Le Sénégal et la Gambie inaugurent le pont de Farafenni, après 40 ans d’attente

Le « Senegambia Bridge » a été inauguré par les présidents sénégalais et gambien. Macky Sall et Adama Barrow ont été les premiers à emprunter cet ouvrage qui va très largement fluidifier les transports entre les deux pays et favoriser le désenclavement de la Casamance, dans le sud du Sénégal.

Le pont de Farafenni, en Gambie, va faciliter les transports entre le Sénégal et la Gambie et participer au désenclavement de la Casamance. © Sylvain Cherkaoui pour JA

Le pont de Farafenni, en Gambie, va faciliter les transports entre le Sénégal et la Gambie et participer au désenclavement de la Casamance. © Sylvain Cherkaoui pour JA

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Publié le 21 janvier 2019 Lecture : 4 minutes.

On ne compte plus le nombre de rubans découpés par Macky Sall ces dernières semaines. Mais s’il fallait n’en retenir qu’un parmi les musées, tronçons de routes et infrastructures portuaires récemment inaugurés par le président Sénégalais, il s’agirait sûrement du « Senegambia Bridge », ou pont de Farafenni, inauguré ce lundi 21 janvier en compagnie du chef de l’État gambien Adama Barrow. Autour de 16 h 30 (heure de Dakar), les deux présidents ont officiellement déclaré l’ouverture de l’édifice sénégambien, avant d’entamer quelques pas symboliques sur l’asphalte du pont.

Neuf cent quarante-trois mètres de bitume qui s’élancent d’une rive à l’autre du fleuve Gambie -1 758 m de structure, au total-, reliant les villes gambiennes de Farafenni et de Soma. Censé favoriser le transport et les échanges commerciaux entre les deux pays, le géant de béton a été baptisé par les présidents sénégalais et gambiens.

Macky Sall et Adama Barrow, lors de l'inauguration du pont de Farafenni, le 21 janvier 2019. © Sylvain Cherkaoui pour JA

Macky Sall et Adama Barrow, lors de l'inauguration du pont de Farafenni, le 21 janvier 2019. © Sylvain Cherkaoui pour JA

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Tout au long de la journée, représentants politiques, chefs d’entreprises et représentants de bailleurs se sont succédé pour saluer la réalisation de l’ouvrage et la collaboration entre les deux pays. Parmi les nombreuses personnalités présentes, le Premier ministre sénégalais, Mahammed Boun Abdallah Dionne, qui avait lancé les travaux de l’ouvrage, et la vice-présidente gambienne Fatoumata Tambajan. Le maire de Zinguinchor, en Casamance, Abdoulaye Baldé, ou encore les ministres des transports gambien, Bay Lamine Diop, et sénégalais, Abdoulaye Daouda Diallo. Quelques célébrités avaient également été conviées, à l’instar d’Aliou Cissé, sélectionneur de l’équipe nationale de football sénégalaise et du chanteur Youssou Ndour.

40 ans d’attente et 39 milliards de F CFA

Le pont de Farafenni, en Gambie. © Sylvain Cherkaoui pour JA

Le pont de Farafenni, en Gambie. © Sylvain Cherkaoui pour JA

Toutes les grandes œuvres habitent d’abord les lieux du rêve. Ce pont est l’une de ces œuvres

Une cérémonie en grandes pompes. Il faut dire que l’édifice était attendu depuis longtemps. « Toutes les grandes œuvres habitent d’abord les lieux du rêve. Ce pont est l’une de ces œuvres », a lancé un Macky Sall lyrique lors de son discours inaugural.

Le projet a d’abord été envisagé dans les années 1970 et a avancé au gré des soubresauts diplomatiques entre le Sénégal et la Gambie. Jusqu’au 20 février 2015, date de la pose de la première pierre, confié au groupement d’entreprises hispano-sénégalais Corsan/Arezki.

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39 milliards de F CFA de la Banque africaine de développement (BAD) et quelque cinq années plus tard, les premiers véhicules devraient emprunter dès ce mardi 22 janvier le monumental ouvrage de béton, qui a mis à l’oeuvre 934 travailleurs.

Ziguinchor à huit heures de Dakar

Il y avait foule pour l'inauguration du pont de Farafenni, en présence des président sénégalais et gambien, lundi 21 janvier 2019. © Sylvain Cherkaoui pour JA

Il y avait foule pour l'inauguration du pont de Farafenni, en présence des président sénégalais et gambien, lundi 21 janvier 2019. © Sylvain Cherkaoui pour JA

L’un des futurs usagers, présent à l’inauguration, brandissait une pancarte enthousiaste : « Casa sans escale, merci prési »

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Ce nouveau couloir transgambien répond aux doléances des Gambiens et Sénégalais de la région, tant il est censé fluidifier la circulation des hommes et des biens, en réduisant la durée du trajet. « En ce jour historique, le pont met fin à des centaines d’années de difficultés de circulation pour le Sénégalais et Gambiens », a même salué Adama Barrow.

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Jusque-là, deux options permettaient de rejoindre l’autre rive du fleuve Gambie. La route, en contournant la Gambie et en passant par Tambacounda, soit une douzaine d’heures pour relier Dakar à Ziguinchor en Casamance.

Le trajet Dakar-Ziguinchor en contournant la Gambie : si vous ne parvenez pas à visionner la carte, cliquez ici.

Ou les vieux bacs motorisés gambiens qui assurent poussivement la traversée. Vétustes et surchargés, ils posent de sérieux problèmes de sécurité et l’attente pour y parvenir est un calvaire pour les usagers, habitués à attendre plusieurs heures avant de pouvoir embarquer.

Le trajet Dakar-Ziguinchor via les bacs gambiens : si vous ne parvenez pas à visionner la carte, cliquez ici.

Or, ce nouvel ouvrage devrait placer Ziguinchor à huit heures environ de Dakar, de quoi changer le quotidien de nombreux usagers. L’un d’entre eux, présent à l’inauguration, brandissait ainsi une pancarte enthousiaste sur laquelle on pouvait lire : « Casa sans escale, merci prési ».

En plus de tracer une ligne directe entre les deux rives, le « Senegambia Bridge » devrait réduire de 50% le coût de la traversée et faciliter les échanges commerciaux entre les deux pays. « Le Senegambia Bridge permettra de générer des revenus et de limiter les pertes économiques pour les voyageurs et les États », a assuré le président gambien.

Le trajet Dakar-Ziguinchor entièrement par la route via le pont de Farafenni : si vous ne parvenez pas à visionner la carte, cliquez ici.

Farafenni sera un pont à péage dont les tarifs seront déterminés et gérés entièrement par la Gambie, l’ouvrage étant implanté sur son territoire. Cependant, « les tarifs seront discutés entre les gouvernements sénégalais et gambien afin de trouver le prix optimal permettant de pérenniser l’ouvrage pour son entretien et de favoriser aussi le développement de nos pays respectifs par une libre circulation des personnes et des biens », a expliqué au quotidien gouvernemental sénégalais Le Soleil, Cheikh Tidiane Thiam, chef de projet à l’Agence sénégalaise des travaux et de gestion des routes (Ageroute), impliqué dans la construction de l’ouvrage.

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