Tunisie : Warda Atig, première femme à la tête de l’Uget

Élue secrétaire générale de l’union générale des étudiants tunisiens (UGET) le 7 mai dernier, Warda Atig devient la première femme à la tête de l’incontournable syndicat tunisien.

Le 7 mai 2019, Warda Atig a été élue première femme secrétaire générale de l’Uget après 67 ans de domination masculine. © Warda Atig/Facebook/2018.

Le 7 mai 2019, Warda Atig a été élue première femme secrétaire générale de l’Uget après 67 ans de domination masculine. © Warda Atig/Facebook/2018.

Wided

Publié le 24 mai 2019 Lecture : 3 minutes.

Après 67 ans de domination masculine c’est une petite révolution qui vient d’avoir lieu au sein de l’Union générale des étudiants de Tunisie (Uget). À 27 ans, Warda Atig est devenue le 7 mai dernier la première femme à être élue secrétaire générale de l’organe pionnier du syndicalisme estudiantin.

« C’est une grande responsabilité que je compte assumer, notamment grâce au bureau exécutif et tous les membres de l’UGET. J’espère que ce sera une occasion pour ouvrir la porte aux femmes à la tête de syndicats et de partis en Tunisie », confie la nouvelle secrétaire générale.

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Un militantisme précoce

Née en 1992 à Jebeniana, ville du gouvernorat de Sfax au centre de la Tunisie, elle est la cadette d’une fratrie de trois sœurs. Elle poursuit toute sa scolarité dans sa ville natale, où elle obtient un baccalauréat littéraire en 2011, l’année de la révolution tunisienne.

Militante précoce, c’est au cours de sa deuxième année au lycée 18 janvier 1952 de Jebiniena et en adhérant au syndicat des élèves, qu’elle découvre le sens de l’engagement. Dès 2008, elle participe avec ses camarades à la révolte du bassin minier à Gafsa. Un an après, elle descend à nouveau dans la rue lors des grandes manifestations contre la guerre de Gaza. « C’est à ce moment que j’ai rejoint le Parti unifié des patriotes démocrates [al Watad al ichtiraki, un parti de gauche, Ndlr] auquel j’appartiens toujours », confie-t-elle.

Dans ma tête c’était évident. Aller à la faculté c’était pour moi faire partie de l’Uget ! »

Elle se rend ensuite à la capitale pour étudier la philosophie à l’Institut préparatoire aux études littéraires et de sciences humaines de Tunis. À son arrivée dans l’établissement, elle poursuit les combats : « Dès le premier jour, et avant même d’avoir assisté au premier cours, j’ai rejoint les manifestations pour la régulation du statut de l’institut préparatoire par le ministère », se souvient-elle, amusée.

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Cette entrée dans l’enseignement supérieur signe son entrée au sein de l’Uget : « Dans ma tête c’était évident. Aller à la faculté c’était pour moi faire partie de l’Uget ! », explique-t-elle. En 2012, elle participe aux mobilisations à l’université de la Manouba contre « l’islamisation des universités » liée à la montée de l’UGTE (Union générale tunisienne des étudiants), principal rival du syndicat de gauche et accusé d’être l’aile estudiantine du parti Ennahdha.

En 2013, Warda bifurque vers une licence de philosophie à la faculté des sciences humaines et sociales de Tunis, aussi appelée faculté du 9 avril et connu pour être l’un des fiefs du syndicalisme estudiantin. En parallèle, elle devient représentante de l’Uget au conseil scientifique de l’établissement.

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Dépasser les frictions

Pour la jeune femme, cette époque correspond à l’apogée du combat pour « une université populaire » et contre toutes les formes de privation, tant sur un volet universitaire que sociétal.

Mon but est que nous dépassions les conflits au sein du bureau. »

En devenant vice-secrétaire générale de l’Uget en 2013, Warda n’imagine pas prendre un jour la tête du syndicat. Absorbée par ses engagements, ses responsabilités et la volonté de faire de l’Uget une vraie union, loin des frictions dont le syndicat souffre depuis des années, elle se tient éloignée des petites manœuvres du secrétariat général.

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« Les appartenances politiques des membres de l’Uget a créé de grandes fractures. Mais on aura bientôt notre premier congrès, avec les membres réunis. Mon but est que nous dépassions les conflits au sein du bureau », affirme Warda Atig.

Être une femme exerce une pression supplémentaire sur la nouvelle secrétaire générale qui s’est promis d’être à la hauteur des défis pour éviter par la suite des critiques sexistes.

Toujours est-il qu’au sein de la société civile, auprès des organisations des droits de l’Homme, des médias et des militants de l’Uget, l’élection de Warda Atig a suscité un grand enthousiasme. Nombreux sont ceux qui la considèrent comme la nouvelle icône du militantisme syndical en Tunisie et la comparent à Maya Jribi, dont l’itinéraire fût marqué par son passage à l’Uget.

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