[Tribune] RDC : une transition réussie et le principe de subsidiarité renforcé

Lors du dernier scrutin électoral en RDC, la souveraineté du pays a en partie pu être préservée grâce à la force du principe de subsidiarité que la SADC a défendu contre l’avis de la présidence de la Commission de l’UA et celui de la communauté internationale, selon Francine Muyumba.

Félix Tshisekedi, brandissant la Constitution de la RDC lors de son investiture, le 25 janvier 2019 à Kinshasa. © Jerome Delay/AP/SIPA

Félix Tshisekedi, brandissant la Constitution de la RDC lors de son investiture, le 25 janvier 2019 à Kinshasa. © Jerome Delay/AP/SIPA

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  • Francine Muyumba

    Francine Muyumba est présidente de l’Union panafricaine de la Jeunesse (UPJ).

Publié le 4 février 2019 Lecture : 3 minutes.

Près de soixante ans après l’indépendance, les Congolais ont connu une transition politique pacifique après un processus électoral certainement perfectible mais ô combien historique. En effet, au-delà de l’alternance politique, ce scrutin a révélé le déphasage inquiétant de certaines organisations internationales et de nombreuses chancelleries, pour la plupart occidentales. Ces acteurs peinent à saisir la profondeur des mutations sociétales. « Kabila se maintiendra coûte que coûte », « Kabila fera passer son dauphin en force », « Kabila a nommé Tshisekedi »… Que n’avons-nous pas entendu et parfois d’autorités qui devraient faire preuve de plus de réserve.

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De nombreux observateurs continuent de promettre le chaos. Ils ont tout faux ! N’en déplaise à M. Mo Ibrahim, les bottes dans l’est du Congo resteront silencieuses. « Dans les démocraties, chaque génération est un peuple nouveau », alors qu’il lui tient tant à cœur d’être le porte-voix de notre génération, je voudrais lui assurer qu’en RDC, nous avons fait un choix résolu et irréversible. Nous continuerons à construire une nation à notre image et nous veillerons à toujours aller de l’avant dans la construction de la démocratie à la Congolaise et non pas une version tropicalisée de ce qui se fait à travers le monde.

La souveraineté de la RDC a été préservée grâce à l’inflexibilité des autorités congolaises qui ont défendu les institutions nationales afin d’éviter toute ingérence extérieure

Une souveraineté préservée

La souveraineté de la RDC a été préservée grâce à l’inflexibilité des autorités congolaises qui ont défendu les institutions nationales afin d’éviter toute ingérence extérieure dans le processus électoral, la gestion du contentieux postélectoral a suivi son cours normal. Elle a aussi été préservée grâce à la force du principe de subsidiarité que la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) a vigoureusement défendu contre l’avis de la présidence de la Commission de l’Union africaine (UA) et celui de la fameuse communauté internationale.

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Quand je parle des pays de la SADC, je salue singulièrement la République d’Afrique du Sud. Elle a été le principal avocat défenseur de la RDC au sein de la SADC, de l’UA et de l’ONU. Il ne serait pas exagéré de considérer que l’axe de coopération entre l’Afrique du Sud et la République démocratique du Congo est appelé à se développer et à se renforcer dans les prochaines années.

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Renforcer le principe de subsidiarité

Pendant les premières années d’indépendances, les pays africains étaient adeptes de la politique de non-alignement et de la coopération sud-sud. Dans les prochaines années, à la faveur du projet de réforme de l’Union africaine, il faudra très certainement renforcer des institutions qui donnent sens au principe de subsidiarité. Dans un passé récent, certaines organisations d’intégration sous-régionale ont démontré leur pertinence en Afrique, notamment dans la crise postélectorale en Gambie, ou encore la crise entre le Soudan et le Soudan du Sud.

L’UA pourrait consacrer le temps et l’énergie ainsi dégagés à la gestion efficace des problématiques d’intégration régionale sur lesquels elle peine à produire des résultats probants

Si ce mode de résolution de conflits était appliqué, comme le préconisent les textes, cela éviterait à l’UA d’être en première ligne de conflits qui auraient pu être résolus par des organisations d’intégration sous-régionale pertinentes. L’UA pourrait consacrer le temps et l’énergie ainsi dégagés à la gestion efficace des problématiques d’intégration régionale sur lesquels elle peine à produire des résultats probants.

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Vers une réforme profonde de l’UA

Par ailleurs, la crise du multilatéralisme est presque devenue une fatalité. Et les victimes de cette situation sont sur le même continent : l’Afrique. Qu’il s’agisse de la justice internationale, de la finance mondialisée, du commerce international, du dysfontionnement des institutions héritées de la seconde guerre mondiale…

Réparer ces injustices passe par une réforme profonde de l’UA. Le risque de crise postélectorale auquel la RDC a échappé vient rappeler l’urgence de ces réformes au sein des institutions panafricaines et, de façon plus large, l’avènement d’un nouvel ordre mondial plus équitable. Sans ça, notre génération vivrait très probablement le crépuscule du multilatéralisme.

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