Algérie : dix mois de Hirak vus par les caricaturistes

Depuis le début du mouvement le 22 février, les caricaturistes algériens accompagnent la contestation qui secoue leur pays, renouvelant une tradition de la satire déjà bien ancrée. Alors que les électeurs votent ce jeudi pour un scrutin présidentiel souhaité notamment par l’armée, ce regain d’activisme ne va pas sans risques.

Un manifestant montrant une caricature hostile au défunt chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah et à l’ex-président intérimaire Abdelkader Bensalah. © Fateh Guidoum/AP/SIPA

Un manifestant montrant une caricature hostile au défunt chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah et à l’ex-président intérimaire Abdelkader Bensalah. © Fateh Guidoum/AP/SIPA

CRETOIS Jules

Publié le 12 décembre 2019 Lecture : 6 minutes.

Le dessinateur et bédéiste Abdelhalid Amine, alias Nime, en détention provisoire depuis fin novembre, a été condamné mercredi 11 décembre à un an de prison, dont trois mois ferme. En cause, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) : ses dernières œuvres, notamment un dessin, « L’Élu », où l’on voit les candidats à l’élection présidentielle essayer une chaussure délicate tenue par le général, chef d’état-major et homme fort du pays, Ahmed Gaïd Salah. Une statue antique, dans le fond, représente l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.

https://twitter.com/el_manchar/status/1199976273742880768

Des centaines de tweets se sont accumulés, exprimant leur solidarité avec le dessinateur. Lui aussi, avant son arrestation, se servait des réseaux sociaux pour diffuser des courriers de militants du Hirak détenus. Depuis le déclenchement du mouvement de contestation, une nouvelle génération de dessinateurs l’accompagnent. Chaque événement est dûment traité.

« J’ai donné des instructions à la gendarmerie nationale » pour empêcher la venue de manifestants « d’autres wilayas » à Alger, a par exemple déclaré le 18 septembre le général Gaïd Salah. Aussitôt, sur internet, les dessinateurs s’amusent de ces paroles prêtant pourtant peu à rire. Karim Bouguemra, trentenaire qui signe de son prénom dans des titres de presse comme le journal sportif Maracana, ironise en montrant un Algérien demander un visa pour se rendre à… Alger, croisant l’actualité politique au « marronnier » des durcissements de conditions d’octroi de visas pour la France et l’Europe.

https://www.facebook.com/karimbouguemra/photos/a.176396066321313/420200678607516/?type=3&theater

« Le Hic », Hichem Baba Ahmed de son vrai nom, d’une vingtaine d’années l’aîné de Karim Bouguemera, lui, rebondit sur l’attachement des Algériens à la cause palestinienne et montre un auto-stoppeur demandant à être amené à jusqu’aux « territoires occupés », à savoir, ici, Alger.

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De la toile à la rue, et vice versa

Le mouvement de colère qui rythme la vie depuis des mois a capté toute l’attention des artistes qui ont fait de la pique et du spirituel leur profession. Salim Zerrouki, dessinateur algérien installé en Tunisie, se dit ravi de contribuer à sa manière à la mobilisation : « Comme tout le monde, j’ai été surpris par l’ampleur du mouvement. C’est un moment incroyable et bien sûr, une source d’inspiration folle. »

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