Tunisie : Maâloul, une méthode parfois décriée mais des résultats probants

Revenu sur le banc des Aigles de Carthage en avril 2017, après un premier passage en 2013, Nabil Maâloul a qualifié la Tunisie pour la Coupe du monde 2018 en Russie. En moins d’un an, les résultats obtenus par l’ancien milieu de terrain de l’Espérance Tunis ont vaincu (presque) toutes les réticences à son égard.

Nabil Maâloul, sélectionneur de l’équipe tunisienne de football. © Capture d’écran Youtube/Koolchi TV

Nabil Maâloul, sélectionneur de l’équipe tunisienne de football. © Capture d’écran Youtube/Koolchi TV

Alexis Billebault

Publié le 19 mars 2018 Lecture : 4 minutes.

La récente décision de Nabil Maâloul de faire appel à plusieurs binationaux – Mouez Hassen (Châteauroux), Saîf-Eddine Khaoui (Troyes) et Ellyes Skhiri (Montpellier), Yoan Benalouane (Leicester), tous convoqués pour les matches amicaux de mars face à l’Iran (le 23 à Radès) et le Costa Rica (le 27 à Nice) – a été diversement appréciée en Tunisie.

« Pour les joueurs qui sont là depuis un certain temps, qui ont participé à la qualification pour la Coupe du monde, et qui vont être écartés au profit des binationaux, ce n’est pas facile à accepter. Je comprends qu’il veuille avoir un maximum de choix avant de faire sa liste des vingt-trois joueurs pour le Mondial 2018, mais il prend un risque : faire venir des nouveaux au dernier moment peut se révéler être un danger pour l’équilibre du groupe », remarque un dirigeant de club.

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« Pas là pour faire du social »

Le sélectionneur s’est personnellement beaucoup investi afin de convaincre ces joueurs potentiellement sélectionnables pour la France. « Je les ai appelés, je les ai rencontrés, pour leur exposer mon projet. Cela faisait un certain temps que nous les suivions et que les contacts existaient. » Benalouane, que le technicien a rencontré courant février à Milan lors d’un déjeuner, a donné son accord le 8 mars. Reste à savoir combien d’entre eux participeront effectivement à la Coupe du monde. Sur ce point, l’ancien coach de l’Espérance Tunis s’est monté très clair : « Il n’y aura pas de priorité pour ceux qui étaient là avant ou pour les binationaux. Mes choix découleront des performances en club. Je ne suis pas là pour faire du social (rires) ! »

Mouez Hassen, le gardien de Châteauroux (Ligue 2) prêté par Nice avait été contacté en 2016 par Wadii Jery, le président de la Fédération Tunisienne de Football (FTF). « J’étais forcément intéressé à l’idée d’évoluer pour la Tunisie. Mais je voulais d’abord jouer dans un club. Il fallait faire les choses dans l’ordre. Comme c’est le cas cette saison avec Châteauroux, j’ai rencontré Nabil Maâloul et j’ai donc dit oui », explique-t-il. « J’aurais accepté, même s’il n’y avait pas eu de Coupe du monde cette année. »

Nabil Maâloul était pourtant l’un des hommes les plus critiqués de Tunisie il y a quatre ans et demi

Si aujourd’hui tout semble lui réussir, Nabil Maâloul était un des hommes les plus critiqués de Tunisie il y a quatre ans et demi. En septembre 2013, les Aigles de Carthage croyaient avoir abandonné leurs dernières illusions de participer à la Coupe du monde 2014 au Brésil après une défaite à Radès face au Cap Vert (0-2). Nommé huit mois plus tôt, le technicien, devenu une cible pour la presse et les supporteurs, avait préféré démissionner quelques heures plus tard, loin de s’imaginer que la Fifa donnerait la victoire aux Tunisiens sur tapis vert (3-0). La Tunisie échouera finalement contre le Cameroun au dernier tour (0-0, 1-4) avec le Néerlandais Ruud Krol sur le banc, mais pour Maâloul, l’heure de l’exil, au Qatar d’abord (Al-Jaish), puis au Koweït pour diriger la sélection nationale, avait sonné.

Haddadi : « Discipline et communication »

En avril 2017, après le limogeage du franco-polonais Henri Kasperczak, Nabil Maâloul a été rappelé aux commandes de la sélection nationale, avec un objectif prioritaire, la qualifier pour une Coupe du monde qu’elle n’avait plus fréquentée depuis 2006 en Allemagne. Pour l’ancien joueur de l’Espérance Tunis, de Bizerte, du Club Africain et d’Hanovre, le pari était forcément risqué.

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« Des gens étaient pour, d’autres contre. Nabil Maâloul est considéré comme un des meilleurs entraîneurs tunisiens. Il a dirigé l’Espérance, la sélection, il a gagné des titres. Mais des supporteurs se souvenaient de son dernier passage en 2013, et notamment la défaite face au Cap-Vert. La victoire obtenue face l’Égypte (1-0, le 11 juin 2017) en qualifications pour la CAN 2019, lors de son premier match, a été très importante pour lui », explique le défenseur Oussama Haddadi (Dijon).

Ses détracteurs le jugent trop « Espérantiste »

Maâloul, qui fréquente la sélection depuis 2002 – il fût l’adjoint de Roger Lemerre lors du titre continental de 2004, puis de septembre 2006 à 2008, toujours sous les ordres du Français – est revenu avec ses méthodes basée sur la discipline et la communication. « Il est strict lors des entraînements. Quand nous sommes à l’hôtel, il veut que nous soyons respectueux des règles du groupe par rapport aux horaires des repas, des réunions, etc. Il ne veut pas nous voir quitter l’hôtel comme on le souhaite. Et il est attentif à l’alimentation. Il surveille ce que nous mangeons. Mais c’est aussi quelqu’un qui est proche des joueurs. Il communique beaucoup, individuellement et collectivement », poursuit Haddadi.

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L’entraîneur français Patrick Liewig, qui a dirigé plusieurs clubs tunisiens (Stade Tunisien, Club Africain, EGS Gafsa) a plusieurs fois croisé Maâloul. « Il a un bon relationnel avec les joueurs. C’est un rassembleur et il sait bien s’entourer au niveau de des staffs techniques. Il dispose également d’un bon réseau dans les médias, ce qui est toujours utile. Je pense aussi qu’il a pas mal appris quand il était l’adjoint de Roger Lemerre, avec qui il a remporté la CAN 2004. »

Reste qu’en Tunisie, Maâloul n’a pas que des supporteurs. « Il est critiqué sur ses choix. Comme c’est un ancien de l’Espérance, certains l’accusent de favoriser les joueurs de ce club. Ces critiques viennent surtout des supporteurs du Club Africain ou de l’Étoile du Sahel, les grands rivaux de l’Espérance », relève Ahmed Salhi, chef du service des sports à la Télévision nationale tunisienne. « Mais le fait d’avoir qualifié la sélection pour la Coupe du monde a beaucoup fait pour sa popularité… »

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