Rwanda : l’opposante Victoire Ingabire Umuhoza bénéficie d’une libération anticipée

Le président rwandais Paul Kagame vient d’accorder une remise de peine à l’opposante emblématique Victoire Ingabire, incarcérée depuis 2010 alors qu’elle entendait se présenter à l’élection présidentielle.

La présidente des Forces démocratiques unifiées (FDU-Inkingi), Victoire Ingabire, le 5 septembre 2011, à Kigali, au Rwanda. © Shant Fabricatorian/AP/SIPA

La présidente des Forces démocratiques unifiées (FDU-Inkingi), Victoire Ingabire, le 5 septembre 2011, à Kigali, au Rwanda. © Shant Fabricatorian/AP/SIPA

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Publié le 15 septembre 2018 Lecture : 2 minutes.

L’opposante rwandaise Victoire Ingabire Umuhoza fêtera son cinquantième anniversaire en liberté, le 3 octobre. La présidente du FDU-Inkingi devait en effet être libérée samedi matin, 15 septembre, ainsi que le chanteur Kizito Mihigo, ont confirmé à Jeune Afrique des sources officielles rwandaises. La première, emprisonnée depuis 2010, avait été condamnée à 15 ans de prison en 2015. Kizito Mihigo, détenu depuis 2014, avait, lui, écopé de 10 ans d’emprisonnement en 2015.

Ces libérations anticipées ont été décidées lors d’un conseil des ministres présidé par Paul Kagame le 14 septembre. Selon un communiqué du ministère rwandais de la Justice, 2 138 autres condamnés éligibles ont également bénéficié de cette mesure.

Victoire Ingabire et Kizito Mihigo ont déposé plusieurs demandes successives sollicitant une grâce

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Surnommée par ses partisans « la Aung San Suu Kyi » rwandaise, Victoire Ingabire avait été condamnée pour « conspiration contre les autorités par le terrorisme et la guerre, minimisation du génocide de 1994 et propagation de rumeurs dans l’intention d’inciter le public à la violence ».

Accusée de « divisionnisme »

Rentrée au Rwanda en janvier 2010, après une quinzaine d’années passées aux Pays-Bas, Victoire Ingabire avait, dès son arrivée, créé la polémique lors d’une intervention tenue au Mémorial de Gisozi, à Kigali, dans laquelle elle renvoyait dos à dos le génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 et les tueries commises contre les Hutu au Rwanda puis au Congo par l’Armée patriotique rwandaise.

Un discours passible de poursuites au Rwanda, au titre des lois réprimant le « divisionnisme » et le négationnisme.

Quelques mois plus tard, cette militante proche des idées de l’ancien régime rwandais était par ailleurs poursuivie pour avoir trempé dans la mise sur pieds d’une rébellion armée visant à déstabiliser, voire à renverser, le régime rwandais.

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Candidate à la présidentielle en 2010

À son retour, Victoire Ingabire avait annoncé son intention de se présenter à la présidentielle d’août 2010, où elle entendait défier Paul Kagame dans les urnes. Les poursuites judiciaires intentées contre elles ont donc été jugées par ses partisans, comme par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, comme une tentative de museler une opposante.

Une version contestée par les autorités de Kigali, et notamment par l’ancien procureur Alain Mukuralinda, auteur d’un livre exposant les griefs pesant sur la condamnée, Qui manipule qui ? Victoire Ingabire Umuhoza, des Pays-Bas au Pays des mille collines (éditions CEP).

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Le chanteur Kizito Mihigo également concerné

Autre prisonnier emblématique, Kizito Mihigo, 37 ans, est un ancien chanteur liturgique qui a contribué à la composition du nouvel hymne national, en 2001, et a longtemps été considéré comme un proche du régime.

En 2015, après que l’une de ses chansons – Igisobanuro cy’Urupfu (La Signification de la mort) a entraîné une polémique, car elle met sur un pied d’égalité le génocide et les actes de vengeance commis contre les Hutu -, il est, comme Victoire Ingabire, soupçonné de tremper dans un complot avec des opposants en exil.

Des écoutes sont produites lors de son procès, et lui même, après avoir plaidé coupable, est condamné à 10 ans de prison pour « conspiration contre le gouvernement ».

Selon une source officielle rwandaise, « Victoire Ingabire et Kizito Mihigo ont déposé plusieurs demandes successives sollicitant une grâce ». S’ils n’avaient pas encore accompli les deux tiers de leur peine, condition requise pour bénéficier d’une libération anticipée, « ils ont bénéficié d’une grâce présidentielle, conformément à la Constitution. »

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