Les tunisiennes Nessma TV, Zitouna TV et radio Quran de nouveau sur la sellette

L’autorité régulatrice de l’audiovisuel a de nouveau lancé, cette semaine, une procédure pour interdire la diffusion des chaînes Nessma TV, Zitouna TV et de la radio Quran réclamée depuis des années. Cette fois, elle a décidé de s’appuyer sur l’instance de lutte contre la corruption pour y arriver.

Nabil Karoui, fondateur de la chaîne de télévision privée Nessma TV, et qui a présenté sa candidature à la dernière élection présidentielle tunisienne. © Wikimedia/CC

Nabil Karoui, fondateur de la chaîne de télévision privée Nessma TV, et qui a présenté sa candidature à la dernière élection présidentielle tunisienne. © Wikimedia/CC

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Publié le 27 février 2020 Lecture : 2 minutes.

Un nouvel acteur débarque dans la série au long court  « La Haica contre Nessma TV, Zitouna TV et la radio Quran » : l’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc). La Haute autorité de contrôle de l’audiovisuel (Haica) a demandé cette semaine à l’Inlucc de diligenter une enquête sur des soupçons de corruption et de mauvaise gouvernance pour ces trois médias.

« Nous avons des doutes sur la provenance des financements de ces trois sociétés, c’est pour cela que nous avons saisi l’Inlucc qui a le pouvoir de mener l’enquête », détaille Nouri Lajmi, le président de la Haica. Si les travaux de l’instance venait à confirmer ces doutes, elle pourrait saisir le procureur de la République pour demander la fermeture des médias incriminés.

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Caisse de résonance politique

Il s’agit du dernier épisode d’un feuilleton débuté dès 2013 avec la mise en place de la Haica. Cette dernière reproche à Nessma TV, Zitouna TV et radio Quran de diffuser sans avoir obtenu de licences.

Elle les accuse aussi de servir de caisse de résonance politique à, respectivement, Nabil Karoui, fondateur de Nessma TV et du parti Qalb Tounes ; la formation musulmane-conservatrice Ennahdha ; et Saïd Jaziri, propriétaire de la radio, député et président du parti Errahma.

Les autorités avaient notamment interdit, en août 2019, aux candidats à la présidentielle de mener campagnes sur ces chaînes. Quelques mois plus tôt, en avril 2019, la Haica avait fait saisir le matériel de diffusion de Nessma TV, la chaîne la plus regardée avec une audience de 25 %, avant que son dirigeant Nabil Karoui ne se déclare candidat à l’élection présidentielle.

Une pareille saisie avait eu lieu dans les locaux de Zitouna TV en 2015. À chaque fois, les chaînes avaient continué d’émettre sans être inquiétées par la justice.

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Mediaset de Berlusconi en toile de fond

L’Inlucc devra dire si le montage financier, via une société luxembourgeoise, de Nessma TV afin de faire entrer la société Mediaset de Silvio Berlusconi dans l’actionnariat était légal.

Elle devra aussi faire la lumière sur l’origine des fonds de Zitouna TV et la radio Quran. Ces dernières refusent de donner des précisions sur leurs budgets alors qu’ils ne bénéficient d’aucune recette publicitaire. Ces deux chaînes sont régulièrement accusées de recevoir des fonds en toute illégalité de pays du Golfe.

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Nouri Lajmi, pour qui la conviction est faite sur l’illégalité de ces trois médias, espère que le nouveau gouvernement de Fakhfakh fera « preuve de volonté politique qui a manqué depuis six ans. C’est un test. »

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