Tchad : comment Idriss Déby Itno tente d’imposer des législatives avant début 2020

Une nouvelle commission a été mise en place mardi 24 septembre au sein du Cadre national du dialogue politique. Son objectif : réviser le code électoral tchadien et favoriser une tenue des législatives avant début 2020.

Idriss Déby Itno, président de la République du Tchad, lors d’une interview avec François Soudan (Jeune Afrique) le 18.01.2017 au palais présidentiel. © Vincent Fournier/JA

Idriss Déby Itno, président de la République du Tchad, lors d’une interview avec François Soudan (Jeune Afrique) le 18.01.2017 au palais présidentiel. © Vincent Fournier/JA

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Publié le 25 septembre 2019 Lecture : 2 minutes.

Une commission de « relecture du code électorale » a été mise en place, mardi 24 septembre au sein du Cadre national du dialogue politique (CNDP). Elle disposera, selon la décision portant sa création, de dix jours pour déposer son rapport auprès du président du CNDP, qui le transmettra à son tour à la présidence.

La commission est composée de sept membres du CNDP : trois de la majorité, trois de l’opposition, et un président, en la personne d’Ali Abel Kram, leader du parti Caméléon, membre de la majorité présidentielle. Ce nouvel organisme, temporaire, a pour mission de proposer des dispositions pour organiser au plus vite les élections législatives.

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Bras-de-fer à N’Djamena

La date des législatives est au centre des débats depuis plusieurs mois. Idriss Déby Itno a en effet annoncé vouloir la tenue du scrutin au plus tard en janvier 2020. Mais plusieurs partis de la majorité, ainsi que les formations de l’opposition, voient d’un mauvais œil l’organisation de législatives à cette date – et en profitent au passage pour fustiger l’ingérence du chef de l’État dans les affaires du CNDP.

Dans un communiqué, le parti pour les libertés et le développement (PLD) a ainsi accusé Idriss Déby Itno d’avoir « fait voler en éclat tout esprit de consensus avec la classe politique ». Les détracteurs d’une organisation « accélérée » estiment qu’un report raisonnable est nécessaire afin d’organiser le scrutin dans de bonnes conditions. Beaucoup évoquent même comme souhaitable un glissement vers 2021, ce qui permettrait de coupler les législatives et la présidentielle.

Amicales pressions

Mais le président Déby Itno est, pour le moment, resté ferme. Il a rejeté la semaine dernière deux projets de calendrier électoral – transmis par Kodi Mahamat Bam, le président de la Commission nationale électorale indépendante (Ceni) -, qui proposaient des élections en avril ou novembre 2020. Le chef de l’État avait répondu, le 16 septembre via son directeur de cabinet civil, Abdoulaye Sabre Fadoul, que cela ne correspondait pas à « ses engagements ».

Lettre d'Abdoulaye Sabre Fadoul à la Ceni. © DR

Lettre d'Abdoulaye Sabre Fadoul à la Ceni. © DR

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Déby Itno a reçu cette année d’amicales pressions diplomatiques l’enjoignant de respecter ses promesses de calendrier électoral. En mai, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait notamment insisté auprès de lui, lors des obsèques du frère du président, pour que les législatives se tiennent à la fin de 2019. Un nouveau long report serait mal perçue : l’élection des députés est constamment reportée depuis 2015.

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