Tunisie : Béji Caïd Essebsi critique le remaniement mais nie tout différend avec le Premier ministre
Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a critiqué jeudi 8 novembre le remaniement décidé cette semaine par le Premier ministre Youssef Chahed, tout en démentant avoir un « désaccord » avec ce dernier.
« Je n’ai pas de désaccord avec le chef du gouvernement ! C’est moi qui l’avais proposé et je reconnais qu’il a des qualités », a déclaré Béji Caïd Essebsi lors d’une conférence de presse jeudi 8 novembre au palais présidentiel de Carthage.
Immédiatement après l’annonce du remaniement lundi soir, la présidence de la République avait fait savoir par médias interposés qu’elle ne l’approuvait pas.
Presse et médias n’ont cessé depuis de parler d’une rupture entre le président nonagénaire et le Premier ministre Youssef Chahed qu’il a propulsé à la tête du gouvernement en 2016, alors qu’il était inconnu jusque là.
Le président, tout en affirmant que « les choses ne vont pas dans la bonne direction », a ajouté : « Youssef Chahed n’est pas mon adversaire, et je ne suis pas son adversaire ». Il a martelé son désaccord quand à la façon dont le gouvernement avait été remanié. « Cela m’a déplu », a indiqué le président tunisien, se demandant « pourquoi cette précipitation ». Le Premier ministre « doit avertir le chef de l’État dans tout ce qu’il décide », a ajouté Béji Caïd Essebsi.
Tensions avant la présidentielle
Youssef Chahed a changé treize de ses ministres, sans toucher aux ministres des Affaires étrangères et de la Défense, les deux postes pour lesquels il aurait été obligé de consulter le président selon la Constitution.
Le président a néanmoins assuré qu’il n’entraverait pas la mise en place du nouveau gouvernement, une fois qu’il serait avalisé par le Parlement. « Si l’Assemblée des représentants du peuple a décidé que c’était quelque chose de bien, je n’irai pas à l’encontre de sa décision », conformément à la Constitution, a-t-il souligné.
Nommé chef d’un gouvernement d’union nationale en août 2016, Youssef Chahed a dépassé en longévité tous ses prédécesseurs depuis la chute de Ben Ali en 2011.
À l’approche des scrutins présidentiel et législatif de 2019, cette instabilité politique risque d’aller crescendo dans les mois à venir et inquiète observateurs et bailleurs de fonds, car la Tunisie reste fragilisée par un chômage et une inflation qui exacerbent des tensions sociales fortes.
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