Migrants : après l’arrêt de l’Aquarius, SOS-Méditerranée relance les secours

Sept mois après l’arrêt de l’Aquarius, SOS-Méditerranée et Médecins Sans Frontières vont reprendre la mer pour secourir les migrants naufragés en Méditerranée centrale malgré le refus des ports européens d’accueillir les bateaux humanitaires.

L’Aquarius, lors de son escale technique à Marseille, août 2018. © Claude Paris/AP/SIPA

L’Aquarius, lors de son escale technique à Marseille, août 2018. © Claude Paris/AP/SIPA

Publié le 21 juillet 2019 Lecture : 3 minutes.

L’Ocean Viking se dirige depuis le 18 juillet sous pavillon norvégien « vers la Méditerranée pour mener une nouvelle campagne de recherches et de secours en Méditerranée centrale » – devenue la route migratoire maritime la plus meurtrière au monde- a annoncé SOS-Méditerranée dans un communiqué.

« Le bateau va patrouiller en Méditerranée centrale, là d’où provient le plus grand nombre d’appels de détresse, mais sans jamais entrer dans les eaux territoriales libyennes », a précisé à l’AFP Frédéric Penard, directeur des opérations de SOS-Méditerranée.

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« Notre présence en mer c’est pour sauver des vies, on espère que les États vont nous comprendre et se joindre à nous, car il n’y a pas d’autre solution en Méditerranée centrale », insiste-t-il. « Dire que ce sont les navires de secours qui encouragent les traversées, c’est faux. Même sans bateaux, les départs continuent et énormément de naufrages sont rapportés ».

14 000 euros par jour

Au moins 426 personnes sont mortes en tentant de traverser la Méditerranée depuis le début de l’année, selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale des migrations (OIM). Le dernier naufrage connu, celui d’une barque au large de la Tunisie, a fait au moins 60 morts.

Au terme de près de trois ans en mer, l’Aquarius, qui a secouru 30 000 migrants, a été contraint de cesser ses activités en décembre 2018, successivement privé de son pavillon de Gibraltar puis de Panama.

L’Ocean Viking qui reprend le flambeau, long de 69 m sur 15 m de large, a été construit en 1986 pour l’assistance aux plates-formes pétrolières. Plus d’une trentaine de personnes seront à bord. La capacité d’accueil n’est pas précisée mais il s’agit d’un bâtiment « conçu pour rester stable en mer », souligne SOS Méditerranée, qui a recueilli jusqu’à un millier de naufragés à bord de l’Aquarius, malgré une capacité initialement estimée de moitié.

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Chaque journée de mer coûte 14 000 euros, selon l’ONG qui appelle aux dons.

La nouvelle campagne démarrera environ un mois après l’arrestation du Sea-Watch 3, bâtiment affrété par l’ONG allemande Sea-Watch, et de sa capitaine Carola Rackete en Sicile, avertissement des autorités italiennes aux humanitaires qu’elles accusent d’encourager les départs vers l’Europe.

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« Partage du fardeau »

Depuis début juillet, le navire humanitaire allemand Alan Kurdi est parvenu à secourir plus d’une centaine de personnes acheminées jusqu’à Malte.

L’Italie dénonce l’absence de « partage du fardeau » au sein de l’UE, qui la laisse seule en première ligne pour l’accueil des migrants.

« Les choix faits seulement à Paris et à Berlin, ça suffit. L’Italie n’est plus disposée à accepter tous les immigrants qui arrivent en Europe », a déclaré dimanche le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini (extrême droite).

L’Europe s’avère incapable jusqu’à présent de s’entendre pour mettre fin à l’errance des bateaux de secours. Un nouveau rendez-vous des ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères d’une quinzaine de pays européens est programmé lundi à Paris.

Depuis que « la coordination des secours en mer a été confiée par l’Union européenne aux autorités libyennes, cette coordination est chaotique, les appels ne sont pas relayés. Il nous fallait une vraie capacité de recherches », a expliqué Frédéric Penard.

« Crise humanitaire »

Les responsables européens « ferment sciemment les yeux sur la crise humanitaire », accuse MSF. « Nous ne savons pas combien de bateaux quittent les côtes, ni combien de personnes disparaissent… Ce sont possiblement des centaines de vies perdues », relève Sam Turner, son chef de mission pour les opérations en mer et en Libye, joint par l’AFP à Tunis.

« Puisqu’ils ont cessé de conduire des opérations de secours, qu’ils laissent les ONG sauver des vies sans interférer ni les harceler. Et qu’ils les laissent débarquer les personnes secourues en leur fournissant une assistance », réclame-t-il.

Les humanitaires insistent aussi sur la situation dramatique dans les camps de rétention en Libye, en proie au conflit. L’un d’eux a essuyé un bombardement le mois dernier près de Tripoli qui a fait près de 60 morts. Les candidats au départ y sont par ailleurs victimes de tortures, extorsion, travail forcé, exploitation sexuelle…

Pour MSF, « les gouvernements européens violent leurs obligations légales et les principes humanitaires auxquels ils se sont engagés en accroissant leur support aux garde-côtes libyens pour renvoyer de force les personnes vulnérables en Libye ».

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