Procès de Saïd Bouteflika en Algérie : pour l’avocat du général Toufik, « le verdict aurait pu être pire »

Au lendemain des peines de 15 à 20 ans de prison prononcées par le tribunal militaire de Blida contre Saïd Bouteflika et six autres prévenus, l’avocat de l’un de ces derniers, en l’occurrence le général « Toufik », ancien chef tout-puissant des renseignements, décrypte pour Jeune Afrique ce procès historique qui s’est tenu à huis clos.

Saïd Bouteflika, le frère et conseiller de l’ex-président algérien Abdelaziz Bouteflika, en mai 2017 dans un bureau de vote (image d’illustration). © Sidali Djarboub/AP/SIPA

Saïd Bouteflika, le frère et conseiller de l’ex-président algérien Abdelaziz Bouteflika, en mai 2017 dans un bureau de vote (image d’illustration). © Sidali Djarboub/AP/SIPA

Publié le 26 septembre 2019 Lecture : 5 minutes.

Quatre des sept accusés – Saïd Bouteflika, le frère et conseiller de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, les généraux Mohamed Mediène dit « Toufik » et Athmane Tartag dit « Bachir », ainsi que Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (les trois autres étant le général Khaled Nezzar, le fils de ce dernier, ainsi que Farid Benhamdine, gérant de la Société algérienne de pharmacie) – auraient tenté d’organiser une transition dirigée par l’ancien président de la République Liamine Zéroual.

Trois réunions secrètes ont eu lieu à cet effet. Une première entre Saïd Bouteflika et le général Toufik, puis une deuxième à laquelle s’est jointe Louisa Hanoune. Sollicité par Toufik, Liamine Zéroual est venu le 30 mars à Alger depuis Batna, où il réside – , mais a fermement décliné l’offre de revenir provisoirement au pouvoir.

Officiellement inculpés pour « complot contre l’État » et « complot contre l’autorité de l’armée », les prévenus ont en réalité été condamnés pour avoir tenté de destituer le chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah, même si cela n’a pas été reconnu explicitement lors du procès, estime l’avocat de Mohamed Mediène, Me Farouk Ksentini – pour qui « l’instruction a été menée correctement » et « le verdict est satisfaisant », même s’il n’exclut pas de faire appel. Son client considère quant à lui avoir payé pour avoir demandé à ses services, en 2013, d’enquêter sur des affaires de corruption impliquant le clan du président déchu.

Jeune Afrique : En tant qu’avocat du général Toufik, quelle impression ce procès vous a-t-il laissé ?

Me Farouk Ksentini : Ce procès a été très difficile parce que les inculpations, ainsi que les articles du Code de justice militaire et du Code pénal, sur la base desquels ont été poursuivis les accusés, sont très lourds et peuvent aller jusqu’à la peine de mort. Cela étant, l’instruction a été menée correctement.

Sur le plan de l’information, tout a été parfaitement maîtrisé, pour un procès unique en son genre. Il s’agissait de déterminer l’objet des trois réunions. Les prévenus ont fermement soutenu que leur but était de s’entendre sur le nom d’une personnalité susceptible d’être proposée pour succéder, de manière légale et à la fin de son mandat, au président Abdelaziz Bouteflika.

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Les réunions ont été enregistrées à l’insu de Saïd, Toufik et Hanoune, car elles se sont tenues dans des lieux appartenant à la présidence

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