Algérie : la désignation de Mouad Bouchareb à la tête du FLN est-elle irrégulière ?

À la suite de la démission de Djamel Ould Abbès de la direction du Front de libération nationale (FLN), Mouad Bouchareb, le nouveau président de l’Assemblée, a été désigné pour assurer l’intérim. Sauf que celui-ci n’est ni membre du bureau politique du FLN ni du comité central, ce qui est contraire aux statuts du parti.

Mouad Bouchareb, le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), a été désigné pour assurer l’intérim à la tête du FLN. © Capture écran/YouTube/Algérie Bladna

Mouad Bouchareb, le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), a été désigné pour assurer l’intérim à la tête du FLN. © Capture écran/YouTube/Algérie Bladna

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Publié le 16 novembre 2018 Lecture : 4 minutes.

Le Front de libération nationale (FLN) n’en a pas terminé d’être dans la tourmente. Deux jours après la démission de Djamel Ould Abbès de la direction du parti, la désignation du secrétaire général chargé de l’intérim pourrait être irrégulière, n’étant pas conforme aux statuts du parti.

En attendant de nouvelles instructions, Mouad Bouchareb, le président de l’Assemblée populaire nationale (APN) depuis le 24 octobre dernier et député du FLN pour la troisième fois, a en effet été désigné comme « coordinateur provisoire » du FLN. On ignore encore qui a choisi Bouchareb et les raisons qui ont présidé à sa désignation. La présidence de la République n’a commenté ni le départ de Djamel Ould Abbès ni son remplacement temporaire par le président de l’APN. Étant donné le caractère hautement politique de ces deux décisions, elles ne pourraient émaner que de l’entourage direct du chef de l’État, notamment de son frère cadet et conseiller spécial Saïd Bouteflika.

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Bouchareb ni membre du bureau politique ni du comité central du FLN

Toutefois, l’intérim qu’assure Mouad Bouchareb ne semble pas être conforme aux statuts de l’ex-parti unique. L’article 36 de la loi organique du FLN stipule en effet qu’en cas de vacance du poste de secrétaire général, l’intérim doit être assuré par le membre le plus âgé du bureau politique (BP). Une session extraordinaire du comité central (CC) doit alors se tenir dans un délai de 30 jours pour élire un nouveau secrétaire général parmi ses membres.

L’article 36 de la loi organique du FLN.

L’article 36 de la loi organique du FLN.

Or Mouad Bouchareb, âgé de 47 ans, n’est pas éligible du fait de son âge. Mieux encore, il n’est ni membre du bureau politique ni du comité central du FLN.

Membre du BP du FLN et ancien combattant durant la guerre de libération, Saïd Bendaida, qui dit avoir au moins 70 ans, est par exemple l’un de ceux qui pourraient prétendre à l’intérim de Djamel Ould abbès.

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« Ce n’est pas la première fois que les statuts du FLN sont bafoués »

« Ce n’est pas la première fois que les statuts du FLN sont bafoués, observe un ancien ministre qui a été évincé du comité central par Djamel Ould Abbès. La désignation de ce dernier en octobre 2016 était à titre provisoire mais il y est resté. Depuis deux ans, il a agi dans l’illégalité. Il n’a jamais réuni le comité central pour élire le secrétaire général comme le stipule justement l’article 36 de la loi organique. »

Nous ne sommes pas à une entorse près

Ce n’est pas la première fois que le poste de secrétaire général du parti se retrouve vacant. Au lendemain de la destitution par vote d’Abdelaziz Belkhadem en janvier 2013, la direction du parti avait été confiée à Abderrahmane Belayat. Il avait alors agi comme coordinateur provisoire jusqu’à la désignation d’Amar Saadani comme secrétaire général, en août 2013. À l’époque, les responsables du FLN avaient respecté le fond et la forme. Membre le plus âgé du bureau politique, Abderrahmane Belayat avait ainsi été désigné intérimaire après une réunion de ses pairs. « Nous sommes face aujourd’hui à une situation d’exception qui nécessite des dispositions particulières, explique encore cet ancien ministre pour justifier cette entorse au règlement. Nous ne sommes pas à une entorse près. »

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Le 24 octobre dernier, l’élection de Mouad Bouchareb à la tête de l’Assemblée a en effet été l’aboutissement d’un coup de force contre le président légitime Saïd Bouhadja. Contesté par des députés d’une coalition formée par le FLN-RND-TAJ et MPA, ce dernier avait été empêché de se rendre à son bureau à l’Assemblée et les portes de son bâtiment avaient été fermées par un cadenas. Au terme d’un bras de fer qui a provoqué une crise politique, Bouhadja a été évincé de son poste en violation du règlement intérieur de l’Assemblée. La violation des statuts et des textes réglementaires aura prévalu aussi bien durant le débarquement de Saïd Bouhadja que lors de la désignation de son successeur à la place de Djamel Ould Abbès.

Abdelkader Hadjar approché par Saïd Bouteflika

Si la désignation de Bouchareb est une surprise, le départ de Djamel Ould Abbès l’est moins. La fin de sa mission avait été actée dès la fin du mois d’octobre. Selon nos informations, Abdelkader Hadjar, actuel ambassadeur d’Algérie à Tunis et ténor du FLN, a été approché il y a deux semaines par Saïd Bouteflika pour lui proposer de prendre la place de Ould Abbès.

Présent en France pour des raisons familiales, Hadjar n’a pas formellement décliné la proposition. Il a demandé du temps afin de régler ses affaires avant de rentrer à Alger. Le nom de Hadjar est déjà sorti des radars l’été dernier quand il a été pressenti pour prendre la place de Djamel Ould Abbès.

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