Une nouvelle page pour les journalistes

La création d’un syndicat dont la direction affiche son indépendance à l’égard du pouvoir laisse entrevoir une meilleure défense des intérêts de la profession.

Publié le 21 janvier 2008 Lecture : 3 minutes.

C’est un véritable coup de théâtre qui a eu lieu le 13 janvier dans le monde des journalistes tunisiens, qui tenaient le premier congrès de leur syndicat nouvellement créé. Contre toute attente, les indépendants sont majoritaires au sein du bureau de neuf membres (dont trois femmes) qui a été élu.
Présent aux travaux du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), qui remplace l’Association des journalistes tunisiens (AJT), autodissoute à cette occasion, le Britannique Jim Boumelha, président de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), a souligné, à la veille du scrutin, que le journalisme tunisien avait là « l’occasion d’un nouveau départ ».
On disait les journalistes résignés à leur sort. C’était compter sans les jeunes. Ce sont eux qui ont contribué au succès des indépendants, représentés principalement par la liste dite « alternative syndicale ». Celle-ci, majoritaire avec cinq sièges, était conduite par Neji Bghouri, 42 ans. Membre – minoritaire – depuis 2002 du bureau de l’AJT, il s’est distingué par ses prises de position en faveur de l’amélioration des conditions de travail des journalistes ainsi que de leur liberté d’expression. Le Congrès lui ayant donné le plus grand nombre de voix avec plus de la moitié des suffrages exprimés, il devrait être désigné premier président du SNJT. Les quatre sièges restants sont allés aux trois autres listes données favorites, dont deux du fait que 80 % des ?800 journalistes que compte la Tunisie sont employés par des médias publics.
« C’est le congrès de la révolte contre la précarité morale et matérielle, clame un vétéran. Les jeunes ne veulent plus être des moutons qui se font mener docilement à l’abreuvoir ou à l’abattoir. Ils en ont marre des salaires de misère et de l’autocensure. Ils veulent des améliorations concrètes et non plus des promesses comme c’était le cas pour nous. »
Cela dit, le vote n’a pas été politique. Si des ténors proches du pouvoir ont été recalés, c’est parce que le congrès a jugé qu’ils ne font plus l’affaire. « La majorité des congressistes a voté pour des professionnels indépendants. Les travaux du congrès ont été démocratiques et transparents », estime Fatma Karray, une journaliste respectée désignée par consensus pour présider les travaux du congrès.

Professionnalisme
Le fait que la FIJ ait salué la création du SNJT comme une « réforme historique » contribue à mettre fin à une controverse réapparue au cours des derniers mois à propos de l’existence, depuis cinq ans, d’un Syndicat des journalistes tunisiens (SJT) créé par des journalistes indépendants et engagés. Plus ou moins reconnues par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et membre associé au sein de la FIJ, dont l’AJT fut membre à part entière, les activités du SJT n’ont jamais été légalisées par les autorités. Que ses adhérents soient au nombre de 150 comme il l’affirme, ou qu’ils ne soient qu’une quarantaine selon ce que d’autres sources crédibles avancent, le fait est que le SNJT a finalement été approuvé par la grande majorité de la profession, puisque l’on a compté un record de 446 votants.
Reste que les journalistes tunisiens ont encore du chemin à faire dans la restructuration du secteur. Le niveau de professionnalisme est encore relativement faible. Et le besoin de faire respecter les règles régissant la qualité de journaliste ainsi que l’éthique et la déontologie de la profession se font de plus en plus sentir. C’est précisément l’objet de l’Union tunisienne des journalistes dont l’idée est en train de faire son chemin et qui permettrait de conjuguer les missions syndicale et professionnelle.

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