Lesotho : situation incertaine après un coup de force de l’armée

Il était difficile de savoir qui gouvernait dimanche le Lesotho, petit royaume montagneux enclavé dans l’Afrique du Sud, au lendemain d’un coup de force de l’armée contre la police qualifié de « coup d’État » par le Premier ministre réfugié en Afrique du Sud.

Affiche pour un journal local annonçant l’attaque contre le chef de l’armée, le 31 août 2014. © AFP

Affiche pour un journal local annonçant l’attaque contre le chef de l’armée, le 31 août 2014. © AFP

Publié le 31 août 2014 Lecture : 3 minutes.

L’annonce d’une tentative d’assassinat contre le nouveau chef de l’armée du Lesotho, la nuit même du coup de force, laisse penser qu’une lutte intestine est en cours pour le contrôle des forces armées.

Des soldats, contactés par l’AFP dans des casernes où ils étaient confinés dimanche, ont déclaré ne pas savoir qui exactement donnait les ordres. Samedi, le Premier ministre Thomas Thabane avait fui son pays pour trouver refuge en Afrique du Sud. Il avait dénoncé une tentative de "coup d’Etat" lorsque l’armée s’est déployée au petit matin dans la capitale Maseru pour encercler sa résidence et plusieurs postes de police.

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Les militaires avaient désarmé les policiers et leur avaient confisqué des véhicules, avant de se retirer et de rentrer dans leurs casernes. Un policier a été tué dans l’opération. Le haut commandement militaire a cependant assuré qu’il n’entendait aucunement prendre le pouvoir. Selon lui, il s’agissait seulement de désarmer les policiers qui s’apprêtaient à livrer des armes à "des partis politiques".

Selon un responsable de la police, des hommes armés ont attaqué dans la même nuit de vendredi à samedi le domicile du nouveau chef de l’armée, le général Maaparankoe Mahao. L’officier est indemne, mais on ignorait dimanche où il se trouvait. Juste avant les troubles, il avait été désigné pour remplacer à la tête des forces armées le général Tlali Kamoli, soupçonné d’avoir comploté contre le chef du gouvernement.

Une crise couvait depuis un moment, alors que le Premier ministre est très contesté pour son autoritarisme et pour avoir suspendu le Parlement en juin dernier afin d’éviter une motion de censure.

Pourparlers de crise

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Des pourparlers de crise s’organisent en urgence à Pretoria à l’invitation du président sud-africain Jacob Zuma. Une réunion de ministres des Affaires étrangères de l’organisation régionale d’Afrique australe (SADC) va y avoir lieu dimanche soir.

Venu participer aux discussions, le vice-Premier ministre du Lesotho Mothetjoa Metsing a démenti toute vacance du pouvoir et tout coup d’Etat, indiquant que le ministre des Services Publics Motloheloa Phooko assurait l’intérim du chef du gouvernement.

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Le Lesotho est gouverné depuis deux ans par une fragile coalition de partis politiques. Dimanche, aucun militaire n’était visible dans les rues de Maseru qui semblaient avoir retrouvé provisoirement leur animation habituelle. Mais le quartier général de la police était toujours désert, et la plupart des officiers se cachaient encore. Les habitants de Maseru, inquiets de l’avenir, commençaient aussi à faire des stocks de nourriture et de produits de base.

"Les gens s’inquiètent de ce qui va arriver, parce que ‘pas de travail, pas de paye’", déclarait Kamele Pakisi, vendeur de fruits et légumes. Dans la cathédrale de la capitale, les fidèles sont venus prier comme à l’ordinaire. M. Thabane est à la tête du pays depuis deux ans. Son accession au pouvoir à l’issue des dernières législatives de 2012 s’était déroulée pacifiquement mais sa coalition de trois partis politiques s’est avérée dès le début "malaisée", souligne Johan Aerni-Flessner, spécialiste de l’histoire contemporaine du Lesotho et professeur assistant à l’université du Michigan aux Etats-Unis.

"A mon avis, ce n’est pas un coup d’Etat au sens strict, c’est-à-dire pour chasser le gouvernement", a-t-il expliqué à l’AFP. Selon lui, le Premier ministre a fait l’erreur de vouloir remplacer le patron des forces armées, ce qui a fortement indisposé certains éléments en son sein.

Or, les tensions entre l’armée et la police sont notoires, réflétant de féroces rivalités au sein de la classe politique, auxquelles la population reste complètement étrangère. "Il semblerait que l’Afrique du Sud et la SADC soutiennent pour l’heure M. Thabane mais lui-même n’a plus de majorité de gouvernement", a observé cet universitaire.

(AFP)

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