Nigeria : le bilan du double attentat s’alourdit à 86 morts, selon des témoins

Au lendemain du double attentat qui a endeuillé mardi Mubi, dans le nord-est du Nigeria, des employés du cimetière de la ville ont affirmé à l’AFP avoir enterré 86 personnes. Le bilan avancé par les autorités est bien inférieur.

Des sauveteurs nigérians transportent le corps d’une victime d’un attentat-suicide à Maiduguri, le 27 avril 2018. © Jossy Ola/AP/SIPA

Des sauveteurs nigérians transportent le corps d’une victime d’un attentat-suicide à Maiduguri, le 27 avril 2018. © Jossy Ola/AP/SIPA

Publié le 3 mai 2018 Lecture : 2 minutes.

« En tout, 86 morts ont été enterrés entre hier et aujourd’hui », a affirmé un employé du cimetière. « Nous n’avons reçu aucun autre corps depuis 14H30 et nous espérons avoir terminé désormais », a-t-il ajouté sous couvert de l’anonymat.

L’un de ses collègues avance le même chiffre, expliquant qu’ils avaient « enterré 76 corps jusqu’à 21H00 (20H00 GMT) » mardi et « 10 ce matin (mercredi), vraisemblablement des personnes blessées qui ont succombé à leurs blessures pendant la nuit ». « J’étais choqué en entendant » le bilan donné par les autorités », a-t-il confié à l’AFP.

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« 30 morts » selon les autorités

De son côté, le porte-parole local de l’Agence nationale de gestion des urgences, Imama Garki, affirme que l’attaque – attribuée au groupe jihadiste Boko Haram – a fait « 30 morts », et que les personnes grièvement blessées, « évacuées à Yola », la capitale de l’État de l’Adamawa, « répondaient bien au traitement ».

Comment expliquer cette disparité entre chiffres officiels et déclarations des témoins ? Interrogé par l’AFP, le ministre local de l’Information, Ahmed Sajo, a reconnu qu’il était « possible que des proches des victimes aient emmené les corps directement pour être enterrés, sans passer par l’hôpital », où ils ont procédé au comptage.

L’exercice est d’autant plus délicat que le tradition musulmane veut que les corps des victimes soient rapidement enterrés, ce qui complique le comptage, dans une région très difficile d’accès.

Une scène de « chaos »

Mardi, à 13H30 (heure locale), un kamikaze s’est fait exploser dans une mosquée de Mubi, dans l’État d’Adamawa, puis un second, dans un marché qui se trouve à proximité, au moment où les fidèles s’enfuyaient.

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Une scène de « chaos », avait alors rapporté à l’AFP  un secouriste volontaire, Habu Saleh, présent sur place peu après l’explosion. Un autre habitant avait parlé de « la pire attaque sur Mubi », en écho aux attaques récurrentes de Boko Haram sur la ville.

Dès mercredi, le vice-président Yemi Osinbajo, se disant « choqué et révolté » par cet attentat, a ordonné le renforcement des mesures de sécurité à Mubi. « La profanation d’un lieu de prière par des criminels est tragique et condamnable », a déclaré Yemi Osinbajo dans un communiqué.

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Graves failles sécuritaires

« Les services de sécurité ont reçu des instructions pour prendre immédiatement des mesures pour renforcer la sécurité à Mubi et ses environs, et tout particulièrement près des marchés et lieux de prière », a-t-il ajouté.

Malgré la volonté affichée du président Muhammadu Buhari de lutter contre le terrorisme, les attaques régulières et l’enlèvement d’une centaine de lycéennes par Boko Haram en février révèlent les graves failles sécuritaires dans le nord-est du pays.

En visite à la Maison Blanche, où il était reçu lundi par Donald Trump, le président nigérian – qui entend briguer un second mandat présidentiel en février 2019 – a remercié les États-Unis pour leur « soutien dans la lutte contre le terrorisme » et d’avoir accepté la vente d’avions militaire et d’armement au Nigeria pour une somme de quelque 500 millions de dollars.

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