Au Sénégal, le Tchadien Hissène Habré bénéficie d’une libération provisoire

L’ex-président tchadien, qui purge à Dakar une peine de réclusion à perpétuité pour crimes contre l’humanité, a bénéficié d’une autorisation de sortie de 60 jours dans le contexte de l’épidémie de coronavirus.

Hissène Habré fermant les yeux à son procès pendant le témoignage de Bandoum Bandjim, le 23 septembre 2015 à Dakar. © Capture d’écran / RTS

Hissène Habré fermant les yeux à son procès pendant le témoignage de Bandoum Bandjim, le 23 septembre 2015 à Dakar. © Capture d’écran / RTS

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Publié le 7 avril 2020 Lecture : 2 minutes.

Lundi 6 avril, aux environs de 21 heures locales, le plus illustre détenu de la maison d’arrêt du Cap Manuel a quitté le pavillon spécial de sa prison dakaroise. L’ex-président tchadien (1982-1990), condamné à la réclusion à perpétuité en mai 2016, notamment pour crimes contre l’humanité, a en effet bénéficie d’une autorisation de sortie de 60 jours. Il a rejoint dans la soirée sa femme et ses proches à leur domicile dakarois, où il est placé en résidence surveillée. Un domicile qu’il ne pourra quitter que « sur autorisation et pour une visite médicale », précise le colonel Jean-Bertrand Bocandé, directeur de l’administration pénitentiaire sénégalaise.

Particulièrement vulnérable

Signée par le juge d’application des peines Babacar Ndiaye Fall ce lundi, l’autorisation de sortie répond à la demande de libération déposée par les avocats de Hissène Habré le 26 mars. « La prison est un milieu qui présente de réels risques de contamination par le virus et [Hissène Habré], d’un âge avancé, est particulièrement vulnérable », mentionne l’ordonnance de sortie, que Jeune Afrique a pu consulter.

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Depuis le 23 mars, afin d’éviter d’en faire un foyer de propagation du Covid-19, la maison d’arrêt avait été vidée de tous ses occupants à l’exception de l’ex-président tchadien, aujourd’hui âgé de 77 ans. Depuis quelques jours cependant, elle accueillait de nouveaux individus placés sous mandat de dépôt. « La venue de nouveaux arrivants en détention, en cette période de crise sanitaire, augmentait les risques », explique le colonel Bocandé. 

Sortie sous escorte

Le 1er avril, Clément Abaïfouta, le président de l’Association des victimes des crimes du régime de Hissène Habré (AVCRHH) avait lancé un avrtissement : « La crise sanitaire ne doit pas servir d’excuse à la libération anticipée de Hissène Habré. » Une inquiétude face à laquelle l’administration pénitentiaire sénégalaise précise, dans un communiqué, qu’« il ne s’agit pas d’une libération mais d’une sortie sous escorte pénitentiaire ». 

Depuis plusieurs mois déjà, la santé de Hissène Habré faisait l’objet d’une querelle entre l’administration pénitentiaire et la famille du condamné. L’épouse de ce dernier accusait ainsi l’administration carcérale de refuser l’accès aux soins à son mari, qui s’était, selon elle, fracturé le bras lors d’une chute en novembre 2019. Mais jusqu’ici, l’autorité judiciaire a estimé que Hissène Habré se portait bien.

« Nous ne pouvons que croire le gouvernement sur parole sur le fait qu’il ne s’agisse que d’une mesure temporaire pour protéger la santé de Habré », a réagit Reed Brody, défenseur des victimes et avocat pour l’ONG Human Rights Watch.

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« Sa libération anticipée violerait non seulement les règles de la Cour africaine qui l’a condamné, mais aussi l’obligation du Sénégal de réprimer de manière effective ces crimes, comme l’a indiqué clairement le Comité des Nations unies contre la torture », a-t-il ajouté.

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