[Édito] Urgence climatique et larmes de crocodile

L’éveil d’une conscience environnementale sur le continent africain sera long et difficile. Faire admettre à chacun que l’urgence climatique est une obligation qui s’impose à tous est pourtant absolument indispensable.

Des manifestants alertant sur les conséquences du réchauffement climatique, en septembre 2019 à  Johannesburg. © Themba Hadebe/AP/SIPA

Des manifestants alertant sur les conséquences du réchauffement climatique, en septembre 2019 à Johannesburg. © Themba Hadebe/AP/SIPA

FRANCOIS-SOUDAN_2024

Publié le 31 décembre 2019 Lecture : 5 minutes.

«Sergent », « Commandant », « Capitaine », « Chef de cabinet » et leurs quelque deux cents congénères des lacs de Yamoussoukro attendent avec impatience la saison des pluies. Comme il pleut de plus en plus, ces caïmans qui peuplent les abords de la résidence de feu Houphouët-Boigny profitent des inondations pour se répandre en ville, ravageant les basses-cours et terrorisant les humains en toute impunité : on ne tue pas un crocodile sacré. Le réchauffement climatique est pour ces sauriens une aubaine inespérée.

Déluges et sécheresses

Cet effet collatéral et anecdotique du dérèglement écologique est très loin d’être le seul en Afrique. La sécheresse qui frappe le Sahel a ainsi des conséquences directes sur la montée en puissance des groupes jihadistes, qui profitent des tensions foncières exacerbées entre éleveurs et agriculteurs pour recruter parmi les premiers nommés.

A contrario, c’est un véritable déluge qui, ces dernières semaines, a écrasé Kinshasa, Brazzaville, Bangui et Libreville de son fracas. Quand les cieux déversent un torrent inaltérable sur les quartiers populaires, les caniveaux dégorgent une mélasse qui envahit tout, macule tout, gerbe de partout. Sous le pilon de la pluie, les rues deviennent le siège d’une vie chaotique adaptée dans l’urgence à la gésine d’une ville en mutation où des pâtés de maisons entiers disparaissent, engloutis par les érosions.

Ngaliema, Limete, Mfilou, Makélékélé, Kolongo, Sapéké… Le nom des faubourgs en état de suffocation s’égrène comme le clapotis obsédant de l’eau qui glisse au travers des toits de tôle.

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