Maroc : la police en opération séduction

La police marocaine, engagée dans une vaste réforme pour améliorer son image et se rapprocher de citoyens parfois encore méfiants, organise du 26 au 30 septembre à Marrakech ses deuxièmes « Journées portes ouvertes ».

Un policier apprend les règles de circulation à de jeunes cyclistes, à l’occasion des deuxièmes Journées portes ouvertes de la police marocaine. © DR

Un policier apprend les règles de circulation à de jeunes cyclistes, à l’occasion des deuxièmes Journées portes ouvertes de la police marocaine. © DR

Publié le 28 septembre 2018 Lecture : 2 minutes.

En deux jours, près de 20 000 curieux ont déjà afflué dans la Ville ocre. C’est la deuxième fois que la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), dirigée par Abdellatif Hammouchi, se prête à un tel exercice. L’an dernier, la première édition avait attiré « quelque 80 000 visiteurs », selon Maghreb arabe presse (MAP), l’agence de presse officielle marocaine.

L’amélioration de l’image du policier et de la qualité des services fournis aux administrés est devenue l’une des lignes directrices de la réforme de la police, entamée en 2015. C’est ainsi que la DGSN « a notamment engagé la redynamisation du centre de relation téléphonique « 19 »», précise la MAP.

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Les agents jouent aussi la carte du charme : pour la première fois, le groupe d’intervention rapide de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) présente au public ses outils utilisés dans la lutte contre le terrorisme. Autant de gadgets technologiques qui amusent ou fascinent.

Un agent de la DGST présente son équipement au public, lors des Journées portes ouvertes de Marrakech. © DR

Un agent de la DGST présente son équipement au public, lors des Journées portes ouvertes de Marrakech. © DR

La police de proximité devrait devenir petit à petit une réalité plus concrète. Quant à la DGSN, l’institution pourrait bientôt jouir d’un nouveau siège. Au printemps 2018, le projet de lancer la construction d’un bâtiment pour accueillir l’ensemble des services de la police a en effet connu une accélération.

Fin de l’impunité

Les rapports entre citoyens et agents sont encore parfois houleux. En 2017, les forces de l’ordre ont fait face à des émeutiers déterminés, notamment durant l’épisode du Hirak dans le Rif, alors que les manifestations sociales et politiques sont généralement calmes au Maroc.

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La même année, la DGSN avait annoncé des changements censés transformer les rapports entre citoyen et agents. « Un insigne métallique sur le torse indiquant l’identité et le matricule de son porteur » doit notamment permettre d’identifier chaque policier.

Une policière sur son stand à Marrakech, fin septembre 2018. © DR

Une policière sur son stand à Marrakech, fin septembre 2018. © DR

Peu de temps avant, en décembre 2016, plusieurs responsables de la police ont été démis de leurs fonctions après de « graves dysfonctionnements » et des « manquements professionnels ». Aucune précision n’a cependant été fournie sur les faits qui leur sont reprochés. Mais le fond du message semble clair : fin de l’impunité d’un côté, transparence de l’autre.

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Transparence et réactivité

En juillet 2017, la DGSN avait aussi dû réagir après la fuite dans les médias d’un document partiel, attribué au Conseil national des droits de l’homme (CNDH), institution constitutionnelle indépendante, attribuant à des éléments des forces de l’ordre des violences à l’encontre des activistes du Hirak rifain.

Par voie de communiqué, la DGSN avait alors fait part de « son rejet catégorique des accusations et allégations graves à l’encontre de ses services et ses fonctionnaires, avancées comme sûres par certains, en se référant à un document partiel attribué au Conseil national des droits de l’homme qui a fait l’objet d’une fuite en dehors du cadre officiel, empreinte d’abus ».

Le CNDH est par ailleurs l’un des acteurs mobilisés dans la transformation globale de la police marocaine. Des centaines de fonctionnaires participent ainsi à des formations encadrées par le Conseil, autour de thèmes comme « la sécurité et les droits de l’homme ». Un large processus de réforme interne et d’efforts de communication, dans lequel s’inscrit donc cette deuxième opération Portes ouvertes.

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