Mohammed Bachir Rachdi : « Le Maroc doit veiller à la cohérence de ses stratégies »

S’il n’appelle pas à l’abandon pur et simple des plans sectoriels, Mohammed Bachir Rachdi plaide pour des politiques transversales plus ambitieuses, au Maroc.

Mohammed Bachir Rachdi est coauteur du rapport du Conseil économique, social et environnemental (Cese) ‘Cohérence des politiques sectorielles et des accords de libre-échange’. © Hassan Ouazzani pour J.A.

Mohammed Bachir Rachdi est coauteur du rapport du Conseil économique, social et environnemental (Cese) ‘Cohérence des politiques sectorielles et des accords de libre-échange’. © Hassan Ouazzani pour J.A.

Publié le 10 juin 2014 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Au Maroc, les stratégies d’émergence se sont multipliées depuis dix ans (industrie, tourisme, agriculture, etc.). Ont-elles atteint leurs objectifs ?

Mohammed Bachir Rachdi : Pas vraiment. Et, au-delà des objectifs chiffrés, le rapport que nous avons publié au Conseil économique, social et environnemental [Cese] met en relief le manque de cohérence de stratégies économiques conçues « en silo ». L’insuffisante coordination de ces politiques leur a fait perdre en efficacité et en effet d’entraînement global. Si ces stratégies n’atteignent pas leur plein potentiel, c’est aussi à cause de leur déconnexion par rapport à notre stratégie commerciale. Le royaume a signé des accords de libre-échange avec plus de 54 pays, représentant plus de 1 milliard d’habitants et beaucoup de consommateurs à fort pouvoir d’achat. Malheureusement, l’offre Maroc n’a pas été mise en perspective avec la politique d’ouverture commerciale menée depuis les années 1990.

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Tout l’enjeu consiste à créer des mécanismes de coordination, sans revenir à l’approche Plan, qui comporte trop de rigidités.

Au lieu de multiplier les stratégies verticales, secteur par secteur, l’État ne devrait-il pas concentrer ses efforts sur des politiques horizontales ?

Il s’agit en effet de l’une des recommandations que préconise le Cese. Le Maroc a encore besoin de politiques transversales ambitieuses, ayant pour objectif d’améliorer le climat des affaires, de développer des infrastructures essentielles, d’adapter la formation aux besoins économiques, de simplifier la réglementation, etc. Mais, pour autant, cela ne veut pas dire qu’il faut délaisser les stratégies sectorielles. Bien au contraire, nous devons mieux les articuler et mutualiser les ressources rares, notamment le foncier, l’énergie, l’eau, etc.

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Faut-il créer un ministère de la Stratégie, voire revenir au Plan ?

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Absolument pas. Tout l’enjeu consiste à créer des mécanismes de coordination, sans revenir à l’approche Plan, qui comporte trop de rigidités. Il y a mieux à faire. Par exemple, nous préconisons la création d’un comité interministériel chargé d’assurer, dans la durée, la cohérence des stratégies. Nous pensons qu’une conférence gouvernementale annuelle doit être instituée pour faire les arbitrages nécessaires, au moment de la préparation de la loi de finances.

Par ailleurs, nous recommandons la mise en place d’une cellule de veille et d’intelligence économique, auprès du chef du gouvernement, pour concevoir et accompagner la mise en oeuvre de toutes les politiques sectorielles.

Propos recueillis par Youssef Aït Akdim

Mohammed Bachir Rachdi est coauteur du rapport du Conseil économique, social et environnemental (Cese) « Cohérence des politiques sectorielles et des accords de libre-échange ».

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