En Tunisie, des auteurs de BD s’emparent de la crise des migrants

Un collectif tunisien a invité des auteurs de bande dessinée d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient à travailler sur la question migratoire. Un regard original sur une question d’actualité brûlante.

Extrait de la bande-dessinée de l’égyptien Migo parue dans le hors-série Migration de Lab 619. © DR

Extrait de la bande-dessinée de l’égyptien Migo parue dans le hors-série Migration de Lab 619. © DR

CRETOIS Jules

Publié le 30 novembre 2017 Lecture : 2 minutes.

Le collectif tunisien Lab619, qui publie un magazine éponyme de bande dessinée, s’apprête à mettre en vente son premier hors-série, dédié à la migration. Onze histoires jalonnent ce numéro spécial de 120 pages, initialement conçu par la Fondation Rosa Luxemburg, une structure liée à la gauche allemande et active notamment en Afrique du Nord.

« En 2016, la Fondation nous a contactés pour nous proposer l’idée », explique Abir Gasmi, de Lab 619. Cette année, de fin octobre à début novembre, les chevilles ouvrières de Lab 619 ont donc accueilli à Tunis des dessinateurs venus du Maroc, d’Égypte, du Liban, de Libye et d’Algérie.

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Les auteurs, pour la plupart issus du monde de la BD indépendante, proposent des planches originales et un traitement très personnel de la douloureuse question dont ils s’emparent. On peut découvrir ici (lien en arabe et en anglais) le superbe travail Sociologia, du Libanais Barrack Rima, ou jeter un coup d’œil ici (lien en arabe) au travail de l’Égyptien Migo.

Promouvoir un regard artistique forgé au Sud

Du côté de la Fondation comme du « Lab », on insiste sur la démarche initiale : que s’exerce un regard artistique forgé « au Sud ». Une première résidence avait déjà été organisée par le passé, avec des artistes algériens, autour du thème des frontières. « On a compilé des histoires recueillies dans la presse, auprès de migrants en Tunisie ou encore rapportées par des personnes de différentes ONG comme Médecins du monde », raconte Abir Gasmi.

 Il s’agit de donner notre propre version de cette crise des réfugiés

Pour les auteurs, il s’agit d’un travail de rééquilibrage : « Il s’agit de donner notre propre version de cette crise des réfugiés, souvent contée de l’autre côté de la Méditerranée, expliquent les animateurs du projet. Et aussi de nous examiner en tant que pays hôtes, avec des pratiques semblables à celles que nous-mêmes subissons ailleurs. »

Le résultat final est un ensemble cohérent de planches très humaines. Les visages et les parcours sont au centre d’histoires dépouillées de données, de jugement ou de regard scientifique, qui permettent d’incarner et d’humaniser la problématique migratoire. Case après case, Migration offre un regard neuf sur le sujet, au prix d’une mélancolie assumée.

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Dans les librairies tunisiennes, 1 500 exemplaires en arabe, vendus 10 dinars l’unité, seront diffusés, avant une traduction en français dont on ne connaît pas encore la date. Le résultat est poétique sans être naïf, militant sans être poussif. Un regard juste sur une question majeure, dont la société civile a encore parfois du mal à s’emparer.

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