Répression en RDC : le cardinal Laurent Monsengwo dénonce la « barbarie » des forces de sécurité

La répression de la marche des chrétiens organisée dimanche à Kinshasa a déclenché un torrent de réactions choquées ou inquiètes. Dans un communiqué publié ce mardi, le cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa, condamne « les agissements de nos prétendus vaillants hommes en uniforme ».

Le cardinal Laurent Monsengwo, le 20 novembre 2010 au Vatican. © Pier Paolo Cito/AP/SIPA

Le cardinal Laurent Monsengwo, le 20 novembre 2010 au Vatican. © Pier Paolo Cito/AP/SIPA

Publié le 2 janvier 2018 Lecture : 3 minutes.

« Comment ferons-nous confiance à des dirigeants incapables de protéger la population, de garantir la paix, la justice, l’amour du peuple ? Comment ferons-nous confiance à des dirigeants qui bafouent la liberté religieuse du peuple, liberté religieuse qui est le fondement de toutes les libertés ? » Le ton du communiqué du cardinal Laurent Monsengwo, rendu public ce mardi, est sans équivoque : «  Il est temps que la vérité l’emporte sur le mensonge systémique, que les médiocres dégagent et que règnent la paix, la justice en RD Congo. »

Le cardinal avance des « preuves » de la « barbarie »

Le responsable catholique, déjà connu pour ses prises de position en faveur des mouvements citoyens la Lucha ou Filimbi, qui ont fait du départ de Joseph Kabila du pouvoir l’un de leurs principaux leitmotiv, qualifie de « barbarie » les méthodes employées par la police congolaise pour réprimer la marche des chrétiens organisée à Kinshasa ce dimanche 31 décembre, dans un contexte de black-out généralisé des communications.

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Et le prélat de lister ce qu’il qualifie d’autant de « preuves » des agissements des forces de sécurité : « Le fait d’empêcher les fidèles chrétiens d’entrer dans les églises pour participer à la messe suivant l’ordre reçu d’une certaine hiérarchie militaire, le jet de gaz lacrymogènes pendant la célébration eucharistique dans les différentes paroisses de Kinshasa, le vol d’argent, d’appareils téléphoniques, la poursuite, la fouille systématique des personnes et de leurs biens dans l’église et dans les rues, l’entrée des militaires dans les cures de quelques paroisses sous prétexte de rechercher les semeurs des troubles, les tueries, les tirs à balles réelles et à bout portant sur des chrétiens tenant en mains bibles, chapelets et crucifix, les arrestations des prêtres et fidèles, etc. »

« Instrumentalisation de la liberté religieuse »

Et au-delà de la seule dénonciation du comportement de la police lors de cette journée du 31 décembre, le cardinal Mosengwo dénonce plus largement « l’instrumentalisation de la liberté religieuse pour masquer des intérêts occultes comme par exemple l’accaparement des ressources, des richesses, le maintien au pouvoir par des méthodes anti-constitutionnelles ».

Selon un bilan de l’ONU, « au moins cinq personnes » ont été tuées (un premier bilan faisait état de huit morts), « plusieurs » ont été blessées et plus de 120 personnes ont été arrêtées ce dimanche. Des chiffres que dément le général Sylvano Kasongo, chef de la police de Kinshasa. Dans une interview accordée à Jeune Afrique ce mardi, celui-ci affirme qu’il y a eu « deux morts seulement, un troisième était un assaillant tué vers le marché de la Liberté, après l’assaut de la milice Kamuina Nsapu ».

La Cenco exige pour sa part « une enquête sérieuse et objective pour établir les responsabilités sur les pertes en vie humaine et les agressions physiques

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Interrogé sur le cas précis de la paroisse Saint Kizito, à Kingabwa, dans la commune de Limete, et sur les images qui circulent sur les réseaux sociaux dans lesquelles on voit clairement des policiers se livrer à des violences et des extorsions sur les personnes qui sortent de l’église dans laquelle des gaz lacrymogènes ont été lancés, le général Kasongo a assuré que « des inspecteurs de la police sont déjà en train de mener des enquêtes sur le terrain pour identifier les policiers incriminés ».

Dans un communiqué publié ce mardi également, la conférence des évêques catholiques de la RDC (Cenco), qui se dit « choquée par les actes ignobles » exige pour sa part « une enquête sérieuse et objective pour établir les responsabilités sur les pertes en vie humaine et les agressions physiques ».

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