L’Allemagne, pays le plus populaire chez les leaders d’opinion d’Afrique francophone, la France 5e

Un signe du recul de l’influence française en Afrique francophone ? Le nouveau baromètre du Conseil français des investisseurs en Afrique (Cian) des leaders d’opinion ne classe la France que 5e parmi les pays dont les 1 244 leaders africains interrogés ont la meilleure image. Décryptage.

La chancelière allemande Angela Merkel avec le président ivoirien Alassane Ouattara lors du « Partenariat G20 Afrique, investir dans un avenir commun », à Berlin, le 12 juin 2017. © Michael Sohn/AP/SIPA

La chancelière allemande Angela Merkel avec le président ivoirien Alassane Ouattara lors du « Partenariat G20 Afrique, investir dans un avenir commun », à Berlin, le 12 juin 2017. © Michael Sohn/AP/SIPA

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Publié le 8 février 2019 Lecture : 3 minutes.

Seul 21 % des leaders d’opinion d’Afrique francophone classent la France dans le top 3 des pays dont ils ont la meilleure image. C’est le principal enseignement du premier « Baromètre Cian des leaders d’opinions en Afrique », rendu public jeudi 7 février.

Pour réaliser ce classement à la demande du Cian, Immar R&C a interrogé 1 244 leaders d’opinion, dans les domaines économique, politique, culturel et religieux – dont 24 % de femmes – dans huit pays d’Afrique francophone, à la fois au Maghreb (Tunisie, Algérie, Maroc), en Afrique de l’Ouest (Sénégal, Côte d’Ivoire, Burkina Faso) et en Afrique centrale (Cameroun, RDC) entre juin et septembre 2018, détaille Brahim Sail, à la tête de l’institut de sondage. « Ces décideurs forgent l’opinion publique d’Afrique francophone », explique Étienne Giros, président délégué du Cian.

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>>> À LIRE – Conférence annuelle du Cian : « L’Afrique n’est pas un pari, mais une stratégie »

Selon ce sondage, les leaders africains classent la France en cinquième position (21 %) parmi les pays dont ils ont la meilleure image. Arrive en tête l’Allemagne, citée par 45 % des décideurs, suivie par la Chine (37 %), et les États-Unis (34 %) et le Japon (34 %).

De même, seuls 53 % des leaders d’opinion considèrent la France comme « un partenaire bénéfique pour l’Afrique », indique l’étude, arrivant en septième position, derrière la Chine (81 %), le Japon (81 %), l’Allemagne, la Turquie, les États-Unis et l’Inde. Ces résultats sont cependant différenciés en fonction des régions : si le chiffre global est de 53 %, 70 % des décideurs maghrébins considèrent la relation avec la France comme bénéfique pour le continent, contre 44 % en Afrique de l’Ouest et 44 % en Afrique centrale.

La France « en manque de confiance »

Brahim Sail, dont la société a réalisé le sondage, met en garde contre le risque d’en tirer des conclusions hâtives. « Il s’agit d’une photographie à l’instant t de la situation, pour laquelle nous ne disposons pas d’éléments de comparaison. Ce n’est qu’à partir de la prochaine vague de collecte, prévue courant 2019, qu’il sera possible d’en déduire une tendance », explique-t-il.

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« La dimension subjective de ces réponses est très forte, car elles sont influencées par l’actualité récente. De plus, les pays analysés sont tous d’ex-colonies françaises, pour lesquels la relation avec la France est ancienne. Il y a en quelque sorte une prime au dernier arrivé », conclut-il.

Cette image positive de l’Allemagne est liée au Compact with Africa, ainsi qu’à sa décision d’accueillir près d’un million de réfugiés depuis 2015

« Cette image positive de l’Allemagne est liée au Compact with Africa, ainsi qu’à la décision de la chancelière allemande d’accueillir près d’un million de réfugiés depuis 2015, interprète Étienne Giros. La France, qui fait beaucoup en Afrique, n’est pas suffisamment en confiance pour mettre en avant son action positive sur le continent. »

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« Les pays occidentaux sont freinés par les conditions qu’ils imposent – en termes de gouvernance, de lutte anti-corruption, de normes environnementales – tandis que les nouveaux acteurs émergents s’affranchissent de ces règles. De plus, la totalité des financements de ces nouveaux acteurs vont aux entreprises, ce qui n’est pas le cas pour la France, estime Étienne Giros. En France, nous avons trop tendance à l’auto-critique. Les différents acteurs français, qu’ils soient politiques, économiques voire médiatiques, ne sont pas suffisamment solidaires entre eux, et forcément cela rejaillit en Afrique. »

Les marques françaises plébiscitées

Mais les patrons français réunis au sein du Cian – ses membres revendiquent 80 % de l’activité économique française en Afrique – peuvent légitimement ne pas verser dans la sinistrose. « Les marques françaises sont connues et appréciées », se rassure Étienne Giros.

>>> À LIRE – Économie : rééquilibrage entre la France et l’Afrique

Parmi les dix marques qui, selon les interviewés, ont la meilleure image, quatre sont françaises. Orange se classe deuxième derrière Toyota, Total sixième, Renault huitième, et Sogea Satom (filiale du groupe Vinci) neuvième. Au niveau sectoriel, Orange arrive en tête des opérateurs télécoms, avec 41 % d’opinions favorables, surpassant MTN à 14 %, tandis qu’Air France se situe au premier rang des compagnies aériennes (22 %), devant Ethiopian Airlines à 13 %.

Le groupe africain le plus apprécié est celui d’Aliko Dangote, arrivant au quatrième rang du classement global, et en première position en Afrique centrale. « Cette bonne performance n’est pas étonnante. Dangote représente un rêve pour de nombreux Africains, et en dehors du Nigeria l’Afrique centrale est une région où son groupe est très implanté », note Étienne Giros. À noter également la présence de la Sonatrach et de Cevital en troisième et quatrième position du classement Maghreb.

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