Guinée : le procès de l’affaire Mohamed Koula Diallo tourne à la foire d’empoigne

Le procès des deux assassins présumés du journaliste Mohammed Koula Diallo, tué par balle lors d’affrontements entre militants de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), en février 2016, a rouvert ce lundi 23 octobre. Amadou Oury Bah, vice-président – exclu – de l’UFDG, est partie civile. Mais entre incidents d’audience et débats politiques, ce procès de l’« affaire Mohamed Koula Diallo » n’en vient à faire qu’exceptionnellement référence au journaliste tué.

Des affrontements entre des militant de l’UFDG ont coûté la vie à un journaliste le 5 février 2015. © Youssouf Bah/AP/SIPA

Des affrontements entre des militant de l’UFDG ont coûté la vie à un journaliste le 5 février 2015. © Youssouf Bah/AP/SIPA

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Publié le 24 octobre 2017 Lecture : 3 minutes.

Deux hommes se trouvent dans le box des accusés :  Amadou Sow et Alghassimou Keita, tous les deux gardes du corps du président de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo, notamment inculpés d’« assassinat », de « tentative d’assassinat » et de « coups et blessures ». Accusations qu’ils nient tous les deux. Et entre chuchotements des militants politiques rétifs à la contradiction et envolées et effets de manche d’avocats qui ne se font aucun cadeau, la tâche du juge Mangadouba Sow n’est pas aisée.

Dès l’entame de cette nouvelle audience dans le procès qui doit faire la lumière sur les circonstances de la mort par balle du journaliste Mohamed Koula Diallo, le 5 février aux abords du siège de l’UFDG devant le tribunal de Dixinn, en proche banlieue de Conakry, ce lundi, le juge a voulu prévenir tout débordement, invitant les parties au procès à « ne pas troquer la robe (d’avocat, ndlr) contre la tenue de militant ».

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Un avocat de la défense fonce sur Bah Oury

Une mise en garde qui n’a pas empêché Me Alsény Aïssata Diallo, l’un des avocats de la partie civile, de taxer Bah Oury de « fou » et de lui enjoindre de « poursuivre son traitement dans une clinique psychiatrique ». Et l’avocat de foncer Bah Oury… Il a été maîtrisé par ses confrères, qui se sont interposés avant qu’il n’atteigne sa cible.

Quelques minutes auparavant, Me Alsény Aïssata Diallo avait été « irrité » par la partie civile, qui l’avait qualifié de « militant de l’Union des forces démocratiques de Guinée », l’UFDG. Bah Oury, qui s’est constitué partie civile dans ce procès, a même accusé l’avocat d’avoir participé, le 4 février 2016 au domicile du président du parti, à une réunion préparatoire devant plancher sur la manière « de l’assassiner ».

Un avocat de la défense… également témoin

En outre, et à l’instar de Cellou Dalein Diallo, son épouse et de plusieurs autres personnes de l’entourage politique du leader de l’UFDG, Me Alsény Aïssata était également cité comme témoin dans ce procès. Les avocats de la partie civile ont donc réclamé qu’il regagne la place des témoins et qu’il évacue la salle d’audience.

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Refus des avocats de la défense, menacés d’être privés de l’un des leurs. Suspension de séance. Au retour, le tribunal rejette la demande de la défense de ne plus laisser Me Alsény Aïssata plaider.

« Le président du tribunal ne nous a pas laissé développer nos arguments sur la comparution des témoins », regrette Me Kpana Emmanuel Bamba, avocat de la partie civile. « Le tribunal s’est rendu compte qu’en suivant Bah Oury, il aurait violé la loi sur la profession d’avocat et le code de procédure pénale », répond Me Alsény Aïssata Diallo, qui évoque un « début de victoire ».

Amadou Bah Oury, fondateur de l'UFDG, le 3 janvier 2014 à Paris. © Vincent Fournier / Jeune Afrique

Amadou Bah Oury, fondateur de l'UFDG, le 3 janvier 2014 à Paris. © Vincent Fournier / Jeune Afrique

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Le nom de la victime a quasi-disparu du procès

A voir le déroulement des audiences, le procès intitulé « affaire Mohamed Koula Diallo » ne fait en réalité référence au journaliste qu’exceptionnellement. Les noms de Bah Oury et Cellou Dalein Diallo sont les plus cités, tandis que la salle est régulièrement chahutée par des militants qui ne tolèrent pas d’entendre dire du mal de leur leader sans réagir. « Bah Oury nous a humiliés », a ainsi lancé une femme pendant l’audience.

« L’affaire Mamadou Koula Diallo est instruite non pas contre le meurtrier du journaliste mais comme un procès de l’UFDG et de ses cadres », avait déjà regretté la direction nationale de l’UFDG, dans un communiqué publié le vendredi 20 octobre. « Tout indique, de plus en plus, que l’assassinat de Mamadou Koula Diallo pourrait être la résultante tragique d’un échafaudage machiavélique construit depuis Paris et dont le but ultime serait de laminer l’UFDG », accuse même la direction du parti de Cellou Dalein Diallo.

La prochaine audience aura lieu le lundi 30 octobre et devra permettre la représentation des scellés.

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Amadou Bah Oury, fondateur de l’UFDG, le 3 janvier 2014 à Paris. © Vincent Fournier / Jeune Afrique

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