Africa CEO Forum : le secteur privé doit accélérer la transformation des économies africaines

Malgré un timide retour de la croissance, les entreprises africaines manquent encore de coffre. À l’occasion de l’Africa CEO Forum, 1 600 participants sont réunis les 26 et 27 mars à Abidjan pour faire du secteur privé le catalyseur du changement sur le continent.

Emmerson Mnangagwa, président du Zimbabwe, lors de l’ouverture de l’ACF à Abidjan le 26 mars 2018. © DR / JA / Africa CEO Forum

Emmerson Mnangagwa, président du Zimbabwe, lors de l’ouverture de l’ACF à Abidjan le 26 mars 2018. © DR / JA / Africa CEO Forum

Julien_Clemencot

Publié le 26 mars 2018 Lecture : 4 minutes.

Plus de 800 personnalités africaines et internationales sont attendues au prochain Africa CEO Forum. © Eric Larrayadieu/JA
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Africa CEO Forum 2018 : l’heure de la transformation

Les 26 et 27 mars prochains, se tiendra à Abidjan la 6e édition du Africa CEO Forum, coorganisé par Jeune Afrique Media Group et Rainbow Unlimited. 1 200 personnalités, venues de l’industrie, de la finance et de la politique, y débattront des Champions africains à l’heure de la transformation, thème retenu cette année.

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En Afrique, seules 400 entreprises dépassent 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires, et aucune d’entre elles ne figure dans le classement des 500 plus grands groupes mondiaux réalisé par le magazine Fortune. Malgré un timide retour de la croissance, les entreprises africaines peinent à atteindre la masse critique qui leur permettrait de jouer un rôle de catalyseur dans le changement en cours des économies africaines. L’Africa CEO Forum (ACF) a justement pour vocation de permettre au secteur privé continental et à ses partenaires, publics et privés, de réfléchir à leur modes de gouvernance afin de peser davantage sur le développement du continent.

1 600 participants

Après Genève l’an dernier, l’ACF, organisé par le groupe Jeune Afrique avec le soutien de l’International Finance Corporation (IFC), s’est ouvert lundi 26 mars à Abidjan. Pour cette édition, l’événement a battu son record d’affluence, avec 1 600 participants venant d’une soixantaine de pays, confirmant ainsi son statut de rendez-vous annuel majeur pour les représentants du secteur privé sur le continent.

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Lors de la cérémonie d’ouverture, Amir Ben Yahmed, président de l’ACF (et directeur général du groupe Jeune Afrique) a invité les participants à réfléchir à la manière dont les économies africaines doivent accélérer leur mutation au moment où l’attractivité de l’Afrique baisse. Sur les cinq premières économies du continent, quatre ont affiché l’an dernier une croissance inférieure à 2 %. Et les investissements directs étrangers sont moins importants aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a dix ans.

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Alors que les économies mondiales connaissent une montée en puissance du secteur numérique, de la robotisation et de l’intelligence artificielle, le secteur privé doit plus que jamais être un catalyseur de l’évolution africaine, a rappelé Amir Ben Yahmed, insistant sur l’importance du dialogue public-privé, de l’industrialisation, mais aussi de la nécessaire modernisation de la gouvernance des entreprises.

Au cours du Forum, plus d’une trentaine d’événements permettront aux participants de s’emparer de ces questions, avec notamment une intervention très attendue de Paul Polman, le PDG d’Unilever.

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Pour mieux participer à ces mutations, l’ACF va d’ailleurs se transformer pour devenir une organisation active tout au long de l’année. Parmi ses objectifs : la mise en relation des acteurs du secteur privé, la production de rapports et la conduite d’un certain nombre d’initiatives innovantes dont Women in Board, qui consiste à mettre en relation des personnalités africaines féminines et des entreprises qui souhaitent féminiser leur conseil d’administration.

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« Nous sommes ouverts au business »

La cérémonie d’ouverture a aussi été marquée par la présence des présidents du Zimbabwe, du Ghana et de la Côte d’Ivoire. Pour le nouveau président zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa, ce fut l’occasion d’affirmer la volonté de son pays de rompre avec l’isolement international dans lequel l’avait placé son prédécesseur, Robert Mugabe.

« Nous sommes ouvert au business », a-t-il rappelé à plusieurs reprises au cours de son intervention, promettant aussi de lutter contre la corruption et de protéger les investissements privés.


À sa suite, le président du Ghana, Nana Akufo Addo a maintenu sa confiance dans la capacité des États à prendre leur destin en main. Il a, à ce titre, salué l’adoption de l’accord prévoyant la création d’un Zone de libre-échange continentale (ZLEC) il y a cinq jours à Kigali, lors du récent sommet de l’Union africaine, y voyant une opportunité formidable de développement.

Revenant sur la situation de son pays, il a exprimé sa volonté de construire une économie résiliente capable de mobiliser les ressources nécessaires à son développement sans faire appel à l’aide internationale. En 2018, le Ghana vise une croissance 8,3% de son PIB, soit le taux de plus élevé au monde. Une bonne nouvelle pour un pays dont le service de la dette mobilise une partie très élevée des ressources publiques.

« De grâce, baissez vos taux d’intérêt ! »

Concluant la session, le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara est lui aussi revenu sur l’importance du secteur privé comme moteur de la croissance, en mettant notamment en valeur les opportunités présentes dans le secteur agro-industriel.

Il en a profité pour rappeler les résultats obtenus ces dernières années, se félicitant que la Côte d’Ivoire ait pu, mi-mars, pour la première fois, emprunter sur 30 ans à un taux très compétitif. Le chef de l’État ivoirien a poursuivi en lançant un appel aux banquiers présents : « De grâce, baissez vos taux d’intérêt ! »

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Se félicitant également de l’accord signé à Kigali en faveur de la Zone de libre-échange continentale, il a aussi rappelé à l’adresse de ses amis de la Cedeao : « Signer un accord, c’est bien ; l’appliquer, c’est mieux. »

Durant son intervention, Alassane Ouattara a par ailleurs annoncé un accord avec son homologue ghanéen pour coordonner leurs politiques dans le secteur du cacao. Ensemble, la Côte d’Ivoire et le Ghana mettent sur le marché 60% de la production mondiale. « Le marché du chocolat pèse 100 milliards de dollars et sur ce montant, les producteurs de cacao ne perçoivent que 5 à 6 milliards. Cela doit changer », a-t-il insisté. Un objectif qui ne pourra être atteint que si le secteur privé améliore sa productivité, innove et entretient une relation de confiance avec les pouvoirs publics.

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