cependant tenu à ce que la cérémonie de son investiture soit maintenue. Mais dès jeudi soir, à la veille de la cérémonie, la sécurisation du stade Setsoto a été très largement renforcée. Des soldats des forces armées sud-africaines ont été déployés en masse pour prévenir une éventuelle intervention d’une frange de l’armée contre le nouveau Premier ministre.

Le puissant voisin sud-africain a joué un rôle central dans les médiations au Lesotho depuis l‘éclatement de la crise en 2014. Maite Nkoana-Mashabane, ministre sud-africaine des Relations internationales, a d’ailleurs prévenu, dès lundi, qu’un nouveau coup d’État ne serait « pas toléré ». « Nous ne laisserons pas faire cela dans notre arrière-cour, a-t-elle mis en garde. Ce n’est pas une menace, c’est comme ça. »

Cinq élections en trois ans

Le pays subit une instabilité politique chronique depuis 2014. Le scrutin législatif du samedi 3 juin, qui a porté Thomas Thabane à la tête du gouvernement de ce petit royaume où le roi n’a qu’un rôle essentiellement honorifique, est le cinquième en trois ans.

Les élections se sont déroulées dans un climat tendu, la présence de militaires ayant notamment été pointée dans plusieurs bureaux de vote par les observateurs. Pour autant, l’Union africaine, comme la Communauté de développement de l’Afrique australe, ont jugé que le scrutin avait été « crédible et libre ».

Sans obtenir la majorité absolue, Thabane est arrivé loin devant le Congrès des démocrates (DC) du Premier ministre sortant

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Cette fois, le Congrès du Basotho (ABC), le parti de Thomas Thabane, a remporté 48 des 120 sièges au Parlement. Sans obtenir la majorité absolue, il est arrivé loin devant le Congrès des démocrates (DC) du Premier ministre sortant, Pakalitha Mosisili.

Et dans les heures qui ont suivi l’annonce des résultats, les responsables de l’ABC ont annoncé être parvenus à trouver un accord avec plusieurs petits partis, leur permettant de rassembler 63 sièges à l’Assemblée nationale. Une majorité courte, mais suffisante pour obtenir la primature.

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Trois ans d’exil en Afrique du Sud

Le leader de la Convention des Basotohos retrouve donc le siège de Premier ministre trois ans après en avoir été chassé par l’armée et avoir été poussé à l’exil en Afrique du Sud.

En juin 2014, Thomas Thabane, alors Premier ministre, décide en effet de suspendre le Parlement, de peur de se voir déposer par un vote de défiance. Dans les jours qui suivent, il limoge également le général Tlali Kamoli, chef des armées. Celui-ci décide alors d’envoyer ses hommes occuper les commissariats de police de la capitale. Des combats sporadiques ont lieu dans les rues de Maseru, faisant un mort.

Thomas Thabane prend peur et quitte le Lesotho. Il fuit en Afrique du Sud pour ne revenir qu’en 2015, à l’occasion d’élections législatives qui l’oppose déjà à Pakalitha Mosisili. Son parti, l’ABC, est alors battu. Et Thomas Thabane reprend le chemin de l’exil. Il ne reviendra au Lesotho qu’en février 2017, accueilli alors à Musare par Cyril Ramaphosa, vice-président sud-africain et médiateur de la Communauté de développement d’Afrique australe pour le Lesotho.

Le vice-président sud-africain, présent à la cérémonie d’investiture de Thomas Thabane, a d’ailleurs insisté sur sa volonté de « construire le consensus » pour que soient mises en œuvre au Lesotho les recommandations de la commission d’enquête « Phumaphi », de novembre 2015.

Au premier rang des urgences pointées par la commission : résoudre les dissensions au sein des forces armées et entre ces dernières et les forces de police au Lesotho.

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