Algérie : l’opposant historique Saïd Sadi quitte définitivement la vie politique

L’opposant historique et militant des droits de l’homme, Saïd Sadi a annoncé son retrait de la vie publique, lors du congrès, ce week-end, du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD).

Said Sadi protégé par ses gardes du corps, lors d’une marche non autorisée contre le gouvernement à Alger, le 5 mars 2011. © Sidali Djarboub/AP/SIPA

Said Sadi protégé par ses gardes du corps, lors d’une marche non autorisée contre le gouvernement à Alger, le 5 mars 2011. © Sidali Djarboub/AP/SIPA

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Publié le 12 février 2018 Lecture : 3 minutes.

« N’étant pas congressiste et n’étant plus, depuis ce matin, militant, je ne vais pas m’exprimer en tant que fondateur du parti comme cela a été suggéré. On ne fonde pas un parti pour se l’approprier », a déclaré Saïd Sadi, ancien leader du RCD, annonçant par là-même sa décision de quitter définitivement la vie politique à l’âge de 71 ans. Il a aussi affirmé qu’il souhaitait contribuer sur d’autres plans : « Je serai engagé dans d’autres registres et sur d’autres terrains, mais je partagerai toujours avec vous nos postulats éthiques et j’honorerai comme au premier jour nos professions de foi. »

« En politique, celui qui a réussi n’est pas celui qui a imposé le monopole de la force brutale, mais celui qui a marqué de son empreinte les consciences de ses concitoyens. Et quand je regarde dans cette salle aujourd’hui, je crois que l’on peut dire que nous avons réussi », a lancé l’opposant devant les militants du RCD.

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Une décision « définitive »

Déjà, en mars 2012, lors d’un précédent congrès du parti, Saïd Sadi avait annoncé qu’il ne se représenterait pas au poste de président, poste qu’il occupe depuis sa création. Il avait alors expliqué son choix par la nécessité d’un renouveau générationnel. Son départ serait une manière de « laisser la place aux jeunes », arguait-il alors.

Depuis cette annonce, l’opposant historique est entré dans une phase de retraite politique, devenant davantage un observateur qu’un acteur de cette scène. D’après ses proches son départ de la vie publique est bel et bien définitif. L’homme dit vouloir tourner une fois pour toutes la page politique de son parcours. Il prépare actuellement la parution d’un nouveau livre qui regrouperait l’ensemble de sa contribution intellectuelle et politique. Il contiendra des interviews donnés par Saïd Sadi, mais aussi ses interventions publiques, à l’échelle nationale et internationale.

Les débuts au FFS

Enfant de martyr et originaire de la région de Tizi-Ouzou, Saïd Sadi est psychiatre de formation. En 1978, fraîchement diplômé de la faculté de médecine, il a d’abord milité au sein du Front des forces socialistes (FFS), avec lesquelles il négocie une prise en charge des revendications culturelles qu’il défend.

Militant de la cause berbère, il a joué un grand rôle dans les manifestations du Printemps berbère en 1980. Il a par exemple initié l’organisation de la manifestation du 7 avril 1980, mais aussi la grève générale qui a paralysé toute la Kabylie le 16 avril 1980.

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Il a été parmi les 24 personnes présentés à la Cour de sûreté de l’État de Méda en juin de la même année, mais sera finalement libéré sans avoir été jugé.

L’engagement pour les droits de l’Homme et le mouvement berbère

Militant des droits de l’homme, il a quitté le FFS début 1982 et a contribué ensuite à la fondation de la Ligue algérienne des droits de l’homme en juin 1985. Suite à cela, il est encore une fois déféré devant la Cour de sûreté de l’État et cette fois-ci il est condamné à trois ans d’emprisonnement.

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Fondateur du RDC, il a créé ce parti avec ses compagnons en février 1989 lors des assises du Mouvement culturel berbère.  Saïd Sadi en est d’abord devenu secrétaire général puis président lors de la création du poste quelques années plus tard. Il a également été candidat deux fois aux présidentielles algériennes, en 1995 (9,6%) et en 2004 (moins de 2% des voix).

Militant anti-islamiste, il défend un État laïque et prône la séparation de la politique et du religieux. Il avait d’ailleurs fait partie de ceux qui avaient appelé à l’annulation du premier tour des législatives de décembre 1991, remporté par le Front islamique du salut (FIS).

Homme de lettres, il a publié de nombreux ouvrages, dont le plus polémique reste Amirouche, une vie, deux morts, un testament, un livre-enquête sur le colonel Amirouche, un des héros les plus controversés de la guerre de libération, publié en 2010.

Opposant à Bouteflika, en 2011, profitant de la vague de contestations qui traverse le monde arabe, il a tenté d’organiser un mouvement de protestation. Mais, violemment réprimé par les autorités, le mouvement s’est ensuite éteins rapidement. 

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