Corruption en Algérie : Farid Bedjaoui, proche de Chakib Khelil, condamné à cinq ans de prison

L’homme d’affaires Farid Bedjaoui, poursuivi dans l’affaire Saipem-Sonatrach notamment pour avoir versé plusieurs millions de pots-de-vin, a été condamné le 19 septembre par le tribunal de Milan à cinq ans et cinq mois de prison.

Le siège du géant algérien des hydrocarbures Sonatrach, à Alger. © Lindsay Mackenzie/Redux-REA

Le siège du géant algérien des hydrocarbures Sonatrach, à Alger. © Lindsay Mackenzie/Redux-REA

FARID-ALILAT_2024

Publié le 19 septembre 2018 Lecture : 2 minutes.

La justice italienne a rendu mercredi 19 septembre son verdict dans le cadre de l’affaire Saipem-Sonatrach, au terme de plusieurs années d’instruction. Le tribunal de Milan a condamné Farid Bedjaoui, homme d’affaires d’origine algérienne mais possédant trois autres nationalités (française, canadienne et libanaise), à cinq ans et cinq mois de prison par contumace.

Ses deux complices, Samyr Ouraied et Omar Habour, poursuivis dans la même affaire, ont été respectivement condamnés à quatre ans et un mois de prison.

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Le groupe pétrolier italien ENI et son ex-patron Paolo Scaroni ont néanmoins été acquittés de l’accusation de corruption internationale en Algérie.

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Farid Bedjaoui, 48 ans, a lui été condamné pour son rôle d’intermédiaire ou de facilitateur dans le cadre de sept contrats obtenus par la firme italienne Saipem auprès du groupe pétrolier algérien Sonatrach, pour un montant total de 8 milliards d’euros. Le tribunal de Milan a ordonné la confiscation des 197 millions d’euros versés par Saipem à Farid Bedjaoui en échange de ses interventions dans ces contrats.

Visé par un mandat d’arrêt international

Farid Bedjaoui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis en 2014 par les procureurs du tribunal de Milan. Mystérieusement, ce mandat d’arrêt qui figurait sur le site internet d’Interpol n’est plus disponible sur la plateforme de cette organisation depuis août 2018. Interrogé par Jeune Afrique sur la disparition de cette notice, l’Organisation internationale de police criminelle n’a pas donné suite à notre requête.

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Réfugié très probablement aux Émiratis où il possède des biens, Farid Bedjaoui n’a pas assisté à son procès.

Le procureur Fabio de Pasquale Giordano Baggio – le même qui a fait tomber Silvio Berlusconi –, l’accuse d’avoir versé plusieurs millions d’euros de pots-de-vin et des rétrocommissions à des responsables italiens et algériens, prélevés sur les 197,9 millions d’euros obtenus via sa société écran Pearl Partners basée à Hong Kong, pour avoir joué les intermédiaires entre Saipem et Sonatrach.

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Corruption

Entre 2007 et 2009, le groupe italien avait en effet conclu sept contrats d’une valeur de 8 milliards d’euros avec Sonatrach. En contrepartie, 197,9 millions d’euros avaient été virés sur des comptes que Bedjaoui détenait notamment en Europe et en Asie.

Selon la justice italienne, une partie de cet argent a servi à corrompre des responsables de Saipem ainsi que Chakib Khelil, ex-ministre algérien de l’Énergie et des Mines (entre 1999 et 2000), réfugié aux États-Unis, ainsi que des proches de ce dernier. Une autre partie aurait permis d’acquérir des œuvres d’art et des biens immobiliers en France, aux États-Unis, au Canada, aux Émirats ou aux Bahamas.

Le partenariat fructueux entre Bedjaoui et les dirigeants de Saipem n’aurait pas été rendu possible sans l’aide précieuse de Chakib Khelil. C’est à l’hôtel California de Paris et au Bulgari Hotel de Milan que Bedjaoui négociait avec les patrons de Saipem, en présence de Chakib Khelil.

La justice italienne n’est pas la seule à poursuivre Farid Bedjaoui, neveu de l’ancien ministre des Affaires étrangères Mohamed Bedjaoui. En Algérie, il fait également l’objet de poursuites judiciaires pour son implication présumée dans des affaires de corruption liées à des contrats accordés par Sonatrach à des compagnies étrangères durant la dernière décennie. Le parquet d’Alger a lui aussi lancé un mandat d’arrêt contre Farid Bedjaoui, en août 2013.

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