Dette cachée du Mozambique : l’Afrique du Sud revient sur sa décision d’extrader l’ex-ministre des Finances Manuel Chang

L’Afrique du Sud a annoncé le 13 juillet avoir mis un terme à son projet d’extrader vers son pays d’origine l’ancien ministre mozambicain des Finances, Manuel Chang, arrêté l’an dernier à Johannesburg pour son implication présumée dans un vaste scandale de corruption.

Manuel Chang, ancien ministre mozambicain des Finances,  au tribunal de Kempton Park, Johannesburg, le 2 janvier 2019. © P.Magakoe/AP/SIPA

Manuel Chang, ancien ministre mozambicain des Finances, au tribunal de Kempton Park, Johannesburg, le 2 janvier 2019. © P.Magakoe/AP/SIPA

Publié le 13 juillet 2019 Lecture : 2 minutes.

Manuel Chang est détenu en Afrique du Sud depuis décembre 2018 à la demande des autorités américaines pour sa participation présumée à des prêts frauduleux de 2 milliards de dollars à des entreprises d’État du Mozambique. Il est accusé d’avoir perçu plusieurs millions de dollars de pots-de-vin en marge de cette affaire, et les États-Unis affirment que des investisseurs américains y ont été escroqués.

En mai, l’Afrique du Sud avait décidé de renvoyer Manuel Chang au Mozambique, plutôt que vers les États-Unis qui avaient déposé une demande d’extradition concurrente.

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Mais le nouveau ministre sud-africain de la Justice, Ronald Lamola, a déclaré dans un commuiqué que le projet de remettre Manuel Chang au Mozambique avait été abandonné car « la décision précédente n’était peut-être pas légalement autorisée ».

Vaste crise financière

Ronald Lamola a déclaré qu’il serait erroné d’extrader Manuel Chang car il bénéficiait d’un statut d’immunité au Mozambique et qu’il n’y avait été inculpé d’aucun crime.

Dans des documents judiciaires, il a décrit la décision comme « irrationnelle et incompatible avec la Constitution » sud-africaine et a ajouté que le renvoi de l’ex-ministre au Mozambique était également contraire aux « traités nationaux, régionaux et internationaux » signés par l’Afrique du Sud.

Les charges à l’encontre de Manuel Chang concernent des emprunts contractés par le gouvernement mozambicain lorsqu’il était chef du Trésor entre 2005 et 2015. Lorsque la dette cachée a été révélée, le Mozambique a été plongé dans la pire crise financière de son histoire.

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Colère de Washington

Les États-Unis avaient exprimé leur colère contre la décision de l’Afrique du Sud d’extrader Manuel Chang au Mozambique.

« Nous avons officiellement demandé au gouvernement sud-africain, via les voies diplomatiques, de ne pas extrader (…) Chang vers le Mozambique, pendant que les États-Unis cherchent à obtenir du ministère (sud-africain) de la Justice qu’il reconsidère sa décision du 21 mai », avait déclaré le porte-parole de l’ambassade des États-Unis à Pretoria, Robert Mearkle.

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Les États-Unis allèguent qu’au moins 200 millions de dollars ont été dépensés en pots-de-vin et dessous de table dans un vaste stratagème de fraude et de blanchiment d’argent, dont 12 millions pour l’ancien ministre Chang. Ce dernier fait face à des accusations de complot en vue de commettre une fraude électronique, de violation de la sécurité financière et de blanchiment d’argent.

Le Mozambique l’a aussi accusé d’avoir accepté des pots-de-vin dans une arnaque qui a permis d’amasser des centaines de millions de dollars, mais les critiques disent qu’il ne sera jamais jugé dans son pays.

Le Mozambique a arrêté plusieurs autres suspects liés au scandale, dont le fils de l’ex-président Armando Guebuza, et de hauts responsables du renseignement.

En mai, un ancien banquier du Crédit Suisse a plaidé coupable aux États-Unis d’avoir comploté pour blanchir des fonds dans cette affaire. Deux autres ont été arrêtés en Grande-Bretagne, ainsi qu’une troisième personne arrêtée à New York.

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