Malawi : les favoris d’une élection présidentielle imprévisible

Les électeurs malawites sont appelés aux urnes, ce mardi, pour une élection présidentielle à l’issue incertaine alors que le pays célèbre le 25e anniversaire du multipartisme.

Le président du Malawi Peter Mutharika s’adresse à ses électeurs lors d’un meeting électoral en avril 2017 © AFP / Amos Gumulira

Le président du Malawi Peter Mutharika s’adresse à ses électeurs lors d’un meeting électoral en avril 2017 © AFP / Amos Gumulira

Publié le 21 mai 2019 Lecture : 3 minutes.

Près de sept millions d’électeurs malawites sont appelés aux urnes pour des élections présidentielles et législatives aussi serrées qu’imprévisibles. Si sept candidats sont en lice pour la présidentielle, le scrutin se joue entre le sortant Peter Mutharika, son vice-président, Saulos Chilima, et le chef de l’opposition, Lazarus Chakwera. Le candidat Atupele Muluzi, l’actuel ministre de la Santé, pourrait pour sa part jouer les trouble-fêtes.

Ces élections se tiennent alors que le Malawi célèbre les 25 ans du multipartisme. Après avoir été dominé depuis son indépendance en 1964 par le régime autoritaire de Hastings Kamuzu Banda, issu du Congrès du Malawi (MCP), le pays a connu ses premières élections libres en mai 1994, remportées par Bakili Muluzi (UDF). Depuis, le nombre de grands partis politiques n’a cessé d’augmenter, et l’alternance politique s’est déroulée de manière pacifique.

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Le scrutin s’annonce particulièrement disputé. Selon un rapport de l’Institut français des relations internationales (IFRI), les sondages les plus récents font état d’un « court avantage » du président sortant, Peter Mutharika (27%) sur le principal candidat d’opposition, Lazarus Chakwera (24%). Le retour au premier plan du MCP, seul parti politique autorisé sous le gouvernement de Hastings Kamuzu Banda, révèle par ailleurs que le paysage politique est en pleine mutation.

Quatre favoris

Principaux candidats

Principaux candidats

  • Peter Mutharika : le président sortant au bilan contrasté

« L’opposition n’a aucune raison de me critiquer. Pas une seule ». Peter Mutharika, le président sortant qui brigue un second mandat, est sûr de lui. Issu du DPP (Democratic Progressive Party) et frère de l’ancien président Bingu wa Mutharika (2004-2012), il a pourtant remporté les élections de 2014  (36,4% des voix) au terme d’un scrutin contesté.

« Depuis notre arrivée au pouvoir en 2014, nous nous sommes attelés à réparer le Malawi (…) Nous avons mis le Malawi sur le chemin du progrès », a-t-il plaidé lors de sa dernière réunion publique de campagne, samedi, mettant en avant l’amélioration des infrastructures.

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Mais, dans l’un des pays les plus pauvres du monde – 70% des Malawis vivent sous le seuil de pauvreté -, l’omniprésence de la corruption pourrait coûter cher à Peter Mutharika. Si ce dernier avait fait de la lutte contre ce fléau son principal argument de campagne en 2014, le président sortant s’est révélé incapable d’en venir à bout. En février 2017, le ministre de l’Agriculture, George Chaponda, a ainsi été limogé après avoir été soupçonné d’avoir touché des pots de vin dans le cadre d’un contrat d’importation de maïs. En juillet 2018, c’est Peter Mutharika lui-même qui s’est retrouvé au cœur d’une enquête officielle pour des faits présumés de corruption.

Par ailleurs, le mécontentement suscité par l’adoption de la réforme agraire controversée, en 2016, dénoncée par ses détracteurs comme ayant été incapable à corriger les injustices héritées de l’époque coloniale, pourrait également jouer en sa défaveur.

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• Lazarus Chakwera : l’espoir de revanche

À la tête du parti du Congrès du Malawi (MCP) de l’ex-dictateur Hastings Banda (1964-1994), le chef de l’opposition a gagné en popularité en faisant de Peter Mutharika la cible privilégiée de ses attaques.

Si le parti a échoué à remporter les élections depuis 25 ans, l’ancien pasteur évangéliste espère prendre sa revanche, après être arrivé en deuxième position lors du scrutin de 2014, avec 450 000 voix de retard sur Peter Mutharika. Il a par ailleurs reçu le soutien de poids de l’ex-présidente Joyce Banda (2012-2014).

• Saulos Chilima : le chantre de la lutte anti-corruption

À 46 ans, le vice-président peut créer la surprise. Après avoir claqué la porte du DPP, il a créé son propre parti, le Mouvement uni de transformation (UTM), en juillet 2018.

De plus en plus populaire, il a basé sa campagne sur la lutte anti-corruption et la création d’emplois. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, sa femme s’improvise rappeuse pour convaincre les jeunes, au fort poids électoral : les moins de 35 ans représentent plus de la moitié des électeurs.

• Atupele Muluzi : le jeune trouble-fête

Actuel ministre de la Santé, ce jeune leader de 41 ans est issu du Front démocratique uni (UDF). Si les observateurs estiment qu’il pourrait jouer les trouble-fêtes, le fils du président Bakili Muluzi (1994-2004) ne semble toutefois « pas bénéficier d’un soutien national », relève Dan Banik, chercheur de l’université du Malawi.

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