Afrique du Nord : des perspectives de croissance « inégales et fragiles » d’après le FMI

Si le Fonds monétaire international anticipe une hausse de l’activité des économies de l’Afrique du Nord, qu’elles soient exportatrices ou importatrices de brut, de nombreux facteurs viennent peser sur ces perspectives : sanctions contre l’Iran, risques géopolitiques, tensions commerciales, resserrement des conditions financières…

Exploitation d’hydrocarbures en Algérie (Sonatrach). © JF ROLLINGER pour JA

Exploitation d’hydrocarbures en Algérie (Sonatrach). © JF ROLLINGER pour JA

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Publié le 13 novembre 2018 Lecture : 2 minutes.

« L’activité économique dans les pays exportateurs de pétrole de la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (MOANAP) devrait se raffermir cette année et l’année prochaine », explique le FMI, dans ses perspectives économiques régionales publiées le 13 novembre. La croissance du PIB devrait atteindre 1,4 % en 2018 et 2 % en 2019, contre 1,2 % en 2017, grâce à une hausse de la production pétrolière et à un rebond de l’activité hors pétrole.

La croissance dans les pays importateurs de pétrole de la région devrait se poursuivre à un rythme modeste en 2018 puis s’affermir légèrement sur le long terme, atteignant 4,5 % en 2018, contre 4,1 % en 2017, avant de ralentir à 4 % en 2019. « La croissance est inégale et devrait rester faible par rapport aux tendances passées, tandis que le chômage demeure élevé ».

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Embellie des cours du pétrole

L’embellie récente des cours du pétrole a des effets opposés selon que les pays exportent ou importent du pétrole. « Les prix du pétrole ayant augmenté sensiblement depuis 2016, la plupart des pays de la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (MOANAP) ont enregistré des améliorations tangibles de leurs positions extérieures », même si ces positions restent fragiles dans certains pays, et notamment en Algérie.

La hausse des exportations a permis d’atténuer l’impact de l’augmentation des prix du pétrole sur le solde extérieur des pays importateurs de pétrole, tels que le Maroc ou la Tunisie. « Le déficit courant devrait reculer à 6,5 % du PIB en 2018, par rapport à 6,6 % l’an dernier, avant de baisser encore à 6,1 % en 2019. » Mais les dépenses concernant les importations de pétrole restent fortes : « Si les prix du pétrole venaient à augmenter de 10 dollars sur l’année 2019 (au lieu de rester stable), les déficits courants de la région pourraient se détériorer de 0,1 % à 1,6 % du PIB ».

Multiplication des risques

« La région est confrontée à des risques multiples et interdépendants ». Selon le FMI, les éventuels débordements liés au retour des sanctions sur l’Iran et à la persistance des risques géopolitiques pourraient entraîner des pressions à la hausse sur les prix du pétrole. Cependant, ces facteurs, ainsi que la hausse des tensions commerciales, sont susceptibles de réduire la demande mondiale, ce qui pourrait causer une chute du prix du baril.

« Certains pays se retrouvent fortement exposés à un nouveau resserrement des conditions financières ou à une montée de l’aversion pour le risque, ce qui pourrait entraîner et une inversion des flux de capitaux », notamment en Tunisie, indique le FMI, mettant à mal le bilan des banques ou des entreprises privées.

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Assainir les finances publiques

Malgré tout, « des marges existent pour assurer un assainissement des finances publiques à la croissance et plus équitable », note le Fonds. En particulier, achever la réforme des subventions énergétiques en Tunisie, en adoptant un mécanisme d’ajustement automatique des prix du carburant permettrait « de créer l’espace pour un accroissement des dépenses favorables à la croissance ».

Le Fonds juge également nécessaire « d’améliorer l’infrastructure et l’éducation, ainsi que de renforcer la gouvernance et les institutions ». L’organisation internationale salue la nouvelle loi en Tunisie encadrant la faillite et l’insolvabilité, qui facilite la restructuration des entreprises en difficulté. En Algérie, il faut s’attaquer à la masse salariale dans la fonction publique, qui emploie plus de 25 % de la main-d’œuvre juge le FMI.

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