Maroc : Nasser Zefzafi, leader du « Hirak », réaffirme avoir été victime de « torture »

Le leader du mouvement de contestation du « Hirak » qui a agité le nord du Maroc en 2016-2017, Nasser Zefzafi, a réaffirmé dans un enregistrement audio réalisé depuis sa prison avoir été victime de « torture » et de « viol » durant son arrestation.

Nasser Zefzafi, le chef du Hirak, dans le Rif marocain. © Aboussi Mohamed/AP/SIPA

Nasser Zefzafi, le chef du Hirak, dans le Rif marocain. © Aboussi Mohamed/AP/SIPA

Publié le 2 novembre 2019 Lecture : 2 minutes.

Condamné à 20 ans de prison ferme pour « complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’État », le leader du « Hirak » raconte dans cet enregistrement diffusé jeudi sur les réseaux sociaux avoir « subi les pires pratiques de torture ». Au moment de son arrestation en juin 2017, il a été « tabassé », « déshabillé » et « violé avec un bâton », selon son récit. La bande sonore est authentique, a assuré à l’AFP son père Ahmed Zefzafi.

L’administration pénitentiaire a annoncé jeudi l’ouverture d’une « enquête administrative sur les tenants et aboutissants » de cet enregistrement, avant d’annoncer vendredi le limogeage du directeur de la prison de Fès où est incarcéré Nasser Zefzafi.

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Ancien chômeur de 40 ans, il s’est imposé comme le visage de la contestation populaire dans la région historiquement frondeuse et marginalisée du Rif (nord), avec ses discours virulents contre l’État « corrompu » ou « l’arbitraire » du pouvoir. En août, il avait publié un communiqué avec cinq autres militants détenus dans lequel ils affirmaient avoir subi des « tortures » pendant leurs interrogatoires.

En juillet 2017, peu avant le début du procès en première instance, des extraits d’un rapport du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), un organisme officiel, faisant état de faits de torture, avaient fuité dans la presse. Ces allégations ont été catégoriquement démenties par les autorités, et le rapport n’a finalement jamais été publié.

Des centaines de condamnations

En appel comme en première instance, le finaliste du prestigieux prix Sakharov pour la liberté de conscience 2019 a boycotté avec ses co-accusés ce qu’il considérait comme un « procès politique ».
La Cour d’appel de Casablanca (ouest) a confirmé début avril en appel les peines de 42 membres du « Hirak », accusés de visées séparatistes par le pouvoir.

Le « Hirak » avait été déclenché par la mort, en octobre 2016, d’un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordures en tentant de s’opposer à la saisie de sa marchandise.

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Estimé à plusieurs centaines, le nombre exact de condamnations liées au mouvement n’est pas connu. Certains détenus ayant purgé leur peine et d’autres ayant bénéficié d’une grâce royale, il reste une soixantaine de militants en prison, dont 29 du groupe des meneurs condamnés à Casablanca, selon l’association des familles de détenus du « Hirak ».

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