Tunisie : Slim Azzabi, l’allié de Youssef Chahed, quitte Béji Caïd Essebsi
Le chef de cabinet du président de la République tunisienne, Slim Azzabi, a annoncé sa démission mardi 9 octobre. Nouveau signe d’affaiblissement de Béji Caid Essebsi et de Nidaa Tounes, son parti, ce départ pourrait annoncer une nouvelle entrée dans la course aux élections, aux cotés de Youssef Chahed.
Jeudi encore, Slim Azzabi a été aperçu à son bureau du palais présidentiel au poste de chef de cabinet qu’il occupe depuis février 2016. Homme de confiance, il y avait été nommé par Béji Caïd Essebsi dont il avait été premier conseiller après avoir travaillé dans le premier cercle de son équipe de campagne en 2014.
Souvent décrit comme un « homme de l’ombre », Slim Azzabi reste discret. Il n’a pas donné d’explications publiques sur sa démission, annoncée mardi mais dont la date d’entrée en effet n’est pas encore confirmée. Carthage n’a pas non plus commenté cette annonce.
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Toujours est-il qu’elle suscite la polémique et semble être un signe d’isolement de plus d’un chef de l’État dont le parti, Nidaa Tounes, a des airs de passoire après la perte de dizaines de députés. Même si Slim Azzabi, lui, n’a jusqu’à présent pas exprimé sa volonté de quitter la formation.
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase
Le communiqué publié par Nidaa Tounes à propos de la rencontre entre le chef de l’État et le leader d’Ennahda Rached Ghannouchi, lundi 8 octobre, a certainement précipité cette démission. Le texte scellant la fin du consensus n’aurait pas dû émaner du parti mais du bureau de la présidence, estiment nombre d’observateurs.
Slim Azzabi était au palais de Carthage l’homme de Youssef Chahed et non pas de Béji Caïd Essebsi
« Ça nous remet dans une situation du parti-État, cette confusion n’est pas permise dans une démocratie », s’indigne le député Mahmoud El May président du Conseil national du parti d’opposition Joumhouri, qui rappelle que « quand un chef d’État est élu, il devient président de tous les Tunisiens. Ce qui implique le respect d’un protocole ».
L’homme a côtoyé Slim Azzabi après la révolution. Ils ont fait leurs gammes en politique ensemble au sein du parti Républicain – aux côtés de l’actuel Premier ministre Youssef Chahed -, avant sa fusion en 2012 avec Joumhouri. Aujourd’hui il estime que le chef de cabinet du président cherchait de toute façon une porte de sortie après avoir été « mis à l’écart ».
C’est ce que croit aussi Mongi Harbaoui, porte-parole de Nidaa Tounes selon qui Slim Azzabi s’en était ouvert de longue date à des membres du parti. D’après lui, la raison de ce départ est ailleurs : « Je pense qu’il était au palais de Carthage l’homme de Youssef Chahed et non pas de Béji Caïd Essebsi ».
L’allié de Chahed
C’est Chahed qui est proche de Slim Azzabi et non pas l’inverse
Camarades de parti dès 2011, Slim Azzabi et Youssef Chahed ont rejoint ensemble Nidaa Tounes à la suite de l’assassinat de Mohamed Brahmi durant l’été 2013. Ils avaient alors emboîté le pas de Saïd Aïdi, désormais leader de Bani Watani, qui y va de sa formule pour décrire leur relation : « Je dirais que c’est Chahed qui est proche de Slim Azzabi et non pas l’inverse ».
Il le voit comme le « métronome », ou encore « l’architecte du plan Chahed ». C’est Azzabi qui aurait influencé la décision de Chahed soutenir Hafedh Caid Essebsi à la tête du parti lors du Congrès de Sousse de 2016 alors qu’il travaillait déjà aux côtés du président, bien avant que leurs désaccords n’occupent la place publique.
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Le retour en grâce de l’ex-Premier ministre Habib Essid n’a rien arrangé pour Slim Azzabi
Il aurait également pesé sur l’infortune de l’ex-Premier ministre Habib Essid qui avait été remplacé la même année par son ministre des affaires locales : Youssef Chahed. Le retour en grâce d’Essid en août 2018 comme ministre conseiller spécial en charge des Affaires politiques auprès du chef de l’État n’a sans doute rien arrangé.
S’il n’a pas été ouvertement déloyal envers Béji Caïd Essebsi, la proximité de Slim Azzabi avec le chef du gouvernement devenait en tout cas intenable aux vues des tensions actuelles de l’exécutif et de Nidaa. S’agit-il dans ce contexte d’une démission ou a-t-il été poussé à prendre la porte ?
Ses relations pourraient continuer à le servir. « Je pense qu’il y a des chances pour qu’on le retrouve dans le noyau dur de la préparation des législatives aux côtés de Youssef Chahed », confie Mahmoud El May.
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Le chef du gouvernement suspendu de Nidaa le mois dernier ne s’est pas officiellement positionné dans la course aux élections de 2019, mais beaucoup lui prêtent cette intention. Au sein même de la Coalition nationale, désormais deuxième groupe à l’Assemblée, des députés souhaiteraient le voir former un parti.
« Si cette formation arrivait en second place aux législatives Ennahdha pourrait le nommer de nouveau à la tête du futur gouvernement, car le pouvoir sera de toute façon à la Kasbah », imagine déjà Mahmoud El May. En attendant, d’autres verraient bien Youssef Chahed le nommer ministre en cas de remaniement, en s’appuyant pourquoi pas sur son parcours dans la finance.
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