Le festival de musique soufie Rouhaniyet, une bouffée d’air pour le tourisme dans le sud de la Tunisie

Organisée dans la ville de Nefta au sud du pays, cette édition a réuni pas moins de 10 000 festivaliers en quatre jours. Une bonne nouvelle pour l’activité touristique qui a du mal à redémarrer en Tunisie.

L’oasis de Nefta a été le théâtre d’une fête musicale soufie du 2 au 5 novembre 2017. © Flickr/Kraken_Boy

L’oasis de Nefta a été le théâtre d’une fête musicale soufie du 2 au 5 novembre 2017. © Flickr/Kraken_Boy

Publié le 13 novembre 2017 Lecture : 2 minutes.

Surnommé « l’oracle » pour avoir prévu avec précision les résultats de la présidentielle de 2014, le patron du bureau de sondages Sigma conseil, Hassen Zargouni, est un amoureux inconditionnel de Nefta, ville phare du sud de la Tunisie, dont sa famille est originaire.

Pour cette oasis aux portes du désert, en collaboration avec l’Association des amis du Jerid – nom donné à la région du Sud-ouest – Zargouni s’est mué en promoteur culturel. Il y a organisé la deuxième édition de Rouhaniyet, un festival de musique soufie qui s’est tenu du 2 au 5 novembre. Un pari risqué dans un contexte sécuritaire fragile mais relevé avec brio. En quatre jours, pas moins de 10 000 festivaliers ont convergé vers Nefta. Du jamais vu !

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Redynamiser l’activité touristique

Une affluence pour le moins inattendue dans ce paisible oasis qui entame une exceptionnelle saison de récolte de dattes, sa principale ressource, et qui donne du baume à une activité touristique léthargique dans le reste du pays.

Les équipes de Zargouni ont travaillé depuis Tunis et Nefta pour organiser et coordonner quatre jours de fête spirituelle qui rappellent que la palmeraie a été un haut lieu du maraboutisme en Tunisie avec notamment l’empreinte de la confrérie des « Qadiriyyas » et celle du vénéré Sidi Bou Ali.

Sans tomber dans le folklore, Rouhaniyet a fait de l’oasis mystique une caisse de résonance de l’art soufi avec des conférences et des spectacles d’artistes dont la cantatrice Leïla Hajaiej, les Derwich Projects, la troupe pakistanaise Al Qawwali, le groupe Ibn Arabi, les Syriens Hamed Daoud Souleyman et Mahmoud Farès ou encore les Tunisiens Sami Lajmi, Cheikh Taoufik Doghmen et le cheikh Ahmed Jelmem.

Le désert, lieu de révélation

Des voix et des sons qui ont vibré avec ferveur comme pour rappeler que le désert est un lieu de révélation. Entre savoirs et saveurs, Rouhaniyet s’impose comme un rendez-vous aux allures de zarda, cérémonie festive qui clôt le rituel de la visite annuelle rendue à un marabout.

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Résultat : une bouffée d’oxygène pour l’économie locale, un programme de haute tenue, un public venu de loin et qui en redemande. Un intérêt qui démontre que l’initiative privée, avec un effet d’entraînement, réussit là où l’État, malgré ses moyens, est en échec en tant qu’opérateur culturel.

À l’encontre des idées reçues

Au-delà de ces problématiques, Rouhaniyet prouve aussi que le premier donneur d’ordre du tourisme est le client local : un appel du pied aux opérateurs touristiques qui cherchent toujours à définir une offre pour conquérir de nouveaux marchés.

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« Nous avons été conquis par la gentillesse des gens du Jerid en dépit de leurs conditions de vie difficiles et stupéfaits de la sérénité de la région de Nefta. Trop d’idées préconçues et angoissantes biaisent la perception de la réalité des régions intérieures », assure Leïla Belakhal, une festivalière qui assure vouloir revenir l’année prochaine.

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