Passe d’armes entre Akinwumi Adesina et David Malpass sur les prêts de la BAD

Pour le président de la Banque mondiale, la BAD « prête trop rapidement » et aggrave de ce fait le problème de la dette des pays. « Inexact et non fondé », rétorque l’institution panafricaine dans un communiqué.

Akinwumi Adesina et David Malpass – Montage JA © Jason DeCrow/AP/SIPA –  Mark Schiefelbein/AP/SIPA

Akinwumi Adesina et David Malpass – Montage JA © Jason DeCrow/AP/SIPA – Mark Schiefelbein/AP/SIPA

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Publié le 14 février 2020 Lecture : 2 minutes.

Lors d’un forum de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) qui s’est tenu le 10 février à Washington, David Malpass a pointé les activités de la Banque asiatique de développement, de la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), leur reprochant une « tendance à prêter trop rapidement et à aggraver le problème de la dette des pays ».

Sa critique de la BAD concernait plus spécifiquement le Nigeria et l’Afrique du Sud, a-t-il précisé, appelant à une « plus grande coordination entre les institutions financières internationales pour coordonner les prêts et maintenir des normes élevées de transparence ».

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Une déclaration qui va « à l’encontre de l’esprit du multilatéralisme »

Des reproches que l’institution panafricaine n’a pas voulu laisser passer : dans un communiqué publié le 13 février, elle dénonce une déclaration « trompeuse et inexacte », qui « met en cause l’intégrité de la Banque africaine de développement, sape nos systèmes de gouvernance et insinue à tort que nous fonctionnons selon des normes différentes de la Banque mondiale. La notion même va à l’encontre de l’esprit du multilatéralisme et de notre travail collaboratif », affirme-t-elle.

La Banque mondiale « a des opérations [de crédit] beaucoup plus importantes en Afrique que la Banque africaine de développement », rappelle le communiqué selon lequel l’institution de Bretton Woods a ainsi approuvé des financements à hauteur de 20,2 milliards de dollars en 2018, contre 10,1 milliards de dollars pour la BAD.

Pour les exemples plus spécifiques du Nigeria et de l’Afrique du Sud, les encours des prêts de la Banque mondiale pour l’exercice 2018 étaient respectivement de 8,3 milliards de dollars et 2,4 milliards de dollars, quand ils s’élevaient à 2,1 milliards de dollars et 2 milliards de dollars du côté de la BAD, poursuit l’institution présidée par Akinwumi Adesina. « Notre Banque reconnaît et suit de près la tendance à la hausse de la dette. Cependant, il n’y a pas de risque systémique de surendettement », assure-t-elle.

Nous pensons que la Banque mondiale aurait pu explorer d’autres plateformes de discussion que cette déclaration publique

« Les services de prêt, de politique et de conseil de ces institutions de développement dans leurs régions respectives sont souvent coordonnés et offrent un meilleur rapport qualité-prix aux pays en développement par rapport à d’autres sources de financement », développe la BAD qui rappelle que son statut AAA lui permet d’obtenir des financements à des conditions très compétitives et de proposer des conditions favorables à ses pays membres régionaux, dont les besoins de financement substantiels « restent d’une importance vitale ».

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« Collaboration étroite »

Sur le chapitre de la transparence, « notre institution a été classée 4e institution la plus transparente au monde par le rapport 2018 Publish What You Fund », précise le communiqué.

Enfin, sur la question de la coordination entre institutions, la BAD assure piloter ses opérations « en étroite collaboration avec les institutions financières internationales sœurs (notamment la Banque mondiale et le FMI) ».

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« Nous pensons que la Banque mondiale aurait pu explorer d’autres plateformes [que cette déclaration publique] pour discuter des problèmes d’endettement et du fonctionnement des banques multilatérales de développement », conclut le communiqué avant de fustiger une dernière fois une déclaration « fausse et inappropriée ».

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