Maroc : honneur aux perdants !

Publié le 23 février 2004 Lecture : 2 minutes.

Le football est souvent cruel avec les gardiens de but. Une erreur, une seule, suffit à transformer un héros en paria. Khalid Fouhami, le portier marocain, irréprochable pendant toute la durée de la CAN, repensera longtemps à ce ballon relâché dans les pieds de Zied Jaziri qui offre le but de la victoire aux Tunisiens. Mais ni lui ni ses coéquipiers ne sont à blâmer. Ils ont perdu, mais contre plus fort qu’eux, du moins au vu de la physionomie du match. Car juste après avoir ouvert le score par Santos à la cinquième minute, les Tunisiens ont raté un nombre incroyable d’occasions et auraient pu mener 3-0 au bout d’une demi-heure de jeu.
Leur faux pas en finale, en partie imputable à la fatigue, en partie à l’organisation défensive sans faille de l’adversaire, n’enlève rien aux mérites de la formation entraînée par Badou Zaki. Les Lions de l’Atlas sont la révélation de cette compétition. Versés dans un groupe D très relevé, ils n’avaient pas les faveurs des pronostics. Pas de stars confirmées, sauf l’inoxydable Nourredine Naybet, le capitaine aux 103 sélections, et, dans une moindre mesure, Talal el-Karkouri, le défenseur parisien, des professionnels en manque de reconnaissance, par exemple Hoalid Regragui, et des jeunes, pleins de promesses, mais pas toujours titulaires dans leur club, comme le feu follet Jawad Zaïri ou le joker Youssef Hadji : les Marocains partaient un peu dans l’inconnu. Ils fondaient bien quelques espoirs en Marouane Chamakh, auteur d’un très bon début de saison avec Bordeaux, étonnant de maturité pour ses 19 ans. Mais lui aussi disputait avec la CAN sa première grande compétition.
Une courte victoire face aux ogres nigérians et une démonstration d’intelligence et de football offensif face à de modestes Béninois ont suffi à propulser les séduisants Lionceaux de Badou Zaki en quarts de finale. Les hasards du tableau ont voulu qu’ils retrouvent l’Algérie pour un derby explosif et émaillé d’incidents dans les tribunes. En revenant au score dans les arrêts de jeu, les Marocains ont montré qu’ils avaient les nerfs solides. Ils l’ont ensuite logiquement emporté, 3 buts à 1, et ont profité des demi-finales pour infliger un 4 à 0 sans appel aux Maliens de Frédéric Kanouté.
Alors, même si elle a perdu en finale, la formation marocaine est sûrement celle qui a le plus de potentiel et d’avenir. Intraitable en défense, remarquablement organisée, elle a développé le jeu le plus construit et le plus séduisant des seize équipes en présence. Les Lions de l’Atlas ont retrouvé leurs coups de griffe, cet inimitable mélange de technique et de vitesse qui est leur marque de fabrique. Badou Zaki, que la Fédération marocaine avait songé à écarter au profit d’un entraîneur étranger, a su aller au bout de ses idées. Il a reconstruit une sélection dans la fidélité aux valeurs du football de son pays. L’aventure ne fait que commencer. Et son équipe a d’ores et déjà pris rendez-vous avec la Tunisie, qu’elle rencontrera en éliminatoires de la Coupe du monde, pour une confrontation au parfum de revanche…

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