Gambie – Baba Hydara : « Nous avons toujours su que Jammeh avait commandité l’assassinat de mon père »

Alors que les témoignages accablant d’anciens responsables gambiens se succèdent sur les exactions commises sous le règne de Yahya Jammeh, un dossier emblématique a refait surface : celui du meurtre du journaliste Deyda Hydara, en 2004. Son fils, Baba Hydara, espère aujourd’hui que « justice sera enfin rendue ».

Deyda Hydara et son épouse Maria, en 1989. © DR / Famille Hydara / RSF

Deyda Hydara et son épouse Maria, en 1989. © DR / Famille Hydara / RSF

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Publié le 29 juillet 2019 Lecture : 4 minutes.

Le 16 décembre 2004, Deyda Hydara est abattu alors qu’il est au volant de sa voiture, avec deux collaborateurs de The Point, le journal que le journaliste gambien a fondé au début des années 1990. Au fil des ans, cet assassinat est devenu l’un des dossiers emblématiques de l’ère Yahya Jammeh en Gambie, et Deyda Hydara, qui multipliait les articles critiques à l’égard du régime, l’une des icônes de l’opposition en exil jusqu’à la chute du maître de Banjul, en janvier 2017.

Quinze ans après les faits, devant la Commission vérité et réconciliation, le lieutenant Malick Jatta a avoué avoir tiré sur le journaliste, mettant également en cause deux autres « Junglers », ces soldats aux ordres directs de Jammeh. Surtout, il a affirmé avoir reçu le lendemain du meurtre une « enveloppe de dollars », récompense pour son forfait qui lui aurait été remise par « un grand homme ». Poussé par l’un des membres de la Commission à se faire plus précis, l’ancien « Junglers » en détention depuis le 8 février 2017 lâche : « Pour moi c’était évident, cela venait de Yahya Jammeh ».

Une accusation de plus visant directement l’ancien président gambien, actuellement en exil en Guinée équatoriale, qui vient s’ajouter à une longue liste de méfaits qui lui sont déjà attribués, des assassinats de migrants en passant par les détentions arbitraires, disparitions forcées et assassinats commandités. Et même des viols.

Si ces aveux ne surprennent pas Baba Hydara, le fils du journaliste gambien assassiné en 2004, il n’en espère pas moins qu’ils permettront, à terme, de conduire l’ancien président gambien devant un tribunal, qu’il soit gambien ou international.

Jeune Afrique : Comment avez-vous réagi lorsque les militaires ont avoué avoir assassiné votre père, lundi 22 juillet, devant la Commission vérité et réconciliation ?

Baba Hydara : Cet aveu n’est pas une surprise, mais une confirmation que ma famille et moi attendions depuis une dizaine d’années. Nous avons toujours su que Yahya Jammeh avait commandité l’assassinat de mon père, ce soir du 16 juin 2004. Mais il n’en a pas moins été douloureux pour nous d’entendre ces mots dans la bouche de Malick Jatta. Nous avions l’impression de revivre ce drame qui nous a frappé il y a quinze ans.

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