Taïeb Baccouche : « La flamme de l’Union du Maghreb arabe va se rallumer »

Le secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe (UMA) croit toujours au miracle. Il était au sommet de l’Union africaine lundi et mardi, à Addis-Abeba, pour tenter de rapprocher son organisation du reste des pays africains.

Taieb Baccouche, ancien ministre tunisien des Affaires étrangères et aujourd’hui secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe, à Prague en République Tchèque, le 19 novembre 2015. © Katerina Sulova/AP/SIPA

Taieb Baccouche, ancien ministre tunisien des Affaires étrangères et aujourd’hui secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe, à Prague en République Tchèque, le 19 novembre 2015. © Katerina Sulova/AP/SIPA

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Publié le 5 juillet 2017 Lecture : 3 minutes.

Le secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe (UMA), Taïeb Baccouche, a été invité au 29e sommet de l’Union africaine (UA) qui s’est clôturé le mardi 4 juillet, en Éthiopie. À la tête d’une organisation agonisante en raison du conflit entre le Maroc et l’Algérie, il est venu tisser de nouvelles relations avec le reste des pays du continent et essayer de donner un nouveau souffle au rêve maghrébin.

Jeune Afrique : pourquoi êtes-vous présent à ce 29e sommet de l’Union africaine ?

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Taïeb Baccouche : L’UMA assiste pour la première fois à ce sommet. Elle fait partie des huit Communautés économiques régionales (CER) de l’UA. Mais il n’y a pas encore suffisamment de coordination entre ces communautés. Je suis présent à ce sommet dans cet objectif : développer les relations de l’UMA avec le reste des communautés régionales africaines d’un côté, et avec la présidence de l’UA de l’autre.

Depuis votre prise de fonction il y a neuf mois, vous n’avez encore été reçu ni par le roi du Maroc ni par le président algérien. Comment expliquez-vous cela ? 

Je ne suis pas un ambassadeur qui doit être reçu par le chef d’État. Le secrétaire général de l’UMA ne présente pas de lettres d’accréditation. Il est désigné par les chefs d’État eux-mêmes, suite à une candidature présentée par un des leurs. En l’occurrence, c’est le président tunisien, Béji Caid Essebssi, qui avait proposé mon nom. D’ailleurs, j’ai reçu une lettre de félicitations du roi du Maroc le jour même de ma désignation. Et j’avais déjà rencontré le président, Abdelaziz Bouteflika, lorsque j’étais ministre des Affaires étrangères de la Tunisie.

J’attends la tenue du sommet des ministres des Affaires étrangères de l’UMA pour présenter ma nouvelle stratégie

Le fait que je n’ai pas encore eu d’entretiens avec ces deux chefs d’État depuis ma prise de fonction ne renvoie à aucune position officielle à l’égard de l’UMA ou à l’égard de ma personne. J’attends la tenue du sommet des ministres des Affaires étrangères de l’UMA d’ici la fin de l’année pour présenter ma nouvelle stratégie. Par la suite, je rendrai visite aux chefs d’État pour la leur présenter.

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Pourtant, au moment de l’annonce de son adhésion à l’UA en janvier, le roi du Maroc avait signifié que l’UMA a été bel et bien enterrée…

Il n’a pas dit qu’elle était enterrée mais que sa flamme s’était éteinte. Vous savez, dès qu’il y a du vent, une flamme peut s’éteindre mais on peut toujours la rallumer. Ce que le roi voulait dire, c’est qu’il était déçu par les relations entre certains pays du Maghreb. Un travail politique est nécessaire pour dépasser les antagonismes. Il faut regarder vers l’avenir.

Dès qu’il y a du vent, une flamme peut s’éteindre mais on peut toujours la rallumer

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Le Maroc et l’Algérie ne se parlent presque plus. Comment faites-vous pour rester optimiste ?

Il y a un dicton arabe qui dit : « Quand une crise atteint son sommet, elle débouche toujours sur une solution. » Je pense que la réconciliation viendra. Il ne faut pas baisser les bras.

On dit à Tunis que pourriez bien perdre votre poste à la tête de l’UMA et que le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, cherche à vous remplacer…

Ce sont là les élucubrations puériles de certains journalistes. C’est archi-faux. Il n’y a aucun complot contre moi. Mon nom a été proposé par le chef de l’État tunisien et j’ai son soutien. Le ministre, Khemaies Jhinaoui, fait partie du Conseil des ministres de l’UMA. Il ne peut pas y avoir de lutte de pouvoir entre nous. Au contraire, nous collaborons ; nous nous voyions souvent à Tunis et à Rabat.

Il n’y a aucun complot contre moi

Que prône votre nouvelle stratégie à la tête de l’UMA ?

Je ne peux pas la dévoiler pour le moment. Mais elle prône une révision des textes fondateurs qui datent de la date de création de l’UMA en 1989. Il s’agit également d’activer les structures qui n’ont pas fonctionné et d’élargir le champ d’action de ce regroupement régional.

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