Centrafrique – Avions présidentiels : Bozizé, ses hélicos et son vieux coucou

Indispensable attribut du pouvoir ou plaisir dispendieux, l’avion présidentiel est un objet mythique. De Bouteflika à Biya en passant par Déby Itno, les dirigeants africains ne s’en privent pas plus que les autres.

François Bozizé et son C-130. © Laurent Blachier pour J.A.

François Bozizé et son C-130. © Laurent Blachier pour J.A.

VINCENT-DUHEM_2024

Publié le 3 juillet 2014 Lecture : 2 minutes.

L’ancien président centrafricain François Bozizé (2003-2013) n’a jamais eu d’avion officiel. C’était pourtant l’un de ses plus vifs souhaits. Alors parfois, las d’utiliser les Falcon 900 loués par son conseiller spécial Saifee Durbar, et les jets privés affrétés via des compagnies gabonaises et congolaises, ou mis à disposition par des pays amis, Bozizé utilisait son vieux C-130 Hercules.

L’appareil, un avion de transport militaire américain piloté par des officiers tchadiens puis par un équipage portugais, avait été acheté d’occasion en 2006 aux États-Unis pour 1,65 milliard de F CFA (2,5 millions d’euros). C’est à son bord qu’il est allé signer, en janvier 2013 à Libreville, l’accord qui lui permit de conserver le pouvoir quelques mois de plus. Cette fois-là, l’engin a tenu le choc, mais, auparavant, lors d’un voyage à Libreville également, l’un des moteurs avait refusé de s’allumer, forçant la délégation présidentielle à rentrer à Bangui en stop.

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Le C-130 n’est pas le seul appareil à avoir causé des frayeurs à l’ancien président. Le 29 mars 2012, il se rend au village de Boganda à bord de son hélicoptère de commandement, un Dauphin blanc acheté d’occasion en Italie – celui-là même avec lequel il prendra la fuite lors du coup d’État de mars 2013. Au retour, l’appareil manque de prendre feu en plein vol : panique, atterrissage d’urgence. Bozizé et les quelques personnes qui l’accompagnaient ce jour-là, notamment sa femme Monique, devront marcher plus d’une heure dans la brousse avant d’atteindre le premier village.

Très vite, l’incident est imputé à son neveu, Sylvain Ndoutingaï, alors ministre des Finances et du Budget, que certains accusaient de fomenter un coup d’État. En disgrâce depuis quelques semaines, celui qui fut numéro deux du régime pendant neuf ans sera limogé en juin de la même année. Les pilotes du Dauphin, eux, croupiront en prison jusqu’à la prise de pouvoir par l’ex-Séléka. Catherine Samba-Panza, chef de l’État provisoire (elle doit quitter son poste à la fin de la transition, programmée pour février 2015) connaît elle aussi la précarité dans les transports aériens.

Sans avion à sa disposition, elle dépend de la générosité de ses pairs de la sous-région. Début mars, le Congolais Joseph Kabila lui a ainsi envoyé un appareil pour qu’elle se rende à Kinshasa. Quinze jours plus tard, c’était au tour du Gabonais Ali Bongo, qui l’invitait à Libreville. Un avion de la présidence gabonaise l’a même conduite au sommet Union européenne-Afrique à Bruxelles les 2 et 3 avril.

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