Sénégal : seize suspects inculpés et écroués après la tuerie en Casamance

Seize des 22 suspects arrêtés après le massacre de 14 personnes en Casamance, région du sud du Sénégal, ont été inculpés pour « assassinat et participation à un mouvement insurrectionnel » et écroués vendredi, a-t-on appris de sources proches du dossier.

Pour l’ancien ministre de l’Environnement Haidar El Ali, il ne fait aucun doute que le massacre est lié à l’exploitation illégale de la forêt de Casamance. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Pour l’ancien ministre de l’Environnement Haidar El Ali, il ne fait aucun doute que le massacre est lié à l’exploitation illégale de la forêt de Casamance. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Publié le 20 janvier 2018 Lecture : 2 minutes.

Vingt-deux suspects avaient été arrêtés le 14 janvier dans l’enquête sur le massacre le 6 janvier de 14 jeunes dans la forêt protégée de Bayotte, proche de Ziguinchor, principale ville de cette région agricole et touristique bordée au nord par la Gambie et au sud par la Guinée-Bissau.

« Sur les 22 personnes arrêtées, 16 ont été déférées ce matin » vendredi au parquet de Ziguinchor, a affirmé à l’AFP une source proche du dossier. Les 16 suspects déférés « ont tous été écroués. Les mêmes charges ont été retenues contre eux: association de malfaiteurs, assassinat, participation à un mouvement insurrectionnel et détention d’armes sans autorisation », a ensuite indiqué cette source dans l’après-midi.

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L’information a été confirmée par une autre source proche de l’enquête, précisant qu’un journaliste local figure parmi les 16 suspects écroués. Les six autres suspects ont été libérés sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux. Parmi les personnes arrêtées le 14 janvier figuraient plusieurs jeunes membres d’un comité villageois de surveillance des forêts, condamnés puis libérés en octobre à la suite d’un conflit avec des exploitants forestiers.

Les autorisations de coupe de bois suspendues

Le président Macky Sall a donné mercredi instruction « au gouvernement de suspendre jusqu’à nouvel ordre toutes les autorisations de coupe de bois et de procéder sans délai à la révision du Code forestier ».

Selon des experts et le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC – rébellion), le massacre pourrait être lié à l’exploitation illicite du bois précieux en Casamance, région en proie à une rébellion indépendantiste depuis 1982, mais qui connaît une accalmie ces dernières années.

Le ministre en charge de l’Environnement, Mame Thierno Dieng, a néanmoins affirmé vendredi à la presse que les 14 personnes tuées le 6 janvier n’étaient pas des « exploitants forestiers et des coupeurs de bois », mais des « gens qui ramassaient du bois mort », pour le chauffage, une activité a priori sans conséquence pour la préservation de la forêt.

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Coupes illégales

La suspension des autorisations de coupe prise mercredi est limitée « dans le temps et limitée dans l’espace », ne concernant que les régions de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda qui forment la Casamance, a précisé le ministre.

Le militant écologiste et ancien ministre de l’Environnement Haïdar El Ali a de son côté salué « une décision importante » qui permettra notamment d’établir clairement que « les camions chargés de bois qui opèrent en Casamance le font dans l’illégalité ».

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« 80 % des détenteurs de permis de coupe au Sénégal sont issus de deux régions, celles de Dakar et Diourbel (centre) », où il n’y a pas de forêt à exploiter, a-t-il indiqué vendredi à l’AFP. « Ce sont eux qui pillent la forêt de Casamance », a-t-il dit.

« J’espère que la justice va aller jusqu’au bout » dans cette affaire, a dit l’ancien ministre. « Récemment à Kolda, des défenseurs de l’environnement ont été mis en prison après que des exploitants forestiers, se disant malmenés, ont porté plainte contre eux en produisant des certificats médicaux de complaisance. C’est le monde à l’envers », a-t-il poursuivi.

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