Pourquoi la visite du pape François aux Émirats arabes unis est historique

Le pape François sera aux Émirats arabes unis à partir de dimanche soir. Un déplacement pendant lequel il va chercher à renforcer davantage les liens inter-religieux. Il s’agit de sa première visite dans la péninsule arabique.

Le pape François, au Vatican, le 30 juin 2016. © Gregorio Borgia/AP/SIPA

Le pape François, au Vatican, le 30 juin 2016. © Gregorio Borgia/AP/SIPA

Publié le 1 février 2019 Lecture : 4 minutes.

Le pape François entamera dimanche soir un voyage historique aux Émirats arabes unis, première visite d’un souverain pontife dans la péninsule arabique, pendant laquelle il va chercher à renforcer davantage les liens avec l’islam.

Cette visite « ne pouvait mieux tomber », a déclaré Mgr Paul Hinder, évêque du Vicariat apostolique d’Arabie du sud, qui comprend les Émirats arabes unis, Oman et le Yémen. « Je suis heureux (…) d’écrire sur votre chère terre une nouvelle page d’histoire entre les religions, confirmant que nous sommes des frères tout en étant différents », a déclaré jeudi le pape dans un message vidéo destiné au peuple émirati.

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Il est attendu à Abou Dhabi, capitale des Émirats arabes unis, pour un séjour qui devrait se dérouler jusqu’à mardi. Il participera à une rencontre inter-religieuse et retrouvera le grand imam sunnite d’Al-Azhar, cheikh Ahmed al-Tayeb, à qui il avait déjà rendu visite en Égypte en 2017.

Le souverain pontife a fait du rapprochement entre l’islam et le catholicisme, deux des plus grandes religions, une pierre angulaire de sa papauté. Il a dit croire que la rencontre inter-religieuse prévue lundi reflétera « le courage et la volonté d’affirmer que la foi en Dieu unit et non divise, rapproche malgré les distinctions, éloigne de l’hostilité et de l’aversion ».

Le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed ben Zayad Al-Nahyane, qui a invité le pape aux Émirats, a salué en lui, dans un tweet jeudi, un « homme de paix et d’amour », espérant que « les générations à venir prospéreront dans la paix et la sécurité ». Les Émirats ont été régulièrement critiqués ces dernières années par des ONG en Occident pour leur intervention militaire au Yémen aux côtés des Saoudiens.

Des millions d’expatriés vivent dans ce pays du Golfe, dont d’importantes communautés sont originaires d’Inde et des Philippines

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Contrairement à l’Arabie saoudite voisine, qui interdit la pratique d’autres religions que l’islam, les Émirats arabes unis, où l’immense majorité de la population est composée de travailleurs étrangers, soignent leur image et cherchent à projeter des valeurs de tolérance religieuse et de diversité culturelle. Le pays, qui s’enorgueillit d’avoir un ministre de la Tolérance, a ainsi déclaré 2019 « Année de la Tolérance ».

Des millions d’expatriés vivent dans ce pays du Golfe, dont d’importantes communautés sont originaires d’Inde et des Philippines. Il y a environ un million de catholiques dans cet État, adepte d’un islam plutôt modéré et dont la société est largement ouverte vers le monde extérieur.

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130 000 fidèles attendus à Abou Dhabi

Cependant, les autorités contrôlent les pratiques religieuses et répriment toute contestation politique ou exploitation de la religion, y compris par les islamistes. « Nous ne contrôlons pas les prêches du vendredi, mais nous les régulons pour le bien-être commun afin d’éviter la dissémination de discours de haine, comme nous l’avons vu dans de nombreux pays, y compris en Europe », a dit un responsable émirati.

Au dernier jour de sa visite mardi, le pape François dirigera une messe à laquelle participeront plus de 130 000 personnes, ce qui devrait être le plus grand rassemblement jamais organisé aux Emirats, selon des médias locaux. Des catholiques, qui assistaient à une messe en plein air mercredi à Dubaï, ont fait la queue pendant des heures à l’église catholique St Mary pour récupérer des billets en vue de la messe de mardi au stade Zayed Sports City à Abou Dhabi. Plus de 2 000 bus transporteront des fidèles de tout le pays jusqu’à la capitale, selon des médias locaux.

Les paroisses de tout le pays ont reçu un certain nombre de billets et l’église St-Mary en a reçu 41 000, selon le prêtre Lennie Connully. « Nous essayons de satisfaire tout le monde car il pourrait y avoir des places supplémentaires dans d’autres paroisses ».

>>> À LIRE : Le pape François est-il plus africain que ses prédécesseurs ?

Pour la Philippine Mylene Lao Estipona, 43 ans, survivante d’un cancer qui vit depuis 13 ans aux Émirats, le voyage de Dubaï à Abou Dhabi et les longues files d’attente pour voir le pape sont un petit prix à payer pour le rêve de sa vie. Elle dit que sa foi lui a donné une « seconde chance » et la force de vaincre la maladie.

Le pape argentin François, qui est entré dans l’histoire quand il a été nommé premier souverain pontife d’Amérique latine en 2013, est souvent décrit comme le « pape du peuple ». Les latino-américains « sont des gens très différents, très sympathiques, qui se font facilement des amis. C’est ce qu’on voit chez le pape François », assure pour sa part le prêtre Lennie Connully.

Depuis le début de son pontificat, le pape s’est rendu à plusieurs reprises dans des pays dont la population est majoritairement musulmane, comme l’Égypte, l’Azerbaïdjan, le Bangladesh et la Turquie. En mars, il est attendu au Maroc.

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