Liberté de la presse en Éthiopie : des progrès « spectaculaires » sous Abiy Ahmed

L’Éthiopie a fait un bond de 40 places dans l’édition 2019 du classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.

Le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. © Laurent Gillieron/AP/SIPA

Le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. © Laurent Gillieron/AP/SIPA

Publié le 23 avril 2019 Lecture : 2 minutes.

Abiy Ahmed © Lee Jin-man/AP/SIPA
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Éthiopie : Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019

Le prix Nobel de la paix 2019 a été attribué au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, « pour ses efforts en faveur de la paix et de la coopération internationale, et en particulier pour son initiative décisive visant à résoudre le conflit frontalier avec l’Érythrée voisin ». Retrouvez tous nos articles sur l’homme qui a changé l’Éthiopie.

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Un vent nouveau souffle sur la presse éthiopienne. Dans son classement annuel sur la liberté de la presse, publié jeudi 18 mars, Reporters sans frontières (RSF) salue la « progression spectaculaire » (+ 40 places) de l’Éthiopie, après avoir occupé pendant des années le bas du classement.

« Depuis un an, l’Éthiopie est passée de l’une des plus grandes prisons d’Afrique pour les journalistes à un pays où les professionnels des médias peuvent exercer leur rôle de quatrième pouvoir en critiquant l’action gouvernementale sans être immédiatement jetés en prison », note Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de l’ONG. Selon lui, ces progrès sont dus au changement de pouvoir et à l’élection du nouveau Premier ministre Abiy Ahmed, en avril 2018.

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Du « jamais-vu » 

Mois après mois, Abiy Ahmed bouleverse l’Éthiopie à un rythme effréné. En un an, il s’est forgé une réputation de réformateur, y compris en matière de droit de la presse.

Depuis son arrivée au pouvoir, plus de 200 sites internet interdits sous l’ancien régime ont été débloqués. D’importantes chaînes de télévision comme OMN et ESAT, contraintes de mener leur activité depuis l’étranger, peuvent désormais opérer en Éthiopie.

Pour la première fois depuis plus de dix ans, aucun journaliste ne se trouve actuellement en prison, se félicite RSF, qui souligne également que de nombreux professionnels de l’information en exil reviennent travailler dans le pays.

Sous les précédentes administrations, les anciens gouvernements éthiopiens avaient plusieurs fois invoqué la loi antiterroriste pour interpeller des journalistes. Pour Arnaud Froger de RSF, des progrès aussi rapides relèvent du « jamais-vu », affirme-t-il à Jeune Afrique. 

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« Grâce à la prise du pouvoir par des dirigeants réformistes, les médias ont retrouvé leur liberté. L’ère répressive est révolue », confirme pour sa part Befekadu Hailu, l’un des membres du groupe de blogueurs « Zone9 », détenu pendant dix-huit mois sous Hailemariam Desalegn.

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Réforme tardive 

Malgré ces progrès significatifs, les atteintes à la liberté de la presse sont toujours très fréquentes en Éthiopie (110e place sur 180 dans le classement de RSF). Si une commission chargée de réformer les lois répressives contre la presse – dont la loi antiterroriste de 2009 – a été mise sur pied, la réforme tarde à se concrétiser.

L’annonce du gouvernement d’adopter une nouvelle loi contre le discours de haine fait également débat auprès des journalistes. « Criminaliser un discours n’est pas un moyen efficace de le combattre et pourrait protéger le régime des critiques », affirme à Jeune Afrique Befekadu Hailu. Une disposition qui pourrait par ailleurs pousser les journalistes à s’autocensurer après des années de répression.

« L’âge d’or de la presse sera de retour en Éthiopie si on lui donne la chance d’émerger », assure le blogueur éthiopien. Symbole de ces avancées, la 26e édition de la liberté de la presse, organisée par l’UNESCO, le gouvernement éthiopien et l’Union africaine se déroulera à Addis-Abeba, les 2 et 3 mai prochains.

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