Le monde arabe en stress hydrique

Le monde arabe est la région la plus touchée par la difficulté de l’accès à l’eau, selon le dernier rapport mondial de l’Unesco sur la mise en valeur des ressources en eau 2019.

Sur les 20 pays qui connaissent les plus hauts niveaux mondiaux de stress hydrique, 14 sont arabes selon l’Unesco (photo d’illustration). © AP/SIPA

Sur les 20 pays qui connaissent les plus hauts niveaux mondiaux de stress hydrique, 14 sont arabes selon l’Unesco (photo d’illustration). © AP/SIPA

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Publié le 26 mars 2019 Lecture : 2 minutes.

La consommation mondiale d’eau augmente d’1 % par an depuis les années 1980, note l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), dans son rapport mondial publié le 19 mars. « La demande en eau devrait continuer d’augmenter jusqu’en 2050, soit 20 à 30 % de plus que le niveau actuel », pronostiquent les auteurs du rapport.

Plus spécifiquement sur le monde arabe, le rapport s’alarme du fait que « la pénurie d’eau (ou stress hydrique), à l’échelle des individus, s’intensifie, et continuera de s’intensifier avec la croissance démographique et les changements climatiques. » Les chiffres sont éloquent : sur les 20 pays qui connaissent les plus hauts niveaux mondiaux de stress hydrique, 14 sont arabes. Près de 51 millions de personnes dans la région n’ont toujours pas accès à des services d’eau potable de base et 73 % d’entre eux vivent en milieu rural. Or l’agriculture est de loin le plus grand consommateur de ressources en eau, puisqu’elle est à l’origine de 69 % des prélèvements annuels dans le monde.

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« Les conséquences des catastrophes naturelles liées aux changements climatiques ont entraîné le déplacement de plus de 240 000 personnes dans toute la région arabe en 2016 (…) : 123 000 personnes au Soudan, 70 000 en Somalie et 36 000 personnes au Yémen », note le rapport.

Vers des réfugiés de l’eau ?

Les réfugiés sont parmi les populations les plus vulnérables au manque d’accès à l’eau. Les conflits syrien, irakien et yéménite ont provoqué de ce point de vue une véritable crise migratoire régionale, la plupart des migrants arabes se rendant dans un autre pays arabe déjà en stress hydrique, ce qui peut provoquer des conflits entre réfugiés et « communautés d’accueil ».

« Au Darfour par exemple, les aquifères prélevés grâce au pompage de l’eau pour les camps de déplacés ont entraîné l’assèchement des puits pastoraux (…), provoquant de nouveaux conflits, la marginalisation et un déplacement accru », note le rapport. Cet appauvrissement des ressources en eau lié à une arrivée de nouveaux venus pouvant d’ailleurs être davantage perçu que réel. De ce point de vue, le rapport insiste sur la nécessité d’améliorer l’accès à l’eau pour les « habitants locaux » également, et salue l’action du gouvernement jordanien dans la zone du camp de réfugiés syriens de Zaatari.

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Autre caractéristique de l’usage de l’eau dans le monde arabe : la très grande disparité d’accès entre zones urbaines et rurales. À titre d’exemple, en Mauritanie, 86 % des citadins ont accès à l’eau potable, contre 45 % des habitants des zones rurales. Le même phénomène, avec des écarts moins importants, s’observe au Maroc, au Soudan et au Yémen. Dans ce dernier pays, la capitale Sanaa « s’assèche du fait des pressions démographiques ».

« Si les tendances actuelles se poursuivent, les 4,2 millions d’habitants de la capitale yéménite deviendront des réfugiés de l’eau », préviennent les experts. Lesquels notent l’effet aggravant des conflits sur des situations déjà tendues, les infrastructures de l’eau étant endommagées, détruites et prises pour cibles.

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