Algérie : « Le pays s’achemine petit à petit vers la pente du Venezuela »

Les réserves de change de l’Algérie s’érodent à un rythme tel qu’elles risquent d’être totalement asséchées à l’horizon 2023. Les conséquences d’une telle perspective seraient tellement lourdes sur les plans économique et politique que des spécialistes n’excluent pas, toutes proportions gardées, un scénario semblable à celui du Venezuela.

Vue du port d’Alger, un centre stratégique de l’économie algérienne. © Jaysen Naidoo/Flickr/CC

Vue du port d’Alger, un centre stratégique de l’économie algérienne. © Jaysen Naidoo/Flickr/CC

FARID-ALILAT_2024

Publié le 19 novembre 2018 Lecture : 5 minutes.

Le pays d’Hugo Chavez, dont le modèle économique et politique ressemble à celui de l’Algérie, est plongé dans la tourmente suite à l’effondrement des cours du pétrole et l’épuisement de ses réserves de change. Pénuries, inflation démentielle, émeutes, troubles politiques, crise migratoire… Le Venezuela vit le chaos.

>>> À LIRE – Le Venezuela poursuit sa course folle à l’abîme

Dans son dernier rapport, daté du lundi 19 novembre, l’International crisis group (ICG) avertit que l’Algérie risque d’entrer dans une crise économique dès l’année 2019, qui coïncide avec l’élection présidentielle. L’économiste et expert financer Omar Berkouk décrypte pour Jeune Afrique l’érosion de ces réserves de change et son impact sur le pays.

Jeune Afrique : Les réserves de change de l’Algérie, qui étaient de 194 milliards de dollars (environ 170 milliards d’euros) début 2014, tomberont à 62 milliards de dollars en 2019. En cinq ans, elles auront ainsi fondu de 132 milliards de dollars, soit une moyenne de 26 milliards de dollars par an. Comment expliquer ce phénomène ?

Omar Berkouk : La fonte du montant des réserves de change s’explique globalement par la détérioration de la balance commerciale, du déficit structurel de la balance des services et des capitaux. Lors de la dernière année d’excédent commercial (+4,3 milliards de dollars), en 2014, les cours du pétrole se sont effondrés au mois de juillet. Il s’en est suivi une série d’années déficitaires, en dépit de la mise en place, à partir de 2016, d’une politique restrictive en matière d’importations.

L’Algérie n’a qu’une seule source de revenus : la vente des hydrocarbures, dont le prix et la devise de facturation sont hors de son contrôle

À ces déficits commerciaux, il faut ajouter 12 à 15 milliards de dollars de services et de balance des capitaux, ce qui a conduit à des déficits de balance de paiement de l’ordre de 25 milliards de dollars en moyenne annuelle. Du point de vue comptable, ces chiffres ne reflètent que la situation d’un pays qui dépense plus que ce qu’il gagne. Les réserves de change ne sont que ses moyens vitaux de paiement vis-à-vis du reste du monde, pour acquérir les biens et services dont il a besoin pour faire tourner son économie et nourrir sa population. L’Algérie n’a qu’une seule source de revenus : la vente des hydrocarbures, dont le prix et la devise de facturation sont hors de son contrôle.

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