Gambie : l’ex-président Yahya Jammeh accusé d’agressions sexuelles par plusieurs femmes

L’ancien président Yahya Jammeh est accusé par trois Gambiennes de les avoir contraint à des relations sexuelles en usant de pressions morales, financières ou physiques lorsqu’il dirigeait le pays, selon un rapport de Human Rights Watch présenté mercredi.

Le président gambien Yahya Jammeh, le 30 juin 2011, devant le Centre de conférences de Sipopo à Malabo, en Guinée équatoriale, avant la session d’ouverture du 17ème Sommet de l’Union africaine. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Le président gambien Yahya Jammeh, le 30 juin 2011, devant le Centre de conférences de Sipopo à Malabo, en Guinée équatoriale, avant la session d’ouverture du 17ème Sommet de l’Union africaine. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Publié le 26 juin 2019 Lecture : 2 minutes.

Après dix-huit mois d’enquête, l’organisation Human Rights Watch (HRW) a publié ce mercredi 26 juin un rapport comprenant de lourdes accusations à l’encontre de l’ancien président Yahya Jammeh. Trois Gambiennes l’accusent de les avoir contraintes à des relations sexuelles en usant de pressions morales, financières ou physiques lorsqu’il était au pouvoir. Parmi elle, Fatou Jallow dite « Toufah », l’ancienne « reine de beauté » 2014, qui raconte avoir été violée à 18 ans par l’ex-président, après un chantage financier sous forme de cadeaux.

« Yahya Jammeh a piégé de nombreuses femmes gambiennes, les traitant comme ses choses », explique Reed Brody, conseiller juridique à HRW, qui a dirigé l’enquête. « Mais le viol et l’agression sexuelle sont des crimes, et Jammeh n’est pas au-dessus des lois », continue-t-il dans le rapport. Yahya Jammeh, qui a dirigé d’une main de fer la Gambie de 1994 à 2017, vit en exil en Guinée équatoriale.

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Un réseau de « protocol girls » au sein du palais ?

Selon plusieurs témoignages rapportés par Human Rights Watch et l’ONG suisse Trial International, Yahya Jammeh se serait entouré de « protocol girls » – des jeunes femmes qu’il recrutait personnellement comme assistantes, avec l’aide d’une cousine, Jimbee Jammeh, chargée de les mettre en confiance – avant de les harceler sexuellement.

L’une d’elles, désignée « Anta », explique que le président aurait menacé de lui couper les vivres si elle se refusait à lui. Même son de cloche pour « Bintu », qui affirme que le dirigeant lui aurait proposé une bourse d’études aux États-Unis, avant de se rétracter devant son refus d’avoir des relations sexuelles avec lui.

Les deux ONG ont également rencontré une quatrième femme, Fatoumatta Sandeng, chanteuse et fille de l’opposant Solo Sandeng, qui a affirmé au cours des entretiens avoir été forcée par l’entourage présidentiel à se rendre dans le village du président. « Sans doute, estime-t-elle, pour la piéger en vue d’abus sexuels », écrit HRW. Elle n’a finalement pas été en contact direct avec lui.

Cité dans plusieurs affaires

La Commission vérité et réconciliation (TRRC), qui enquête sur les crimes présumés du régime Jammeh, a entamé début juin sa cinquième session d’auditions. Elle prévoit d’organiser des séances consacrées aux violences sexuelles dans les prochains mois.

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Malgré son retrait de la politique, Yahya Jammeh n’en finit pas de faire parler de lui. Alors que le parti Convergence pour la démocratie sociale (CPDS), – premier parti d’opposition en Guinée équatoriale – a demandé son départ du pays, une enquête accusant Yahya Jammeh d’avoir détourné près d’un milliard de dollars (835 millions d’euros) a été publiée en mars dernier par le consortium de journalistes OCCRP (Organized crime and corruption reporting project).

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