Yahya Jammeh accusé de viol : des « amazones » de Kadhafi aux « protocol girls » de l’ex-président gambien

Trois femmes accusent l’ex-président gambien de les avoir violées et dénoncent un véritable système de prédation sexuelle mis en place à la State House gambienne. Une affaire qui n’est pas sans rappeler le scandale des « amazones » de Mouammar Kadhafi, accusé d’avoir abusé de ces jeunes femmes présentées comme ses « gardes du corps ».

Yahya Jammeh, lors d’un meeting de campagne avant sa défaite à la présidentielle de décembre 2017. © Jerome Delay/AP/SIPA

Yahya Jammeh, lors d’un meeting de campagne avant sa défaite à la présidentielle de décembre 2017. © Jerome Delay/AP/SIPA

Arianna Poletti

Publié le 1 juillet 2019 Lecture : 5 minutes.

Huit ans après le scandale des esclaves sexuelles de Mouammar Kadhafi, éclaté après la chute de l’ancien homme fort libyen, l’histoire semble se répéter. Exilé en Guinée équatoriale depuis janvier 2017, l’ancien président de la Gambie Yahya Jammeh est rattrapé par des accusations de viol qu’il aurait commis pendant qu’il était au pouvoir, entre 1996 et 2017. Trois jeunes femmes gambiennes, dont une seule a accepté de témoigner à visage découvert, l’accusent de violences sexuelles dans une enquête publiée par l’ONG Human Rights Watch le 26 juin.

Elles décrivent un système bien rodé dans lequel des cadres de l’ancien régime – et en particulier Jimbee Jammeh, la cousine de l’ancien président gambien – étaient chargés de repérer des femmes pour qu’elles « rendent visite au chef d’État ou travaillent pour lui ». Selon les témoignages de ces fonctionnaires, l’ancien président abusait régulièrement de celles qui étaient appelées « protocol girls », dont il s’entourait après les avoir choisies lors de ses sorties en public.

Briser l’omerta

« Yahya Jammeh a piégé de nombreuses femmes gambiennes, les traitant comme des choses. […] Mais le viol et l’agression sexuelle sont des crimes, et Jammeh n’est pas au dessus des lois », martèle Reed Brody, conseiller juridique à Human Rights Watch et directeur de l’enquête. Pourtant, parmi les 700 dossiers accumulés par le récent Centre gambien pour les victimes de violations des droits de l’homme, créé en 2017, le nom de Yahya Jammeh n’apparaît jamais. Un silence qui dure depuis trop longtemps selon Toufah Jallow. La jeune femme libère sa parole cinq ans après les faits, et lâche : « je veux faire partie de tout ce qui pourra le faire tomber. »

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