Ebola en RDC : la lutte contre l’épidémie se renforce

L’épidémie d’Ebola continue de se propager en RDC. L’OMS et les autorités continuent de lutter au moyen d’un vaccin expérimental.

Des employés d’un centre de traitement du virus Ebola à Monrovia, capitale du Liberia, en 2014. © AP/Sipa/Abbas Dulleh

Des employés d’un centre de traitement du virus Ebola à Monrovia, capitale du Liberia, en 2014. © AP/Sipa/Abbas Dulleh

Publié le 18 mai 2018 Lecture : 4 minutes.

La menace du virus Ebola monte d’un cran en RDC. Alors que l’épidémie était confinée dans une zone reculée de la province de l’Équateur, depuis que les premiers cas suspects ont été signalés le mois dernier, quatre nouveaux cas ont été confirmés à Mbandaka, la plus grande ville de la région, peuplée de plus d’un million d’habitants.

Selon le médecin directeur de l’hôpital de Bikoro (centre de l’épidémie), le Dr. Serge Ngaleboto, le virus a été propagé par un individu ayant voyagé du premier foyer d’épidémie à la ville, avant que l’épidémie ne soit officiellement déclarée le 8 mai et les premières mesures de contingence de la maladie mises en place. Le risque est désormais que l’épidémie se déplace rapidement vers les grandes villes, notamment Kinshasa, avec laquelle Mbandaka est reliée par le fleuve, au gré des mouvements de population.

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« L’inquiétude est réelle, Mbandaka est une grosse agglomération. Tous les moyens sont mis en œuvre pour arriver à endiguer rapidement cette épidémie. Des thermoflash permettant de détecter les personnes atteintes de fièvre ont été installés au port et à l’aéroport et les contrôles sanitaires renforcés. Dans sa politique, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne conseille pas de mettre en quarantaine les régions touchées mais les autorités des pays environnants ont renforcé la surveillance aux frontières », déclare Eugène Kabambi, chargé de communication de l’OMS en RDC.

Le risque de propagation est jugé par l’organisation onusienne très élevé et réel au niveau du pays, modéré au niveau régional et faible au niveau international. Pour autant, selon Eugène Kabambi, ce nouvel épisode dans la propagation de la maladie ne remet pas en cause les déclarations du gouvernement selon lesquelles l’épidémie est sous-contrôle. Le comité d’urgence du Règlement sanitaire international de l’OMS, qui se réunissait ce vendredi 18 mai, a décidé que les conditions ne sont pas réunies pour élever la menace au rang d’urgence de santé publique de portée internationale.

>>> A LIRE – Ebola en RDC : l’épidémie se propage en zone urbaine et suscite l’inquiétude

Des vaccins expérimentaux

Au point de vue thérapeutique, une vaste campagne de vaccination de la population va être lancée. « Le vaccin est une composante essentielle à la riposte », explique Eugène Kabambi. Les vaccins fabriqués par le laboratoire Merck, encore en phase expérimentale, ont été fournis par l’OMS. Les essais cliniques avaient été autorisés en 2014 par l’organisation internationale au plus fort de l’importante épidémie d’Ebola qui avait frappé l’Afrique de l’Ouest. Il avait alors été utilisé avec succès, semble-t-il d’après les premiers résultats, en Guinée. Des tests avaient été effectués plus tard au Libéria.

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« Ceci va rapprocher le vaccin du seuil permettant l’obtention d’une autorisation de mise sur le marché. Les chiffres annoncés, 4 000 doses, paraissent importants mais en réalité il s’agit d’une petite échelle pour un vaccin. En Guinée, 6 000 personnes avaient été enrôlées dans l’étude. C’est insuffisant lorsque l’on sait qu’il aurait fallu tester le vaccin sur 15 000 à 20 000 personnes au minimum », détaille le Dr. Jean Vivien Mombouli, directeur général du Laboratoire national de santé publique du Congo-Brazzaville.

C’est une maladie face à laquelle nous sommes démunis, à l’origine d’une mortalité élevée de l’ordre de 60 à 70 % », souligne un chercheur de l’Institut Pasteur

Pratiquer des essais cliniques à cette échelle est peu courante mais peut se justifier, selon le corps médical, dans le contexte particulier d’une maladie pour laquelle il n’existe pas de traitement. « C’est une maladie face à laquelle nous sommes démunis, à l’origine d’une mortalité élevée de l’ordre de 60 à 70 %. Dans ce cas, on établit le rapport bénéfice/risque », explique Sylvain Baize, responsable du Centre national de référence des Fièvres hémorragiques virales à l’Institut Pasteur.

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>>> A LIRE – RDC : des essais cliniques de traitements contre Ebola sans l’approbation d’un comité d’éthique ?

L’organisation de tels essais cliniques doit cependant être strictement surveillée et suppose notamment la mise en place d’un protocole de recherche encadré par un comité d’éthique et un comité scientifique de surveillance.

Il n’a pas été possible de joindre le ministère de la Santé congolais afin de vérifier si ces précautions d’usage avaient été mises en place. La question s’était déjà posée en 2017 au cours de la précédente épidémie d’Ebola.

Interrogé mercredi 16 mai, à l’occasion de la livraison des premiers lots de vaccins, le ministre de la Santé congolais, le Dr. Oly Ilungan a pourtant affirmé que les vaccins n’étaient pas expérimentaux et avaient été validés par l’OMS.

À la date du 16 mai, 45 cas de fièvres hémorragiques ont été recensés en RD Congo dont 14 cas confirmés d’Ebola.

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