Transfert d’argent : une association française de consommateurs porte plainte contre Western Union et MoneyGram

L’association UFC-Que choisir a annoncé avoir porté plainte contre Western Union et MoneyGram pour « pratiques commerciales trompeuses », pointant notamment une faible concurrence dans les transferts d’argent internationaux et des tarifs élevés, qui varient du simple au double en fonction des pays.

Une publicité Western Union au Bénin en 2012. © Photo de Jacques Torregano

Une publicité Western Union au Bénin en 2012. © Photo de Jacques Torregano

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Publié le 27 novembre 2018 Lecture : 4 minutes.

L’association de consommateurs française UFC-Que choisir a publié le 27 novembre une étude consacrée aux transferts d’argent internationaux. « Il s’agit communément d’envois entre proches (résidents d’origine étrangère, parents envoyant de l’argent à des enfants étudiants à l’étranger, etc.) pour des opérations ponctuelles ou récurrentes », note-t-elle dans son analyse.

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L’organisation annonce avoir déposé plainte contre Western Union et MoneyGram pour « pratiques commerciales trompeuses » et appelle les pouvoirs publics à « créer les conditions d’une concurrence salutaire ». « Ni Western Union, ni MoneyGram n’informent lisiblement leurs clients de la perception de frais sur le change », note l’UFC-Que choisir. Au total, les frais de change des sociétés de transferts sont 2,5 % fois plus élevés que pour les sociétés en ligne, et même 7 fois plus que les frais de change facturés par les banques.

Sur ces frais, l’association fait le constat d’une « anesthésie » de la concurrence, en témoigne une disparité des tarifs pratiqués : pour la Tunisie, ceux-ci varient selon une amplitude de 34 %, coûtant aux maximum 11,40 euros pour un virement de 170 euros chez Ria, contre 8,50 euros chez MoneyGram.

10,3 milliards transférés hors de la zone euro

L’association s’en explique. Sur les 19 milliards d’euros qui sont envoyés chaque année du territoire français vers l’étranger, 10,2 milliards d’euros sont transférés à destination d’un pays situé hors de la zone euro. « Près de la moitié de ce volume (52 %) est envoyé à destination du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie et Turquie). 1,9 milliard d’euros (19 %) sont envoyés dans la-zone Asie Pacifique (Vietnam, Chine et Inde) alors que 1,5 milliard sont envoyés en Afrique subsaharienne (Sénégal et Cameroun), soit 15 %. »

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En France, les transferts d’argent vers l’étranger (hors zone euro) des particuliers coûtent en moyenne 6,7 % du montant envoyé. Le consommateur paye pour des frais à l’acte, « qui correspondent au prix des prestations de réception, de traitement et de paiement à l’étranger », et des frais de change, « qui proviennent de la différence entre le taux de conversion appliqué par le prestataire et le taux du marché », souligne l’étude.

Les sociétés traditionnelles de transfert plus chères

Les sociétés traditionnelles de transferts (Western Union, MoneyGram, Ria, etc.) facturent un coût de 7,3 % du montant envoyé. « Le coût de cette prestation atteint jusqu’à 12,4 % dans le cadre du partenariat de La Banque postale avec Western Union ».

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De nouveaux acteurs en ligne (TransferWise, WorldRemit) sont moins chers, à 2,6 % en moyenne, mais les services sont plus limités. Ces transferts peuvent également être effectués via les établissements bancaires, qui prélèvent 6,9 % du montant envoyé en moyenne, ou les services de La Poste, qui s’octroie 5 % des sommes transférées.

Derrière ce coût moyen se cache de fortes disparités, variant du simple au double selon les destinations. Ainsi, « un transfert de 179 euros réalisé vers le Maroc coûte 8,30 euros, soit 4,9 % de la somme envoyée » ; « la même somme transférée vers l’Algérie est facturée 16,20 euros, soit 9,5 % du montant », note le rapport. Au total, les tarifs des transferts à destination de l’Algérie sont 64 % plus chers que la moyenne des frais de transferts depuis la France.

« Pour les huit principales destinations des transferts, les tarifs français sont en moyenne 14 % plus chers que chez nos voisins européens », souligne l’association. « Les tarifs les plus exorbitants se retrouvent vers l’Algérie (+11 %), le Maroc (+17 %), l’Inde (+22 %) et le Vietnam (+ 25 %). »

Pas de relation entre les volumes transférés et le prix des transferts

Pour l’organisation de consommateurs, « de graves dysfonctionnements du marché expliquent ces excès tarifaires ». Alors que plusieurs études de la Banque mondiale documentent une relation inverse entre tarifs des transferts d’argent et volumes échangés entre les deux pays, cette dynamique n’est pas à l’œuvre en France.

Ainsi, « le coût d’un transfert de fonds d’espèces à espèces vers l’Algérie (la deuxième zone de destination) atteint 9,4 % de la somme envoyée ». « À l’inverse, le coût des transferts réalisés à destination de la Côte d’Ivoire (le quinzième pays en termes de volumes envoyés) atteint seulement 5,5 % du montant envoyé. »

Conclusion de l’association : « La concurrence ne profite pas aux consommateurs sur le marché des transferts d’argent ». En cause, notamment, « la difficulté pour les consommateurs à évaluer le coût total des transferts d’argent ».

Les frais de change très peu transparents

UFC-Que choisir pointe en particulier les frais de change. Pour les seize principales destinations, ceux-ci représentent, en moyenne pondérée, 26 % de la facturation totale des frais de transferts réalisés par les consommateurs. « Ces frais atteignent jusqu’à 42 % de la facturation d’un transfert vers la Tunisie mais ne sont pas facturés pour les destinations qui disposent du franc CFA », indique l’étude.

Les acteurs du marché des transferts d’argent vers l’étranger n’usent pas des mêmes pratiques lorsqu’il s’agit d’informer les consommateurs sur les montants des frais de change qui leur sont facturés. Ainsi, près de 15 % des sociétés ne donnent aucune information quant à la facturation, d’après la Banque mondiale.

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