Arabie saoudite : le prince Miteb Ben Abdellah libéré suite à un accord financier

Cible numéro 1 du prince hériter Mohammed Ibn Salman, le prince a recouvré se liberté après avoir déboursé un milliard de dollars. Les autres croupissent toujours dans leur prison dorée du Ritz Carlton Riyad.

Le prince Salman d’Arabie saoudite en juin 2017. © AP/SIPA

Le prince Salman d’Arabie saoudite en juin 2017. © AP/SIPA

ProfilAuteur_LaurentDeSaintPerier

Publié le 29 novembre 2017 Lecture : 2 minutes.

Ministre de la Garde nationale (GN) jusqu’à son arrestation le 4 novembre, le prince Miteb était pour les observateurs avertis la cible numéro 1 de la purge qui, sur ordre du puissant prince héritier Mohammed Ibn Salman et sous prétexte de lutte anti-corruption, a frappé les milieux princiers et d’affaires du royaume saoudien.

Il a été le premier prisonnier de haut rang dont la libération a été annoncée ce mercredi 29 novembre. Un responsable a indiqué à l’agence Reuters qu’un accord jugé “acceptable” par les autorités a pu être conclu. Miteb aurait dû se délester de plus d’un milliard de dollars au profit de l’État saoudien. Rançon ou remboursement de fonds détournés, le versement de cette somme colossal corrobore la révélation faite par le Financial Times le 16 novembre selon laquelle le pouvoir saoudien exigeait pour la libération des captifs jusqu’à 70% de leur fortune.

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Mais l’accord « acceptable » négocié par Miteb devait comporter une clause politique plus importante encore pour le prince héritier Mohammed Ibn Salman que l’énorme amende évoquée.

Rivalités royales

Fils de feu le roi Abdallah, prédécesseur de l’actuel roi Salman, Miteb avait failli devenir prince héritier en 2012 et sa position à la tête de GN – garde prétorienne et tribale de 200.000 hommes – en faisait un des hommes les plus puissants du royaume. “Après le renoncement imposé en juin à Mohammed Ibn Nayef de ses positions de ministre de l’Intérieur et de prince héritier, Miteb était le dernier obstacle de l’actuel héritier Mohammed Ibn Salman sur la route du trône », souligne le politologue libanais, Joseph Bahout, du Carnegie Endowment de Washington.

Selon cet expert, « il s’agissait pour Mohammed Ibn Salman de prendre la dernière citadelle sécuritaire qui lui échappait. Il avait tenté de le faire calmement en proposant de le remplacer par le fils de Miteb au ministère de la GN, comme il l’avait fait pour Ibn Nayef à l’Intérieur mais Miteb avait refusé”.

Soupçons de torture

Son séjour à la prison improvisée du Ritz-Carlton l’aura ramené à la nouvelle raison d’État. Y a-t-il été incité par des tortures répétées comme l’a affirmé, de sources locales, le site d’information Middle East Eye? Sa libération relativement rapide est peut-être aussi le signe que son arrestation avait suscité d’inquiétants remous au sein de la GN, acquise depuis longtemps au clan des “Abdallah”.

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